Selon un classement des principales menaces pour l'économie mondiale effectué par un cabinet d'analyse et de prévision britannique, Economist Intelligence Unit (EIU), une présidence de Donald Trump est placée, au sixième rang, sur la liste des dix menaces mondiales. Sous sa magistrature suprême, les experts mettent l'accent sur les risques de déstabiliser l'économie mondiale, de pourrir davantage l'environnement politique international et d'aggraver l'insécurité aux Etats-Unis et à travers le monde. Dans un tel scénario, l'étude en question affirme que l'illustre et non moins fantasque magnat de l'immobilier serait aussi dangereux que la montée du terrorisme islamique. Donald Trump est un personnage atypique, insaisissable et imprévisible. Il adore prendre tout le monde à contre-pied, partisans et adversaires. Ses funestes sorties médiatiques sur les femmes, les médias, la migration, le terrorisme, les armes, l'environnement et la politique extérieure font froid au dos. Dans sa marche vers la Maison Blanche, l'obscur candidat prend un malin et non moins malsain plaisir à défrayer la chronique et à se donner en sulfureux spectacle. Sa campagne électorale tourne au festival du narcissisme. Rien qu'un ramassis d'invectives, de phrases choc, de bras de fer, de plans de guerre et de leitmotivs racistes et sexistes. A-t-il un programme ? Une vision ? Que nenni ! Le milliardaire new-yorkais n'en a cure. Il joue sur les mots et sur les peurs, il agite un épouvantail au lieu de brandir un programme. Un tissu de faux ennemis et de cibles montées de toute pièce pour cacher sa nudité intellectuelle et son indigence politique. Son slogan de campagne « Make America Great Again! » (Redonner à l'Amérique sa grandeur), autrement dit « l'Amérique d'abord », comme il aime brailler, recèle des velléités à la fois impérialistes et isolationnistes. Le rêve de grandeur que le trublion martèle sans dire comment le concrétiser. Il veut que les Etats-Unis commandent le monde, dans une logique d'empire, occultant d'un coup la mutation géopolitique mondiale, la montée d'autres puissances économiques et la nouvelle donne internationale. Il n'est plus dans la culture des axes, chère aux américains, mais dans l'égocentrisme et la quête d'hégémonie. Il surfe sur les angoisses de la classe moyenne blanche américaine, son électorat potentiel, au mépris des autres américains (noirs, latinos, musulmans). Dans une Amérique puritaine, rongée par la peur d'aujourd'hui et l'incertitude de demain, où le scrutin est avant tout une histoire de gros sous, le discours de Donald Trump trouve paradoxalement un écho. Il fait de l'outrance et de la provocation son cheval de bataille et son fer de lance. Sa popularité croit à mesure qu'il augmente la tonalité abusive et démagogique de son langage. Bref, le candidat spectacle supplante le candidat programme. La politique spectacle étant dans l'ADN de la classe politique américaine. Bonne pioche pour Donald Trump ! Même au sein du parti républicain, dont il concourt à l'investiture, il n'est pas vraiment en odeur de sainteté, les pontes se refusent à s'afficher avec le candidat aux primaires républicaines, dont d'aucuns pensent même qu'une victoire du bulldozer signerait l'arrêt de mort de leur parti. Une vraie foire d'empoigne ! Ses principaux détracteurs républicains comptent sur le second tour des primaires (en cas où « The Donald » n'obtient pas la majorité au premier scrutin) et l'affranchissement des électeurs de leur engagement de vote au premier tour, pour le débarquer. Ce scénario, qui reste envisageable, peut d'une part damer les pions à Donald Trump, et d'autre part, faire le lit à d'autres candidats républicains, jusqu'ici à la traine dans la course à l'investiture. Et quand bien même il gagne les primaires républicaines, il n'a aucune chance face à la candidate démocrate, Hilary Clinton, que tous les sondages d'opinions donnent vainqueur. Donc, s'il sort indemne face au peloton d'exécution républicain, le scrutin national lui sera fatal. Et Donald Trump le sait très bien, à en juger par les attaques personnelles au vitriol contre la candidate démocrate. Il fait feu de tout bois contre sa rivale, il ne cesse de lui lancer des boulets rouges à tout-va et à tue-tête. A en juger : Hilary Clinton est une « menteuse de première classe ». De son avis, elle est » la personne la plus corrompue à s'être jamais présentée à la présidence ». Et cerise sur le gâteau, » Comment peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son mari ? « . Le bougre, il n'y va pas de main morte. Il ne s'agit pas là de faire l'apologie de Hilary Clinton, loin s'en faut, mais de montrer la misère morale et la culture misogyne de Donald Trump. Tout compte fait, en matière de politique extérieur, Hilary Clinton n'est qu'un Donald Trump en jupon.