L'extension du spectre des affrontements armés opposant les deux principaux camps en présence en Libye, touchant le sud du pays, prédit d'une guerre civile imminente eu égard à la gravité de la situation. Longtemps épargné des tiraillements militaires, le sud était placé sous le contrôle des Brigades de Misrata, dont le règne a commencé à être contesté par les populations locales. Aujourd'hui, cette région qui renferme des gisements pétroliers et ouvre l'accès aux frontières de six pays africain donc au florissant commerce de contrebande, est le théâtre de convoitise entre les principaux protagonistes libyens. D'une part, les groupes armés de Fajr Libya (Aube de Libye), dominés par Misrata et soutenu par le gouvernement d'Entente nationale reconnu par la communauté internationale et l'Armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar allié au Parlement libyen installé dans l'Est du pays, d'autres part. Comme le processus politique dans le pays est en panne en raison de entêtement des différentes parties en présence, c'est la voie militaire qui semble être privilégiée pour en découdre avec les divergences qui persistent entre les Libyens. Ainsi dans la recherche effrénée par chaque partie de dividendes pour se positionner en force sur l'échiquier politique et militaire, les différents camps se sont lancés dans une course effrénées pour prendre le contrôle du maximum de territoire. En févier, des groupes armés d'obédience islamistes avaient lancé une offensive contre les installations pétrolières dans la région du Croissant pétrolier dans l'Est de la Libye sous contrôle des troupes de Haftar. Sans dépendre directement du camp du gouvernement d'Entente nationale, ces assaillants ont bénéficié d'un soutien indirect notamment le silence des membres du gouvernement qui cherchent à déposséder Haftar de l'un de ses atouts majeurs, à savoir le contrôle des richesses pétrolières. Depuis que Haftar a pris le contrôle de cette région abritant les principaux ports pétroliers destinés à l'exportation du brut en novembre 2016, il s'est retrouvé en position de force et dicte ses conditions au gouvernement d'Entente dirigé par Fayez Al-Sarraj. On se rappelle que début 2017, Khalifa Haftar a refusé de rencontrer au Caire en Egypte, le président du Conseil présidentiel libyen, Fayez al-Sarraj, conforté par sa position de dominant sur le terrain. C'est dans ce cadre que Khalifa Hatar a lancé début avril ses troupes à l'assaut du Sud pour déloger les Brigades de Misrata. L'offensive a été menée contre la base militaire de Temenhent à Sebha , donnant le signal à la guerre de la reconquête du Sud pour les partisans de Haftar, plus que jamais convaincus que seule la force pourrait mettre fin à la crise et à l'état de division que connaît le pays. Khalifa Haftar et ses lieutenants ont à maintes reprises fait agiter ces derniers temps l'épouvantail de la guerre pour libérer Tripoli des milices et groupes armés qui sèment l'insécurité dans la capitale libyenne. Le Premier ministre Abdallah Al-Theni a soutenu cette thèse en soulignant que seule la force militaire était à même de trancher dans le conflit armé qui secoue le pays. Les affrontements qui se poursuivent avec arrachement entre les deux camps à Sebha a attisé les tensions dans le pays où les tribus et groupes armés ont commencé à se positionner en soutenant tel ou tel camp. Une situation qui a favorisé la recrudescence de la violence et les signes d'un embrasement généralisé dans le pays. Plusieurs analystes libyens ont vu dans cette escalade de la violence , les préludes d'une guerre civile devenue inéluctable en Libye à la lumière de l'incapacité des Libyens à s'asseoir sur la table des négociations pour trouver une issue politique pacifique à leurs problèmes. Les forces armés relavant de Haftar ont pris l'avantage sur le terrain par rapport aux troupes du gouvernement d'Entente nationale dans la ville de Sehba ce qui a poussé le Conseil présidentiel à demander l'intervention des organisations internationales pour parer à la situation. Cet appel a été perçu par le camp de Haftar comme une incitation à une ingérence extérieure dans le pays et crié à la traîtrise. Toutefois, les risques d'une guerre civile n'ont jamais été aussi évident et le basculement du pays dans le chaos est devenu une réalité palpable au regard de la persistance de la crise et de l'impasse politique que connait le processus politique.