Tout le monde le pressentait un peu. Mais, là, çà se précise encore un peu plus. On est bel et bien en pleine période de fin de règne. Une période où on ne sait plus ce qu'on fait. Une période où n'importe qui fait n'importe quoi, et où l'un défait ce que l'autre fait, pour une raison ou pour une autre, et parfois, pas pour la bonne raison. C'est, du moins ce qui ressort de la mascarade de la nomination d'un directeur général à la tête de l'office national de la famille et de la population, relevant du ministère de la santé. Tout d'abord, il faudrait rappeler que cet Office demeure, avant tout, un monument, un emblème national. Il se dresse en incarnation de la politique d'avant garde tunisienne, en matière de santé, d'encadrement de la femme et de la famille, d'émancipation de la femme, de son éducation à la santé, de la prise en main de sa destinée... Et on en passe. Le tout sous l'impulsion de l'immortel Habib Bourguiba. Par ailleurs, il est déplorable que ce monument soit resté, depuis des mois, sans direction et pratiquement à l'arrêt. Et ce, depuis la promotion de son ancienne directrice générale, docteur Sonia Ben Cheikh, au poste de secrétaire d'Etat à la santé. Ce vide a donné l'opportunité à plus d'un, et à plus d'une, de prétendre au poste. Et Dieu sait s'il n'y en pas eu de prétendants et de prétendantes. Des inconnus, des incompétents, qui n'en finissaient pas de frapper à toutes les portes, pour pouvoir accéder à ce Graal. Car l'ONFP constitue bien un Graal, pour certains, avec son statut de structure indépendante et son budget colossal géré de façon indépendante, avec les donations et subventions qu'il obtient de toutes parts, qui n'ont pas fini de faire baver des bouches avides. Puis, un beau jour, à la faveur d'un début de weekend, voilà qu'on nous informe de l'installation de Sadok Korbi à la tête de cet Office. Comme çà, en deux lignes sur les sites d'information, dans le but, peut-être, de faire passer « la pilule » en douceur. Car Imed Hammami, pensait avoir bien calculé son coup, mais redoutait, tout de même, « certaines » réactions. Ils ont, donc, choisi Korbi, un islamiste-né, recyclé du temps de Ben Ali, en ministre, puis tombé en disgrâce, un certain janvier 2011 et qu'Ennahdha trouvait beaucoup de peine à protéger, pour ne pas lui griller sa couverture d'ancien RCD. Le tour semblait donc joué. Mais c'était sans compter sur l'acharnement de Youssef Chahed. Il faut dire que Hammami comptait mettre son patron devant le fait accompli, escomptant qu'il n'oserait pas contredire les décisions de la super puissante Ennahdha, surtout, en ces jours de disette, où Chahed est à la recherche désespérée, du moindre soutien politique. Et pourtant, Chahed l'a fait. Il a refusé de signer le décret de la nomination de Sadok Korbi et désigna à sa place Rafla Tej Dallegi. Il faut, aussi, dire que Chahed avait l'opportunité de répondre aux soutiens de Korbi que sa nomination avait suscité une grande campagne de protestations sur les réseaux sociaux, et parmi les professionnels de la santé. Il a, donc, osé, discréditer son ministre et annuler sa décision. Quoique certains prétendent que Sadok Korbi n'aurait jamais pu être installé à ce poste, sans l'accord préalable du chef du gouvernement. Nous sommes donc en pleine mascarade, dans tous les cas de figure. Que le ministre ait choisi son collaborateur et que son patron l'ait discrédité, ou que le chef du gouvernement ait été au courant de cette désignation et qu'il a dû faire marche arrière. Ce qui demeure néanmoins intrigant, dans toute cette histoire, c'est la célérité avec la laquelle il y a eu remplacement de Korbi par le Dr Rafla Dallegi Tej. Car si Chahed était furieux contre la décision de Hammami, il aurait pu prendre son temps pour choisir, plus longuement, son candidat. Ou, alors, est-ce qu'il avait, déjà, sur le bureau le CV de Rafla Dallegi ? Dans ce cas, sachant que Rafla Tej Dallegi, est très proche de « la famille », serait-elle, la cause du revirement de Chahed, qui aurait été furieux que Hammami lui ait soufflé, sous le nez, un poste qu'il réservait, à une personne proche ? Il est à noter que le poste de directeur général de cet Office était toujours occupé par un médecin universitaire vu que l'ONFP renferme un centre international de recherche et de formation. Aux dernières nouvelles, il paraîtrait que le CV de Rafla Tej Dallegi ne lui permettrait pas d'accéder à ce poste, étant donné qu'elle n'est pas médecin universitaire.