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Par Mohamed Salah Ben Ammar : Le péché originel d'un quinquennat raté
Publié dans Tunisie Numérique le 26 - 06 - 2019

Par Mohamed Salah Ben Ammar; Médecin et ancien ministre de la Santé
Dans les démocraties, le premier responsable du pays, le chef de l'Etat, plus que tout autre doit assumer son bilan en temps réel. Certains diront, à juste titre, que l'histoire ne peut pas s'écrire au jour le jour. Certes, mais la lourdeur de la charge de cette fonction impose une évaluation quasi permanente des actions, il y va de l'intérêt supérieur du pays. Que retiendra l'histoire du quinquennat 2014-2019 ?
Nul ne contestera le fait que la situation de la Tunisie aujourd'hui est moins bonne qu'il y a trois ou cinq ans. Quel que soit la limite qu'on s'impose, les dernières années ont jeté une chape de plomb sur l'économie, la vie politique et sociale du pays.
On perçoit chez nos concitoyens une profonde colère intériorisée qui ne demande qu'à s'exprimer à la moindre occasion. La déception et le dégoût même envers la classe politique se sont bien exprimés au cours les dernières élections municipales par un vote de contestation. Ouvrier ou professeur d'université, les mots utilisés sont toujours les mêmes pour évaluer le rendement de ceux qui dirigent le pays depuis cinq ans: l'avenir de nos enfants n'est plus assuré, on n'y arrive plus, les fins de mois sont difficiles, le kilo de viande est à 27 dinars...
Le fait est que le quotidien de nos concitoyens s'est dégradé de manière considérable ces dernières années. Les mêmes mots reviennent, pourquoi aller voter ? Ils combinent ensemble là-haut pour leurs intérêts. Voilà pour ce qui est du constat.
Au lendemain des élections de 2014 et malgré la conscience du risque du vote utile, un réel espoir était né. La situation était difficile mais des élections exemplaires avaient dégagée une majorité, certes étriquée, mais une majorité tout de même. Tous les espoirs étaient permis. La situation économique s'était améliorée en 2014 et nous avions un espoir de stabilité avec un président élu, garant de la constitution. Que s'est-il passé par la suite ? Qu'avons-nous vécu en tant que simples citoyens? Une chute aux enfers.
Je ne peux pas imaginer qu'un président, quasiment sûr d'être élu ait attendu la dernière minute pour penser aux potentiels chefs de gouvernements. Certes des noms ont circulé, certains d'entre eux auraient refusé d'assumer cette charge. Ils l'ont dit par la suite, les raisons de leurs refus sont celles qui ont conduit aux échecs actuels. Ils avaient compris avant les autres.
Le président élu ne pensait qu'à contourner la Constitution pour installer à la présidence du gouvernement un fidèle obéissant et loyal sans la légitimité des urnes. Dès lors, comment pouvait-il assurer son rôle de chef de la majorité ? La suite le prouvera, c'était une faute. L'opinion publique a vécu les semaines de tractations avec un certain scepticisme, pour enfin nous annoncer un premier puis un second et enfin un troisième gouvernement pléthorique. Les 100 jours de réformes sont devenus 100 jours de cafouillage. Sans programme, ni vision, ni majorité réelle les remaniements se succéderont pour finir sur un procès sur la place publique de Monsieur Habib Essid, puis sa destitution par le comité des 13, présidé par son futur successeur, Monsieur Youssef Chahed.
Ce n'était pas une fatwa mais presque. En fait les intrigues et les manœuvres n'avaient jamais cessé depuis le premier jour de sa prise de fonction.
En procédant ainsi quelles étaient les intentions du président et de ses proches collaborateurs? A priori ils avaient pour devise « Le pouvoir souverain exclut tout partage ».
Garder la main sur le pouvoir quitte à s'allier initialement avec le parti islamiste, alors qu'il avait été élu parce qu'il était perçu comme un rempart contre l'islamisme.
La réalité à mon avis est qu'ils n'ont jamais fait leur deuil du régime présidentiel. Résultat des courses, une cohabitation prématurée, une instabilité gouvernementale, un parlement caméléon et une gestion des affaires du pays au jour le jour, donc une impossibilité d'entreprendre les réformes nécessaires.
La suite sera encore pire. Toujours suivant le même modus operandi, un ovni politique est désigné chef d'un gouvernement d'union nationale. Lui aussi jamais élu, pas même au sein de son parti. Sans programme, il va multiplier les remaniements et les recompositions pour in fine dévoiler ses vraies intentions, fonder un mouvement de l'intérieur du gouvernement avec des ministres issus des partis du GUN. Son opposition à son parti d'origine est à inscrire dans les annales de la vie politique. Ses bouderies médiatisées vis-à-vis du président de la république se sont multipliées avec l'approche des élections. Il avait le choix entre durer ou réformer. Il a choisi de durer en s'alliant aux islamistes et de ne pas réformer.
C'est ce que voulaient les islamistes qui dirigent le pays en coulisse ? Ils espèrent que le pouvoir leur tombe un jour entre les mains comme un fruit mûr. Les deux parties savaient pertinemment qu'elles ne pouvaient être d'accord sur rien, mais elles ont préféré le pouvoir aux intérêts supérieurs du pays. La fameuse stabilité a généré une instabilité chronique. Le fait est qu'en trois ans aucune réforme de fond n'a été entreprise. Faut-il revenir sur les 63 points de Carthage 2 ? Balayés du revers de la main pour sauver le point 64. Voilà à quoi tient notre avenir.
La faute du président ? Celle d'avoir mal évalué la situation. Il a maladroitement manœuvré dans une période cruciale de notre histoire. Il voulait rééquilibrer les pouvoirs institutionnels, on peut l'admettre, mais dans ces conditions il avait une obligation de résultat. Tous savaient qu'il n'avait pas les moyens de mener à bien cette réforme. Quoiqu'il dise, les ovnis qu'il a soutenus et en particulier son fils ont joué un rôle destructeur dans une vie politique encore fragile dans une démocratie naissante. Ils ont échoué et ont fait perdre au pays cinq précieuses années.
Nous n'étions pas prêts pour une cohabitation par définition toujours problématique. Un parti islamiste qui gouverne en sous-main, un président du gouvernement non élu entouré de stagiaires assoiffés de pouvoir, des partis politiques implosés de l'intérieur, un parlement totalement incohérent et un président de la république qui essaye de se remettre au centre de l'échiquier politique, voilà où nous en sommes aujourd'hui. Dès lors, pourquoi s'étonner devant la situation catastrophique que vit le pays ?
Aujourd'hui on attaque une étape cruciale. Les ingrédients qui ont conduit à la situation actuelle sont toujours là. Trop d'attention est accordée aux présidentielles par rapport aux législatives. L'effet d'image et l'affect prennent le dessus sur les programmes. Le populisme prolifère. Tous parlent de programmes, tous promettent de le divulguer durant la campagne électorale mais aucun projet réel de réforme courageuse n'est mis sur la table et sauf miracle, les élections législatives ne dégagerons pas de majorité absolue au parlement. Le prochain président sera issu d'un parti minoritaire, il devra négocier et s'allier. Dans cette configuration tôt ou tard l'affrontement entre les pouvoirs parait inéluctable. Il sera autrement plus violent que l'actuel. Sachons retenir les leçons du passé.
Neuf ans d'errements c'est trop. Nous sommes dans un régime parlementaire et le chef du gouvernement doit être le chef de la majorité et il doit être un politique élu et non un simple exécutant. Cela doit être ainsi jusqu'à nouvel ordre, sinon nous allons droit vers le chaos.
Mohamed Salah Ben Ammar; Médecin et ancien ministre de la Santé
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