Un vide politique comble la scène tunisienne. Après le départ de Ben Ali, suite à une révolution populaire et la prise du pouvoir par le premier ministre Mohamed Ghannouchi, plusieurs parties tunisiennes ont dénoncé la passation du pouvoir anticonstitutionnelle. Selon l'article 57 de la constitution de la République Tunisienne, en cas de vacance du Président de la République pour cause de décès, de démission ou d'empêchement absolu, le Conseil constitutionnel se réunit immédiatement et constate la vacance définitive à la majorité absolue de ses membres. Il adresse une déclaration à ce sujet au président de la Chambre des conseillers et au président de la Chambre des députés qui est immédiatement investi des fonctions de la Présidence de L'Etat par intérim, pour une période variant entre quarante cinq jours au moins et soixante jours au plus. Si la vacance définitive coïncide avec la dissolution de la Chambre des députés, le président de la Chambre des conseillers est investi des fonctions de la Présidence de l'Etat par intérim et pour la même période. Pour cette unique raison et après lecture de la lettre qui lui a été adressée par le Premier ministre, en date du 15 janvier 2011 et après avoir pris connaissance des dispositions de l'article 57 de la Constitution concernant la vacance de la Présidence de la République, le président du Conseil constitutionnel délègue le pouvoir au président du Conseil des députés Foued Mebazza. Fouad Mebazaâ , né le 15 juin 1933 à Tunis, est l'un des partisans du régime du dictateur Ben Ali qui a béni tout le long de sa présidence de la Chambre des députés (président de la Chambre des députés depuis le 14 octobre 1997) la politique adoptée par Ben Ali, le président, qui est arrivé dans la nuit en Arabie saoudite . La passation du flambeau à l'un des fidèles du président enfui Ben Ali s'inscrit-elle dans la continueté de l'ancien régime? Les jours à venir seraient-ils capables de nous fournir d'amples informations sur cette affaire. La question reste ouverte… Il est à noter que ce nouveau rebondissement, samedi, s'est produit au moment où des manifestations et des marches ont commencé dans des villes de province pour réclamer le départ de Mohammed Ghannouchi dont la présence à la tête de l'Etat n'aura duré que moins de 24 heures. Ces marches se déroulaient en dépit de l'état d'urgence qui interdit tout rassemblement sur la voie publique .