D'après les statistiques du ministère de l'agriculture, chaque année entre 1,4 et 1,5 million de tête d'ovins sont mis à la disposition de la population pour le sacrifice de l'Aïd El Idha, contre des besoins estimés à 950.000 têtes. Selon les données d'une enquête de l'Institut national de la consommation (INC) réalisée en 2018 en partenariat avec l'organisation de la défense du consommateur (ODC), 32% des consommateurs achètent le mouton de l'Aïd pour des considérations « religieuses », 40% par « tradition » et 28% pour faire « plaire aux enfants ». 75% déclarent qu'ils financent l'achat du mouton par le « salaire », contre 35% qui assurent qu'ils comptent sur « l'épargne » et pour 12% des interviewés, l'achat se fait par « facilité ». En revanche, 23% des consommateurs affirment qu'ils renoncent souvent au sacrifice en raison de la cherté du mouton. L'enquête de l'INC montre, entre autres, que les dépenses supplémentaires générées par l'Aïd El Idha s'élèvent en moyenne à 110 dinars par ménage (hors sacrifice du mouton). Evidemment, cette année la donne a changé. L'Union des Agricultures indique qu'il a été convenu d'adopter un prix de référence unifié pour les moutons vivants de l'ordre de 13 dinars/kg soit une légère hausse par rapport à l'année dernière ce qui correspond à un prix moyen d'au moins 600 dinars, tête. L'Union a certes oublié qu'avec une hausse des prix et un pouvoir d'achat en chute libre, il est fort probable que la consommation chute drastiquement au point de mettre en péril la pérennité de la filière ovine surtout les petits éleveurs majoritaires. Une filière qui souffre, sous silence total des autorités de tutelle et de l'union, de la spéculation sur les intrants de tout genre, fourrages, médicaments vétérinaires, etc. Cette année les vendeurs ont de moins en moins le sourire, car il est presque sûr que la population va bouder leurs produits par manque de moyens engendré par la perte d'emploi d'environ un million de tunisiens. Encore une saison de consommation ratée à des moments extrêmement difficiles où les ménages tunisiens, souffraient déjà d'une hausse inédite des prix et qui a touché tous les biens de consommation, notamment l'électricité, l'eau et les dépenses quotidiennes.
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