La Société Tunisienne de Sucre (STS), un pilier de l'industrie agroalimentaire du pays, traverse une période critique. Avec une consommation annuelle de sucre par habitant atteignant environ 30 kg, la Tunisie dépend de l'importation pour satisfaire ses besoins, qui dépassent de loin la capacité de production locale. En 2022, l'usine de raffinage n'a produit que moins de la moitié des besoins nationaux, forçant le pays à importer 244 100 tonnes de sucre pour un coût de 414 millions de dinars. En 2023, cette situation s'est aggravée avec des importations atteignant 370 200 tonnes pour 713,6 millions de dinars. Face à ces chiffres alarmants, il est impératif d'explorer des solutions pour revitaliser cette industrie. La STS : état des lieux La Société Tunisienne de Sucre (STS) est une entreprise publique fondée en 1960, spécialisée dans l'extraction de sucre de betterave et le raffinage du sucre roux. Actuellement, sa capacité de production annuelle est d'environ 180 000 tonnes. En 1999 elle a arrêté l'extraction de sucre de betterave et elle a limité son activité au raffinage du sucre brut avec une capacité de 170 000 tonnes par ans. Cependant, la quantité de sucre réellement produite et destinée à la commercialisation locale varie entre 92 000 et 160 000 tonnes, ce qui indique que la STS ne parvient pas toujours à répondre aux besoins nationaux. En 2022, l'usine de raffinage n'a produit qu'environ la moitié des besoins nationaux en sucre, ce qui a conduit l'Office du commerce à importer 244 100 tonnes de sucre blanc raffiné pour un coût de 414 millions de dinars. En 2023, les importations ont presque doublé, atteignant 370 200 tonnes de sucre blanc raffiné pour un montant de 713,6 millions de dinars. La situation est exacerbée par l'interdiction récente du ministère de l'Agriculture de cultiver la betterave sucrière pour la campagne 2023-2024 dans les périmètres irrigués publics, en raison des préoccupations concernant les ressources hydriques. Cette décision signe l'arrêt de l'usine de Jendouba (GINOR) seule usine encore en activité et spécialisé dans l'extraction de sucre de betterave (sucre entièrement produit localement et non à partir de raffinage de sucre roux importé) Modernisation des infrastructures Pour redresser la situation, une modernisation des infrastructures et des pratiques agricoles s'avère nécessaire. Les usines tunisiennes, comme celle de Jendouba (GINOR), ont besoin d'une superficie cultivable d'au moins 4 500 hectares pour fonctionner à pleine capacité. Actuellement, les surfaces emblavées en betterave à sucre ne dépassent pas 1 800 hectares par campagne. En augmentant cette superficie, non seulement la production locale pourrait être améliorée, mais cela permettrait également de réduire la dépendance aux importations. La mise en œuvre de techniques agricoles modernes et durables pourrait également contribuer à augmenter les rendements, qui se situent actuellement entre 60 et 70 tonnes par hectare. Soutien gouvernemental Le rôle du gouvernement est crucial dans ce processus. Actuellement, le ministère de l'Agriculture a interdit la culture de la betterave sucrière pour la campagne 2023-2024 dans le périmètre irrigué public en raison de la rareté des ressources hydriques. Cependant, une réévaluation de cette politique est nécessaire pour encourager les producteurs à investir dans cette culture stratégique. Des incitations financières et techniques pourraient être mises en place pour soutenir les agriculteurs dans l'extension des surfaces cultivées et l'adoption de pratiques plus efficaces. Il est possible d'instaurer une protection douanière pour protéger l'agriculture et l'industrie de production de sucre de betterave comme c'est le cas en Europe et dans tous les pays producteurs de sucre. Lors de sa visite à la STS le 05 / 12 /2023 . Le président de la République a donné ses instructions pour que la STS revient à l'activité d'extraction de sucre de betterave . Cette instruction n'est pas exécutée . On se demande qui s'oppose à cette volanté , pourquoi et dans l'intérêt de qui ? Pourquoi certains décideurs encouragent l'importation de sucre blanc raffiné et s'opposent à produire le sucre à partir de la betterave ou à raffiner localement le sucre roux . Des pays comme l'Egypte, l'Algérie et le Maroc n'importent plus de sucre blanc et encouragent la production locale . L'Algérie impose un droit de douane de 30% sur le sucre blanc. Le Maroc réserve chaque année 65 mille hectares à la culture de la betterave à sucre. L'Egypte a produit l'année dernière un million huit cents milles tonnes de sucre de betterave et un million de tonnes de sucre de canne ce qui représente 95% de la consommation locale de l'Egypte en sucre blanc . Parallèlement, un soutien accru à l'innovation dans le secteur du raffinage pourrait améliorer la compétitivité des produits tunisiens sur le marché. Valorisation des produits locaux Il est essentiel d'encourager les consommateurs tunisiens à privilégier les produits locaux. En valorisant le sucre tunisien, non seulement on stimule l'économie locale, mais on contribue également à créer des emplois dans les régions productrices. L'exemple du Maroc, où la culture de la betterave sucrière couvre environ 65 000 hectares et produit près de 26 % des besoins nationaux en sucre, montre qu'une stratégie bien pensée peut porter ses fruits. La revitalisation de la société tunisienne de sucre nécessite une approche globale alliant modernisation, soutien gouvernemental et engagement citoyen. En adoptant ces mesures stratégiques, la Tunisie peut espérer réduire sa dépendance aux importations tout en renforçant son secteur agroalimentaire essentiel. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!