Dans un geste révélateur des tensions croissantes entre Israël et le Vatican, le ministère israélien des Affaires étrangères a supprimé mardi plusieurs messages de condoléances publiés sur ses réseaux sociaux à l'occasion du décès du pape François, décédé à l'âge de 88 ans. Ces publications, diffusées via les comptes officiels de la diplomatie israélienne sur X (ex-Twitter), comportaient notamment la mention « Repose en paix, pape François. Que sa mémoire soit bénie », mais ont rapidement été retirées. Selon la Jerusalem Post, cette suppression a été motivée par la crainte de réactions internes hostiles, en raison des nombreuses prises de position critiques du souverain pontife à l'égard de la guerre à Gaza. Un haut responsable du ministère aurait déclaré que ces messages avaient été « publiés par erreur », ajoutant qu'Israël avait déjà « répondu à ses critiques de son vivant et qu'il n'était pas nécessaire de poursuivre après sa mort ». Une consigne claire aurait ensuite été donnée à l'ensemble des ambassades israéliennes à travers le monde : effacer toute publication ou réaction officielle concernant la mort du pape, sans fournir d'explication publique. La consigne, relayée par Yediot Aharonot, s'accompagnait d'un ordre strict : « aucune déclaration, aucun hommage ne doit être maintenu ». Cette manœuvre embarrassante a déclenché des remous au sein même du corps diplomatique israélien. Plusieurs ambassadeurs ont exprimé leur inquiétude dans des groupes WhatsApp internes du ministère. « En supprimant un simple message de condoléances, nous risquons de nuire gravement à l'image d'Israël, notamment auprès des centaines de millions de catholiques dans le monde », a averti l'un d'eux. Un autre diplomate a pointé l'incohérence de l'attitude officielle : « Tout le monde comprend que ce retrait n'a qu'une seule raison : les critiques du pape envers la guerre à Gaza ». La Maariv a par ailleurs rappelé les déclarations du pape François en décembre 2024, qualifiant les bombardements israéliens sur la bande de Gaza de « barbarie » et dénonçant la situation humanitaire dans l'enclave palestinienne comme « honteuse ». Dans un contexte de forte crispation diplomatique, l'ex-ambassadeur d'Israël en Italie, Dror Eydar, est allé plus loin, estimant qu'« Israël ne devrait même pas assister aux funérailles du pape si nous avons un minimum de dignité nationale ». Il a comparé François au pape Pie XII, surnommé « le pape du silence » durant la Shoah, et accusé le souverain pontife défunt d'avoir contribué à la montée de l'antisémitisme par ses critiques répétées d'Israël. Ce nouvel épisode s'inscrit dans un climat de raidissement du discours officiel israélien sur la scène internationale. Une attitude perçue par plusieurs observateurs comme le signe que l'arrogance des responsables israéliens devient de plus en plus visible et moins compatible avec les usages diplomatiques classiques, au risque d'aliéner certains partenaires historiques de l'Etat hébreu. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!