Le Temps-Agences - Le pape Benoît XVI a plaidé pour une paix entre Israéliens et Palestiniens basée sur deux Etats et fermement condamné l'antisémitisme en entamant hier sa première visite en Israël. A propos de la paix entre Israéliens et Palestiniens, le pape a notamment déclaré : "Je plaide, avec tous les responsables, pour un examen de chaque voie possible vers une résolution juste des difficultés considérables afin que les deux peuples puissent vivre en paix dans leur pays respectif, dans des frontières sûres et reconnues internationalement". Il s'exprimait à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, en provenance de Jordanie où il a entamé vendredi son premier pèlerinage en Terre sainte. En parlant de "pays respectif", il a apporté son soutien à la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël, un règlement auquel refuse de se plier le nouveau gouvernement de droite d'Israël dirigé par Benjamin Netanyahu. Benoît XVI, qui passera cinq jours en Israël et en Cisjordanie, est revenu à la charge lors d'une réception organisée à la résidence du président israélien Shimon Perès à Al Qods. "Sécurité, intégrité, justice et paix. Dans les desseins de Dieu pour le monde, ils sont inséparables", a-t-il indiqué, appelant à "exercer" et "vivre" ces principes. "Aucun individu, aucune famille, aucune communauté ou nation ne peut s'exempter du devoir de vivre dans la justice et d'oeuvrer à la paix", a-t-il lancé. A l'aéroport Ben Gourion, où il été reçu notamment par Perès et Netanyahu, il a aussi tenu à condamner l'antisémitisme. Il s'est ensuite rendu par hélicoptère à Al Qods où il a été accueilli par le maire israélien Nir Barkat. A la résidence de Perès, il s'est entretenu pendant quelques minutes avec les parents du soldat israélien Gilad Shalit détenu par le Hamas à Gaza depuis près de trois ans. Le pape devait effectuer hier après-midi une visite très attendue à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, avant de se rendre aujourd'hui au mur des Lamentations et sur l'esplande des Mosquées. Il célébrera aussi des messes publiques à Al Qods (aujourd'hui), Nazareth (demain) ainsi qu'à Beït Lahm en territoire palestinien (demain). Ce 12e voyage à l'étranger du pape allemand âgé de 82 ans intervient après l'agression israélienne dans la bande de Gaza (décembre-janvier) qui a fait plus de 1.400 morts palestiniens. Il se déroule aussi sur fond de polémique entre le Vatican et Israël avec la levée de l'excommunication de l'évêque négationniste Richard Williamson. L'Etat juif s'oppose aussi à la béatification, souhaitée par Benoît XVI, de Pie XII accusé de ne pas avoir fait entendre sa voix durant le génocide nazi. Le chef de la Knesset, Reuven Rivlin, troisième personnage de l'Etat, n'a pas participé à l'accueil officiel du pape mais le retrouvera au Yad Vashem. "Il n'y a pas lieu de s'enthousiasmer et certainement pas de se prosterner devant ce pape qui a relancé le processus de béatification de Pie XII", a affirmé Arié Eldad, député du parti de l'Union nationale (extrême droite). Les quatre ministres israéliens issus du parti ultra-orthodoxe Shass ont boycotté la réception chez Perès en raison de son passé dans les Jeunesses hitlériennes, a annoncé un porte-parole du parti. Le Hamas qui contrôle Gaza a critiqué la visite du pape en Israël, estimant qu'elle "embellira l'image de l'occupation et affaiblira les chances de voir ses dirigeants poursuivis pour les crimes de guerre", commis selon le mouvement islamiste lors de l'offensive à Gaza.