TUNIS (TAP) - "Le Printemps arabe et le rôle du mouvement des droits humains", tel est le thème d'une journée d'étude organisée, à Tunis, à l'initiative de la Coordination maghrébine des Organisations des Droits humains (CMODH). La manifestation, à laquelle participent des organisations de droits de l'homme venant des pays maghrébins, s'est fixé pour objectif d'identifier les solutions permettant de garantir la réussite des changements démocratiques après la chute des dictatures en Tunisie, en Egypte et en Libye et à aider les autres pays de la région à instaurer la démocratie et à consacrer les droits et les libertés. A l'ouverture des travaux, M. Abdessatar Ben Moussa, président de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'homme a mis l'accent sur le rôle des organisations des droits de l'homme dans la réussite du processus de transition démocratique, la défense des libertés et la lutte contre les dépassements conformément aux conventions et pactes internationaux. Il a relevé qu'un observatoire national spécialisé dans la défense des droits de l'homme sera créé à cet effet. De son côté, M. Abdelhamid Amine, coordinateur de la CMODH a appelé à dynamiser le rôle des organisations de droits de l'homme dans la région et à consolider la coopération entre elles dans le sens de la défense des droits de l'homme et de la lutte contre les régimes despotiques. M. Mokhtar Trifi, ancien président de la Ligue tunisienne pour la défense des Droits de l'homme a évoqué les restrictions imposées aux activités de le Ligue sous l'ancien régime, ce qui a réduit son rôle à la simple publication des communiqués de protestation et de dénonciation, indiquant que les difficultés auxquelles sont confrontées les associations et les organisations des droits de l'homme commandent de développer les compétences de leurs cadres. Il a également évoqué le rôle des organisations tunisiennes des droits de l'homme durant l'étape de construction que connaît le pays, en plaidant en faveur de l'adoption de plusieurs dispositions juridiques importantes, à l'instar du principe de la parité dans les listes candidates aux élections de la Constituante et les décrets-lois sur le financement des associations et des partis, indiquant que le défi majeur consiste en l'élaboration d'une nouvelle Constitution. M. Mohamed Zahari, président de l'association marocaine pour la défense des droits de l'homme a passé en revue l'expérience marocaine en matière de défense du droit des citoyens à exprimer librement leurs opinions et positions, mettant l'accent sur les efforts déployés par la Coordination maghrébine dans le soutien des révolutions populaires dans la région. Pour sa part, Mme Sana Ben Achour, ex-présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) s'est dite inquiète pour la faible présence de la femme au sein de la Constituante (22,5%) et des idées conservatrices défendues par certaines parties, ce qui est de nature à menacer les acquis de la femme en Tunisie. D'autre part, M. Abdeljalil Bedoui, économiste tunisien et militant de l'UGTT, a indiqué que les mouvements de protestation populaire déclenchés en Tunisie ont été la conséquence de la détérioration des conditions sociales générées par une économie nationale fragile. "Le prétendu miracle économique tunisien était en réalité un leurre d'esprit", a-t-il dit, dès lors qu'il "a focalisé sur les équilibres financiers au détriment du développement dans son acception globale".