TUNIS (Rédaction TAP/Ghada Sboui) - Des camions se relayent pour procéder aux opérations de pesage avant de décharger toutes sortes de déchets admissibles ou industriels banals (non chimiques) dans la décharge de Djebel Chekir, à Sidi Hassine (Sud-Ouest de la capitale), d'une capacité de réception variant entre 2000 et 2200 tonnes de déchets. Ces déchets sont ensuite contrôlés afin d'en éliminer les matières inadmissibles. Les odeurs qui émanaient de cette décharge, pourtant contrôlée étaient tout simplement nauséabondes et insupportables, seuls de nombreux oiseaux y trouvaient leurs comptes en nourriture, à leur grand bonheur. Quelque 120 chiffonniers (fouilleurs de poubelles), de différentes tranches d'âge et des deux genres, dont la majorité ont des liens de parenté, s'emploient, quant à eux, à trier sur la plateforme de déchargement, les déchets pour en retirer tout ce qui peut leur servir ou encore leur rapporter des gains (carton, bouteilles, et autres verres d'emballage…). Les déchets sont ensuite déposés dans des casiers creusés dans le sol et étanchés par une géomembrane (assure l'étanchéité afin de protéger la nappe phréatique). Le site dispose, actuellement, de 4 casiers fermés (déjà exploités) alors qu'un 5e est en cours d'exploitation. Autres dispositifs mis en place: un système de collecte de biogaz (matière principalement composée de CH4) est aménagé moyennant le forage de puits et la mise en place de collecteurs. Le biogaz est par la suite acheminé vers une torchère, l'objectif étant de transformer le CH4 en CO2 via la combustion. Il y a lieu de signaler, dans ce cadre, que les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par le CO2 sont réduites par rapport à celles émises par le CH4. Les lixiviats ou liquides résiduels qui proviennent de la percolation de l'eau à travers des déchets et plus communément appelés jus de poubelles, sont, à leur tour, traités par un système de drainage. Une fois traités, ces rejets servent à laver le matériel et les camions de la décharge, ou encore à irriguer les plantations du site, a précisé M. Lassaad Ben Letaief, ingénieur à l'Anged (Agence Nationale de Gestion des Déchets). S'agissant des quantités de déchets, produites par les citoyens, M. Ridha El Meksi, Directeur Général de l'Agence Municipale des Services Environnementaux, a fait savoir qu'en Tunisie, celles-ci sont passées de 711 000 tonnes en 2010 à 600 000 tonnes en 2011. Il a expliqué cette réduction par les évènements survenus lors de la révolution (couvre-feu, grèves des agents municipaux, fermeture des centres de transfert par des riverains...), d'où le rejet des déchets dans la nature (Oueds, forêts…) voire leur combustion. Toutefois, en dépit de cette baisse, les quantités de lixiviats demeurent élevées en raison de la nature des produits consommés par les tunisiens qui, selon lui, sont humides et organiques (huiles, légumes-racines…). Aussi, est-il envisagé de construire une nouvelle station de traitement des lixiviats. D'une capacité de 440m3 par jour et d'un coût estimé à 8 millions de dinars, elle sera opérationnelle au début de 2012. La moyenne de production de déchets dans le Grand Tunis a atteint 800g par habitant et varie d'un mois à un autre et également selon la saison, a précisé le responsable. Le mois de mars est ainsi marqué par une forte augmentation de la production de légumes dont les prix baissent. La période de Ramadan est elle aussi caractérisée par une hausse et une diversification des produits consommés, sans oublier l'été, saison, lors de laquelle les consommateurs deviennent friands des cucurbitacées, outre la multiplication des fêtes. Le traitement des déchets, en Tunisie, reste néanmoins rudimentaire dans l'attente de l'utilisation d'autres mécanismes de traitement beaucoup plus efficaces. Il s'agit notamment de la réduction des quantités de déchets produites et leur valorisation par le biais de leur réinjection dans le cycle de production ou l'extraction d'énergie.