TABARKA (TAP) - Le secrétaire général sortant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Abdessalem Jrad a déclaré qu'"autant l'Union rejette les mouvements anarchiques et les sit-in non encadrés, autant il ne les incrimine pas, tout en mettant en garde contre le danger du recours aux menaces pour en venir à bout", ajoutant que la centrale syndicale appelle au dialogue pour remédier à ces mouvements de protestation afin de parvenir à des solutions pratiques qui répondent aux attentes des catégories qui ont longtemps souffert de la privation. Intervenant, dimanche après-midi, à l'ouverture du 22ème congrès ordinaire de l'UGTT, qui se poursuivra quatre jours durant, à Tabarka, sous le signe "Je t'aime oh peuple", M. Jrad a fait remarquer que les syndicalistes sont appelés à interagir avec l'action du gouvernement provisoire afin d'accélérer l'élaboration d'une constitution démocratique populaire qui rompt avec la dictature et de mettre en oeuvre un programme garantissant le travail aux demandeurs d'emploi et, en particulier, les jeunes chômeurs. Le secrétaire général sortant a, par ailleurs, souligné que la contribution éminente des militants de l'Union au succès de la révolution les investit d'une plus grande responsabilité qui consiste à faire réussir ses processus en vue d'édifier une Tunisie nouvelle, celle de la justice sociale, de la liberté, du travail pour tous et des équilibres régionaux. Il a relevé que le 22ème congrès de l'UGTT revêt un caractère exceptionnel, dans la mesure où il consacre pour la première fois de l'histoire de l'Union et du mouvement syndical arabe et même international, l'alternance aux responsabilités, conformément à l'article 10 du règlement intérieur de l'UGTT, adopté à l'occasion du congrès de Djerba et consacré lors du congrès de Monastir. Ce congrès, a-t-il ajouté, intervient après une révolution historique déclenchée par le peuple et, tout particulièrement par les jeunes. M. Jrad a indiqué que les défis qui se posent commandent aux syndicalistes à réviser la structuration de leur organisation afin de lui conférer l'aptitude à résister face aux tentatives visant à démanteler le mouvement ouvrier et à scinder son unité, à la faveur de mesures urgentes, au premier rang desquelles figure l'amélioration de la représentativité de la femme et des jeunes. La parole a été ensuite donnée aux hôtes du congrès. La secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), Sharan Burrow, a affirmé dans une visioconférence que "ce congrès est une source de fierté pour les organisations syndicales dans le monde, de même qu'une occasion idoine pour rendre hommage à la révolution du peuple tunisien, aspirer à un avenir meilleur et jeter les bases constitutionnelles pour lesquelles les Tunisiens se sont soulevés." De son côté, le président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et de la transition démocratique, Iyadh Ben Achour a mis en relief les profondes significations du slogan choisi pour ce congrès : "Je t'aime oh peuple", slogan qui traduit la reconnaissance par l'UGTT de la valeur du peuple tunisien qui a "renversé une des dictatures des plus coriaces de l'histoire du pays et a placé la Tunisie sur les rails du pluralisme." Prenant la parole, Mme Kalthoum Kannou, présidente de l'Association des Magistrats Tunisiens (AMT) a mis l'accent sur le rôle de l'Association dans la défense de l'indépendance de la justice, citant à ce propos, les souffrances endurées par les membres de l'Association qui ont trouvé dans les locaux de l'UGTT un refuge lors des moments difficiles. M. Mohamed Trabelsi, représentant l'Organisation Internationale du Travail (OIT) a mis en avant le rôle joué par l'UGTT dans le déclenchement de la révolution tunisienne, indiquant que le peuple tunisien a fasciné le monde par sa capacité à renverser un régime ultra-policier et à éradiquer la corruption et la répression. Il a rappelé, à cet effet, l'initiative lancée par l'OIT d'envoyer une délégation, la première du genre, après le 14 janvier, en Tunisie, afin d'examiner les revendications sociales et, partant, établir un premier constat des prémices du changement enregistré dans la société tunisienne. Pour sa part, Adnene Abou Ragheb, conseiller à l'Organisation Arabe du Travail a indiqué que l'Organisation arabe se trouve confrontée aujourd'hui à une série de défis qui, a-t-il dit, commande de conjuguer tous les efforts pour réduire les taux de chômage et les incidences économiques que connaît la région, outre l'émergence des phénomènes de la pauvreté et de la marginalisation et l'accaparement par les gouvernements du pouvoir décisionnel. S'exprimant, à cette occasion, M. Abdessattar Ben Moussa, président de la ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (LTDH) a salué le soutien apporté par l'UGTT à la Ligue lors des rudes épreuves qu'elle avait connues, soulignant que l'UGTT était le premier défenseur des libertés dans le pays à travers sa fameuse déclaration, datée du 28 janvier 1978. Mme Ahlem Belhaj, présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) a plaidé en faveur de l'insertion des droits de la femme dans le texte de la constitution et de la lutte contre les différentes formes de discrimination à l'égard de la femme, appelant la nouvelle direction de l'UGTT à consacrer le principe de parité au niveau des responsabilités syndicales au sein des structures et du bureau exécutif. Intervenant à cette occasion, M. Néji Baghouri, représentant de l'instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC) et Néjiba Hamrouni, présidente du Syndicat national des journalistes Tunisiens (SNJT) ont appelé l'UGTT à soutenir les journalistes dans leur combat pour une information libre et indépendante loin de toute forme de musellement. "L'UGTT ne saurait être autonome sans une information libre et indépendante, une information affranchie de toute forme de tutelle ou de diktat", ont-ils soutenu. M. Abdelmajid Sahraoui, représentant de l'Union syndicale des travailleurs du Maghreb arabe a appelé les congressistes à réaliser les aspirations du peuple tunisien, à travers l'instauration de la justice, de l'égalité et de la dignité, et à défendre les principes de l'action syndicale. Les représentants de l'Union générale des travailleurs algériens et de l'Union marocaine du travail ont été unanimes à mettre l'accent sur l'unité d'appartenance et du sort des