TUNIS (Wafa Attyaoui/ TAP) - La violence en milieu scolaire a pris de l'ampleur depuis la révolution tunisienne, ciblant enseignants et cadres administratifs. Une période au cours de laquelle, 126 procès ont été intentés par le ministère de l'Education, a indiqué Mondher Afi, chargé de mission dans ce département. Les auteurs de ces actes peuvent être des élèves, des enseignants, des employés ou encore des étrangers à l'établissement. A l'appel du syndicat général de l'enseignement secondaire relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), des professeurs de lycées et collèges, dans plusieurs régions du pays, ont observéµ, mercredi, un sit-in de 20 minutes, pour dénoncer la violence dont font l'objet les établissements scolaires et le corps enseignant, de la part d'intrus ou même de certains élèves. Instaurer la culture de la non-violence Le ministère de l'Education se penche, actuellement, sur la mise en œuvre d'une stratégie cohérente visant à circonscrire la violence en milieu scolaire. Stratégie qui sera insérée dans la loi d'orientation sur l'éducation et l'enseignement ainsi que dans le décret organisant la vie scolaire et le Code des droits de l'enfant. Elle comporte les volets prévention, détection des comportements violents et accompagnement psychologique des victimes de violence. La stratégie est destinée aux élèves et parents ainsi qu'aux corps administratif et enseignant. Elle s'adresse, aussi, aux associations concernées par l'éducation, aux structures gouvernementales et aux médias. Objectifs, habiliter le corps enseignant, surveillants et agents administratifs à anticiper les agressions et à inculquer la culture de la non violence et du dialogue dans les clubs scolaires. Renforcer le cadre institutionnel et juridique Un cadre institutionnel doté des mécanismes nécessaires à l'application de la stratégie et à son suivi sera mis en place. Le ministère oeuvrera à revigorer le rôle des conseils pédagogiques, scientifiques et administratifs et à multiplier les espaces d'écoute et d'orientation dans le cadre de la prise en charge des victimes d'actes de violence. La création de nouvelles cellules de médiation scolaire est également, attendue au cours de la prochaine période. Le cadre juridique sera renforcé. Il s'agit de faire connaître aux différentes parties concernées le dispositif législatif relatif à la violence dans les écoles pour garantir l'application de la loi. Des mécanismes de coordination entre les délégations régionales, les ministères et les composantes de la société civile seront crées. Un plan annuel d'information sur la nature des agressions commises Le ministère s'engagera, dans le cadre de la stratégie, à élaborer un plan annuel de sensibilisation et d'information sur la nature des agressions commises et leurs incidences sur la marche de la vie scolaire. Les résultats d'une étude, « Violence à l'école » vient d'être publiés par le Centre national d'innovation pédagogique et de recherche en éducation lors d'une rencontre à Beit El Hekma, à Carthage. L'étude est réalisée par un groupe de chercheurs, de sociologues, de psychopédagogues et de conseillers en information et orientation. Elle s'est axée sur la détermination du profil des élèves ayant des troubles du comportement, les particularités familiales et l'environnement social de l'école. L'étude traite aussi du phénomène de la violence dans sa complexité, à la lumière des mutations sociales et leurs retombées dans le milieu scolaire. Les chercheurs ont procédé au recensement de 138 mille 566 cas d'élèves exclus des écoles et lycées entre 2000 et 2003. Ils ont mené une enquête par sondage auprès de 5096 élèves (filles et garçons), 174 enseignantes et enseignants, 116 encadreurs et 68 directrices et directeurs et étudié les rapports des conseils d'établissements scolaires sur des cas de violence.