20 cas de violence ont été enregistrés dans les 6000 établissements scolaires lors du premier trimestre. Un bilan, jugé " pas trop inquiétant. Il n'est même pas alarmant ", c'est ce qu'a déclaré M. Hatem Ben Salem, ministre de l'Education, lors du point de presse tenu jeudi 4 février, tout en ajoutant : " nous ne pouvons pas parler de phénomène de violence dans les enceintes de nos établissements scolaires ". Mieux encore, le ministre s'est montré rassurant et rassuré, car la majorité des actes de violence ont été commis par " des intrus ", soit 80 %. Un tel bilan peut-il être réellement rassurant pour les parents ? Comment peuvent-ils ne pas s'inquiéter pour la sécurité de leurs enfants ? De leur côté, les enseignants peuvent-il accomplir leur travail tout en se sentant menacés ? Des questions qui se posent par rapport à ce sujet, d'autant plus que nous ne cessons d'entendre parler des actes de violence enregistrés dans différents lycées ou collèges.
Nombreux sont les responsables qui considèrent que nos lycées sont à l'abri de ce genre de violence et que nous n'avons pas atteint un niveau inquiétant en comparaison avec d'autres pays tels que la France où ces actes sont récurrents.
Il ne faut cependant pas banaliser le sujet, car même un simple incident de ce genre risque de se transformer en un drame aussi bien pour l'élève que pour la famille, le cadre enseignant et même pour l'administration. Nul ne peut oublier le drame qui s'est produit dans un lycée à Gafsa, où un jeune a perdu la vie après avoir été poignardé par un intrus. Ce drame restera sans doute gravé dans la mémoire de la famille de la victime et celle des enseignants.
L'oisiveté aux heures creuses mère des vices Mais quelles sont les causes de la violence ? Qu'est ce qui pousse nos élèves à être agressifs ? Plusieurs facteurs les poussent à commettre ces actes, dont le manque d'encadrement aussi bien au sein de la famille que dans les établissements scolaires. Certains trouvent le terrain favorable pour commettre ces agressions lors des heures creuses par exemple, faute d'espaces et d'encadrement dans les lycées. Même l'expérience pilote lancée cette année relative à l'aménagement des espaces multimédias ne pourra être efficace que lorsqu'elle sera généralisée dans tous les lycées et collèges.
Parmi les autres causes, l'infiltration des intrus par les portes ouvertes alors qu'il est interdit de les laisser dans un tel état, ou à travers des clôtures mal aménagées ou carrément inexistantes.
Des psychologues à la rescousse A cet égard, M. Ben Salem a annoncé que des instructions ont été données pour être plus rigoureux par rapport à ces points tout en rappelant que des mesures seront prises pour faire face à ce fléau.
Des psychologues seront recrutés dans chaque direction régionale et ce pour améliorer la prise en charge des élèves en difficultés et susceptibles de commettre ce genre d'actes. Toute une stratégie est également en train d'être élaborée pour instaurer la culture de la non-violence. D'ailleurs un séminaire sera organisé sur le sujet en avril a annoncé M. Ben Salem.
Conscient de ce problème, le ministère est en train d'appliquer un ensemble de mesures pour réduire le fléau et lutter contre ce comportement. Elles sont axées sur l'instauration d'une base de données pour avoir une idée sur les cas de violence commis chaque trimestre. La stratégie se base aussi sur l'accueil positif des élèves en difficulté et surtout sur la meilleure façon de les assister à s'intégrer dans le milieu scolaire. La mise en place d'un programme spécifique pour contrôler les absences et accompagner ces élèves figure aussi parmi les éléments de la stratégie.
Toujours dans la même optique, le ministère mise sur l'amélioration de la vie scolaire et ce, en donnant un nouvel élan aux activités culturelles et sportives.
Les élèves susceptibles d'adopter un comportement à risque dans le milieu scolaire bénéficieront d'un programme d'accompagnement spécifique. Le même programme sera appliqué à ceux qui ont déjà commis des actes de violence. Pour ce faire, le ministre a annoncé que le fonctionnement des bureaux d'écoute et d'orientation, les cellules du travail social et les cellules de médiation scolaire sera revu dans ce sens. Ces cellules adopteront une nouvelle démarche plus efficace. La stratégie du ministère est beaucoup plus ambitieuse. Tout un observatoire national sera instauré pour mesurer le comportement contraire à la vie scolaire et ce à travers une base de données globale. Elle permettra d'avoir une idée pertinente sur le comportement aussi bien de l'élève que de l'enseignant, du cadre administratif ou même de l'encadreur.
Toutes ces informations seront exploitées dans une deuxième phase pour rédiger des rapports périodiques afin de remédier au problème qui risque de devenir non contrôlable d'un jour à l'autre.