Tweet Share TUNIS (TAP) - Le boom des sites web spécialisés en information n'est pas obligatoirement synonyme d'une bonne santé du secteur et ne reflète pas toujours un contenu conforme aux règles déontologiques du métier de journalisme, ont constaté vendredi des experts tunisiens. La presse en ligne en Tunisie demeure traditionnelle dans son contenu, c'est ce qui ressort des interventions des académiciens et des journalistes participant au débat sur "La presse électronique en Tunisie" organisé, vendredi, au siège du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice Transitionnelle au Bardo, par le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) en partenariat avec l'Institut Panos Paris et la délégation de l'Union Européenne à Tunis. En fait la version web de l'information est généralement "une reproduction d'un contenu destiné à la presse dans sa version papier à c'est la presse du copier-coller" comme l'a qualifié Dr.Sadok Hammami, enseignant et chercheur tunisien exerçant à Sharjah University (UAE) qui déplore «un manque de créativité chez les entreprises de presse». «La révolution dans les médias n'a pas eu lieu», insiste Dr Hammami. Il fustige le manque de créativité dans le contenu web qui serait au manque de ressources humaines, précisant que «le journaliste ne peut être créatif qu'au sein d'une entreprises créative». Dr Hammami insiste qu' «il n'existe pas en Tunisie de presse électronique conforme aux caractéristiques d'une vraie presse en ligne» régie selon les standards internationaux déjà en vigueur dans les plus prestigieuses entreprises de presse dans le monde (CNN, BBC...). Un trio indispensable à la survie d'un site de presse : L'entreprise, le contenu journalistique et le journaliste lui-même, estime Dr.Hammami. Sur un autre plan, l'aspect déontologique pose problème pour la plupart des médias en ligne. Si l'on constate le contenu de la grande majorité des nouveaux nés de la presse électronique en Tunisie, on déplore «un manque de professionnalisme» selon l'expression de Dr. Nouri Lajmi, enseignant chercheur à l'IPSI. Les occidentaux ont fait des pas énormes sur ce plan. Par exemple en France, le journalisme en ligne a son propre code déontologique destiné à gérer la presse de la toile. Après la révolution, les médias en général et les médias en ligne ont échappé aux règles déontologiques qui devraient guider la profession. On est sorti des règles et du diktat du pouvoir en place pour se lancer dans un tsunami de liberté de presse qui selon M.Lajmi, «n'est pas toujours synonyme de qualité». La scène médiatique compte aujourd'hui plus de 40 journaux web spécialisés et généralistes, selon Souhir Lehyani, journaliste et chercheur en TIC à l'IPSI, qui évoque la question de la publicité et parle d' «un partage du gâteau publicitaire» qui était, avant la révolution, régie par l'Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE). Un constat toutefois, tout n'est pas rose pour ces sites en vogue et pour ceux qui y travaillent, si l'on évalue la qualité des informations publiées et si l'on sait que certains journalistes ne disposent même pas de leurs droits élémentaires. La presse en ligne dans notre pays a besoin, d'après l'avis des académiciens et des professionnels du secteur, d'un lifting au niveau du contenu et des pratiques. Ce relookage tant aspiré par les professionnels du domaine des médias, ne peut se faire sans l'adoption d'un cadre règlementaire. La règlementation de la presse passe obligatoirement par la restructuration des entreprises de presse pour mieux se positionner en tant que support de presse crédible sur la Toile. Les recommandations issues de cette réunion portent sur la création d'une commission au sein du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et d'un fonds d'aide destiné à la presse électronique. Il a été aussi recommandé que le directeur d'une entreprise de presse en ligne devrait obligatoirement être un journaliste professionnel tout en veillant à la restructuration de l'entreprise de presse, à la formation des journalistes et à la création d'un label pour la certification des sites répondant aux critères déontologiques de la profession du journalisme et à l'adhésion aux certificateurs d'audience. Tweet Share Suivant