TUNIS, 4 fév 2011 (TAP) - L'écrivain antillais Edouard Glissant vient de s'éteindre jeudi 3 février 2011 à Paris à l'âge de 82 ans. Cet illustre romancier, philosophe, poète, essayiste et auteur dramatique, qui a honoré de sa présence en 2005, Beit El Hekma en Tunisie, est connu pour sa pensée critique et son érudition. Considéré comme l'un des fils spirituels d'Aimé Césaire, il mettait en exergue la diversité et la spécificité des cultures non dans un monde "universalisé" mais dans un "Tout Monde" fait de "partage, de respect et d'alliage des cultures". C'est ainsi qu'il avait fondé à Paris un institut du "Tout-monde" destiné à "mettre en pratique ses principes humanistes" et à permettre la diffusion de "l'extraordinaire diversité des imaginaires des peuples". Dans son poème écrit en 1960 "Le sel noir" considéré comme l'un des plus beaux poèmes sur Carthage, Edouard Glissant propose "un inventaire du monde, de Carthage à l'Afrique, et aux Iles et convoque dans cette oeuvre la mémoire des douleurs de l'esclavage et de la soumission, dans l'espoir de la guérison par le chant du poème" (citation du professeur universitaire français Jean Louis Joubert). Pour rappel, lors des JCC 2010, un documentaire intitulé "Edouard Glissant: un monde en relation" (Mali 2009) a été présenté dans le cadre de la compétition officielle réservée aux documentaires. Cette oeuvre porte à l'écran une série d'entretiens réalisés en 2009 par le malien Manthia Diawara avec le poète et philosophe martiniquais Glissant à l'occasion d'une traversée de l'Atlantique pour remonter jusqu'au mémorial de l'esclavage à la pointe du Diamant, là où a échoué un bateau négrier clandestin. Des moments qui évoquent pour Edouard Glissant "l'Afrique terre des diasporas, berceau de toutes les humanités". Les réflexions et les textes de Glissant ont fait l'objet en 2008 de la publication d'un collectif littéraire intitulé "Autour de Glissant: lectures, épreuves, extensions d'une poétique de la relation" par Beit El Hekma avec le concours des presses universitaires de Bordeaux. Paru en 365 pages, cet ouvrage est venu questionner l'oeuvre de Glissant qui s'est révélée si apte à bousculer les hégémonies culturelles et identitaires. Cet ouvrage présente les actes du colloque international tenu en avril 2005 en hommage à Edouard Glissant et en sa présence. Etaient présents plusieurs critiques, écrivains, philosophes et linguistes de provenances diverses ayant confronté leurs lectures à l'oeuvre multiple de cet auteur "qui s'est imposé par la qualité de son verbe, la générosité de sa pensée, et son exceptionnelle lucidité dans un monde où l'illusoire volonté de puissance conduit tant de pays à considérer le monde comme leur bien exclusif" (propos du Professeur Abdelwaheb Bouhdiba, président de Beit El Hekma).