PARIS, 6 mars 2011 (TAP) - Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a souhaité dimanche que le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi engage "tout de suite" un "processus de réconciliation avec son peuple", tout en relevant que le peuple n'allait probablement pas l'accepter. Interrogé par la chaîne de télévision TV5-Monde, Radio France Internationale et Le Monde sur le point de savoir si le leader libyen devait se retirer , M. Moussa a observé: "Je propose qu'il commence tout de suite un processus de réconciliation avec son peuple, s'il veut rester; mais je ne pense pas que le peuple va laisser passer ça, c'est triste", a-t-il commenté. Quant à une implication de la justice internationale pour poursuivre les responsables des exactions, le secrétaire de la Ligue arabe a recommandé d'abord une vérification sur place dans l'est de la Libye: "S'il y a eu de tels massacres, il est important que l'ONU et, avec elle, les organisations régionales puissent accéder à l'est de la Libye et montrer au monde ce qui se passe réellement". "L'image doit être claire, ce qui s'est passé doit être vérifié. Si cela est avéré, les responsables doivent être traduits en justice", a-t-il ajouté. M. Moussa, qui a rencontré dimanche au Caire le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a expliqué par ailleurs qu'il multipliait actuellement, au-delà de la Ligue arabe, les contacts avec l'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne, pour "trouver des mesures collectives". "Le Conseil de sécurité n'a pas pris une décision finale, mais il faut précipiter les démarches en vue de l'adoption de mesures qui peuvent mettre un terme à ce qui se passe en Libye", a-t-il plaidé, en qualifiant la situation dans le pays de "quasi guerre civile". La Ligue arabe, a-t-il assuré, "respectera toute mesure prise sous le chapitre sept de l'ONU" au titre de la sécurité collective. "Il ne faut pas laisser la décision (d'intervenir) à un pays. Les Nations unies sont vraiment nécessaires", pour montrer qu'on n'agit "pas vraiment pour (préserver) le pétrole", a-t-il noté. Au sujet de l'option d'une intervention armée, M. Moussa a estimé que "les consultations devaient se poursuivre". Il a souligné en tout cas que "les pays arabes à eux seuls ne pouvaient pas faire ça, les pays africains non plus". M. Moussa s'est dit "en complet désaccord" avec le colonel Kadhafi" sur la thèse du "complot" de l'étranger pour expliquer l'insurrection. "Il y a des raisons qui peuvent avoir leur origine à l'étranger, mais l'essentiel vient du sentiment du citoyen qu'il subit une injustice" comme ailleurs dans le monde arabe, a-t-il dit.