Quelque trois mille migrants de diverses nationalités sont toujours bloqués, au camp de Choucha, situé à Ras Jedir, près de la frontière tuniso-libyenne. Originaires de Somalie, Soudan, Tchad, Irak, Ethiopie… ils réclament tous le statut de réfugiés et leur transfert vers des pays autres que leurs pays d'origine. Sacs en plastique, chaussures orphelines et linges divers jonchent le sol, se laissant piétinés quotidiennement par les occupants du camp, dans l'indifférence des employés des organisations humanitaires. Une visite guidée, organisée, dimanche par l'Institut arabe des droits de l'homme, à l'occasion de l'ouverture de son nouveau bureau à Médenine, a permis aux journalistes de mesurer l'ampleur de la souffrance de ces réfugiés. "Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) ne respecte pas les principes de neutralité ni d'objectivité dans le traitement des dossiers", se plaint Ali Achour, réfugié irakien. Stressé, les yeux fatigués, son fils de quatre ans agrippé à ses bras, il raconte la souffrance de sa famille et de ses compatriotes qui ont laissé toute une vie en Libye. "Cela fait presque quatorze ans que nous nous sommes installés en Libye", a-t-il précisé. Avis partagé par Abdallah Hamed, migrant soudanais, qui attend avec impatience son transfert vers la Suède. "J'étais employé en tant qu'architecte par des Libyens... j'ai tout laissé derrière moi", a-t-il répliqué. Les aides fournies par la population tunisienne à plusieurs centaines de milliers de réfugiés, lors du déclenchement de la crise libyenne, en février 2011, dépassent largement celles fournies, actuellement, par les organisations humanitaires, a-t-il indiqué. Constat corroboré par le Secours islamique qui qualifie la coopération tunisienne d'exemplaire. Visiblement nerveuses et épuisées, plusieurs familles refusent d'être filmées par les journalistes, comme ce jeune ghanéen de 33 ans qui accuse le HCR de lenteur dans le traitement du dossier des réfugiés. "Les organisations évacuent au compte-gouttes les réfugiés", a déclaré à la TAP une source militaire sous couvert de l'anonymat. La plupart des dossiers ont été rejetés, ce qui signifie que les réfugiés pourraient rester "longtemps" en Tunisie, a ajouté la même source. Selon le HCR, les procédures de transfert des réfugiés sont complexes dans la mesure où elles engagent d'autres Etats et organisations humanitaires. Cependant, le calme règne dans le camp de Choucha où les unités de l'armée et de la protection civile sont omniprésentes. A l'intérieur, les conditions sanitaires sont acceptables et la crise humanitaire semble être maîtrisée.