Le député français Pierre Lellouche a déclaré mardi qu'il boycotterait la réception du président tunisien Moncef Marzouki mercredi à l'Assemblée nationale, estimant que "le processus démocratique n'est pas encore stabilisé" dans ce pays. "Je ne veux pas faire de critiques intempestives, il faut continuer à aider la Tunisie mais fallait-il pour autant inviter le président actuel dans la phase que nous connaissons?", a estimé l'ancien secrétaire d'Etat au Commerce extérieur dans le gouvernement du président Nicolas Sarkozy. Moncef Marzouki doit prononcer mercredi un discours devant les députés, à l'invitation du président socialiste de l'Assemblée, Claude Bartolone. C'est la première fois depuis 2006 qu'un chef d'Etat étranger s'exprimera ainsi dans l'hémicycle. "Nous soutenons le processus de transition démocratique (....) seulement, ce processus n'est pas encore stabilisé et un certain nombre de militants démocrates tunisiens considèrent, c'est le moins que l'on puisse dire, que tout n'est pas parfait dans l'action gouvernementale", a poursuivi M. Lellouche. "Je ne pense pas que j'irai (ndlr, écouter M. Marzouki)", a ajouté l'ex-secrétaire d'Etat précisant que cette décision "n'engageait que lui". "Je le fais en pensant à un certain nombre d'amis qui ont eu à subir les contraintes du nouveau pouvoir et à un certain nombre de déclarations qui ont été faites en Tunisie et qui ne vont pas toutes dans le bon sens", a encore estimé M. Lellouche en précisant être "natif" de Tunisie. "Je ne jette l'opprobe sur personne. Je dis simplement qu'il y a une différence entre reconnaître un Etat, l'aider, et en même temps, donner cette espèce d'onction qui consiste à venir dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale", a-t-il souligné.