Dans le cadre de la dynamique médiatique actuelle sur la violence à l'encontre des femmes, et devant la confusion concernant certains chiffres et leurs sources, l'Office National de la Famille et de la Population (ONFP) tient à apporter les précisions suivantes concernant la prévalence et les caractéristiques de la violence à l'égard des femmes afin d'éclairer l'opinion publique sur les données et les indicateurs autour de cette question : L'enquête nationale sur la violence à l'égard des femmes en Tunisie (ENVEFT) qui a été citée comme source d'informations dans plusieurs médias, est la première enquête populationnelle réalisée en Tunisie sur cette question dans le cadre d'un projet de coopération entre l'ONFP et l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement. Elle a été réalisée en 2010 et a porté sur un échantillon de 3873 femmes âgées de 18 à 64 ans. Cet échantillon est représentatif de la population tunisienne de cette tranche d'âge. La Déclarationsur l'élimination de la violence à l'égard des femmes,adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies (1993), définit la violence à l'égard des femmes comme « tout acte de violence basé sur le genre qui entraîne ou est susceptible d'entraîner des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris les menaces, la coercition, la privation arbitraire de liberté qu'elles aient lieu dans la sphère publique ou privée ». En tenant compte des recommandations et des standards internationaux en la matière, l'ENVEFT a permis d'investiguer la prévalence des différents types de violence : physique, psychologique, économique et sexuelle. Elles peuvent être définies comme suit : Violence Physique : Acte d'agression physique comme: gifler, donner des coups de poing, des coups de pied, immobiliser contre un mur, séquestrer, étrangler, brûler, etc.
Violence sexuelle : forcer physiquement une femme à avoir des rapports sexuels contre son gré, être contrainte à une pratique sexuelle qu'elle juge dégradante ou humiliante, subir des attouchements, harcèlements sexuels, exploitation sexuelle, etc…
Violence psychologique : Insulter, intimider, humilier, rabaisser, dénigrer les capacités intellectuelles, se moquer du physique, actes verbaux et non verbaux qui blessent etc….
Violence économique : Exploitation financière, vol, racket, exploitation abusive d'une situation de dépendance économique, privation d'argent ou de besoins vitaux, contrôle du salaire, vente des biens, refus d'un soutien financier.
Les résultats de cette enquête ont fait ressortir les principaux chiffres suivants :
Taux de Prévalence globale de la violence, sur toute la vie -47 % des femmes âgées de 18 à 64 ans ont déclaré avoir subi au moins une des formes de violence durant leur vie, sans différence statistiquement significative entre le milieu urbain et le milieu rural. -Avec un taux de prévalence globale sur toute la vie de 31.7 %, la violence physique est la plus fréquente suivie par la violence psychologique avec un taux de 28.9 %. -La violence sexuelle, dans sa définition large comme citée plus haut, figure en troisième position, son taux est de 15, 7 %. -Vient en dernier lieu, la violence économique (7.1%).
Espaces et auteurs de la violence La sphère intime (mari, fiancé ou ami) constitue le premier lieu dans lequel la femme subit la violence. -Le partenaire intime est l'auteur de la violence physique dans 47,2% des cas, de la violence psychologique dans 68.5% des cas, de la violence sexuelle dans 78.2 % des cas et de la violence économique dans 77.9 % des cas. Il est à signaler que l'ENVEFT n'a en aucun cas abordé le volet religion ni le port du voile. De plus, il s'agit de la première enquête nationale (et représentative de la population tunisienne de cette tranche d'âge) sur la thématique, il n'existe aucun élément de comparaison donc il n'est pas possible de parler de croissance considérable de la violence, à l'aube de la Révolution. A aucun moment dans le rapport il n'est fait mention des femmes qui prennent en charge leur mari (le chiffre de 10% n'appartient absolument pas aux résultats de l'ENVEFT) De même, le chiffre de 62% des femmes mariées victimes d'agression ainsi que le chiffre de 23% des femmes sondées déclarant que les salaires et revenus qu'elles perçoivent sont directement remis à leurs époux n'appartiennent pas aux résultats de l'ENVEFT.
A la lumière des données de l'enquête menée en 2010 , l'Office National de la Famille et de la Population, qui a commencé depuis 2006 à intégrer la composante « Equité de genre et prévention de la violence à l'égard des femmes » à travers des actions de sensibilisation et des services d'écoute et de conseil à l'intention des femmes victimes de violence dans toutes ses structures régionales, s'engage à renforcer ses actions par des plans d'interventions plus ciblés et plus avancés en matière notamment de prise en charge psychologique et médicale des femmes victimes de violence.