Le 9 octobre de chaque année reste une journée pas comme les autres pour les amateur de la vie, de la poésie et de la Tunisie. En ce jour, le grand Abou EL Kacem Chebbi a disparu. Né le 24 février 1909 à Tozeur et mort le 9 octobre 1934 à Tunis, Abou EL Kacem Chebbi est un poète tunisien d'expression arabe considéré par Abderrazak Cheraït comme le poète national de Tunisie. Son poème le plus célèbre, c'est ''la volonté de vivre'' : Lorsqu'un jour le peuple veut vivre, Force est pour le Destin, de répondre, Force est pour les ténèbres de se dissiper, Force est pour les chaînes de se briser. Avec fracas, le vent souffle dans les ravins, au sommet des montagnes et sous les arbres disant : « Lorsque je tends vers un but, je me fais porter par l'espoir et oublie toute prudence ; Je n'évite pas les chemins escarpés et n'appréhende pas la chute dans un feu brûlant. Qui n'aime pas gravir la montagne, vivra éternellement au fond des vallées ». Je sens bouillonner dans mon cœur Le sang de la jeunesse Des vents nouveaux se lèvent en moi Je me mets à écouter leur chant A écouter le tonnerre qui gronde La pluie qui tombe et la symphonie des vents. Et lorsque je demande à la Terre : « Mère, détestes-tu les hommes ? » Elle me répond : « Je bénis les ambitieux et ceux qui aiment affronter les dangers. Je maudis ceux qui ne s'adaptent pas aux aléas du temps et se contentent de mener une vie morne, comme les pierres. Le monde est vivant. Il aime la vie et méprise les morts, aussi fameux qu'ils soient. Le ciel ne garde pas, en son sein, Les oiseaux morts et les abeilles ne butinent pas les fleurs fanées. N'eût été ma tendresse maternelle, les tombeaux n'auraient pas gardé leurs morts ». Par une nuit d'automne, Lourde de chagrin et d'inquiétude, Grisé par l'éclat des étoiles, Je saoule la tristesse de mes chants, Je demande à l'obscurité : « La vie rend-elle à celui qu'elle fane le printemps de son âge ? « La nuit reste silencieuse. Les nymphes de l'aube taisent leur chant. Mais la forêt me répond d'une voix aussi douce que les vibrations d'une corde : » Vienne l'hiver, l'hiver de la brume, l'hiver des neiges, l'hiver des pluies. S'éteint l'enchantement, Enchantement des branches des fleurs, des fruits, Enchantement du ciel serein et doux, Enchantement exquis des prairies parfumées. Les branches tombent avec leurs feuilles, tombent aussi les fleurs de la belle saison. Tout disparaît comme un rêve merveilleux qui brille, un instant, dans une âme, puis s'évanouit. Mais restent les graines. Elles conservent en elles le trésor d'une belle vie disparue… » La vie se fait Et se défait Puis recommence. Le rêve des semences émerge de la nuit, Enveloppé de la lueur obscure de l'aurore, Elles demandent : « Où est la brume matinale ? Où est le soir magique ? Où est le clair de lune ? Où sont les rayons de la lune et la vie ? Où est la vie à laquelle j'aspire ? J'ai désiré la lumière au-dessus des branches. J'ai désiré l'ombre sous les arbres » Il* dit aux semences : « La vie vous est donnée. Et vous vivrez éternellement par la descendance qui vous survivra. La lumière pourra vous bénir, accueillez la fertilité de la vie. Celui qui dans ses rêves adore la lumière, la lumière le bénira là où il va. » En un moment pas plus long qu'un battement d'ailes, Leur désir s'accroît et triomphe. Elles soulèvent la terre qui pèse sur elles Et une belle végétation surgit pour contempler la beauté de la création. La lumière est dans mon cœur et mon âme, Pourquoi aurais-je peur de marcher dans l'obscurité ? Je voudrais ne jamais être venu en ce monde Et n'avoir jamais nagé parmi les étoiles. Je voudrais que l'aube n'ait jamais embrassé mes rêves Et que la lumière n'ait jamais caressé mes yeux. Je voudrais n'avoir jamais cessé d'être ce que j'étais, Une lumière libre répandue sur toute l'existence.