Le célèbre festival annuel chinois de la viande de chien de Yulin, au sud-ouest de la Chine, s'est ouvert malgré une campagne gouvernementale visant à améliorer le bien-être des animaux et à réduire les risques pour la santé mis en évidence par l'apparition du Covid-19. Ce festival annuel de dix jours attire généralement des milliers de visiteurs friands de cuisine à base de viande canine. Les animaux sont soit exposés vivants dans des cages soit proposés morts sur des étals à l'air libre. Dans ce genre de marchés, comme le souligne le Professeur de virologie de l'UCLouvain Jean Ruelle, "Si l'animal est infecté par un virus et est abattu ou découpé à proximité du public, il y a un réel risque de transmission. Et ce risque est plus élevé que quand un animal est abattu dans un abattoir." La différence avec un abattoir, ce sont bien sûr les règles d'hygiène : "Quand la viande est découpée dans un abattoir, le boucher est censé porter des équipements de protection et le consommateur ne reçoit ensuite que la viande, qui est moins contaminante que d'autres parties du corps. De plus, il y a un certain temps qui passe et donc le risque potentiel d'infection virale diminue." Alors que si les humains sont en contact sans protection avec l'animal en entier, le risque est plus élevé. "Si c'est un virus respiratoire, les personnes qui manipulent par exemple la tête de l'animal sont très exposées, parce que c'est là que le virus est le plus concentré au niveau des tissus. De plus, une concentration élevée de microbes peut se trouver dans certains organes comme les intestins." Les chiens, comme les chats, le pangolin, les chauves-souris d'autres espèces, peuvent être potentiellement porteurs de différents coronavirus. Mais comme le nuance Jean-Luc Gala, professeur et chef de clinique aux Cliniques universitaires Saint-Luc de l'UCLouvain : "Pour la situation spécifique du Covid-19, il n'y a aucun cas de transmission avéré des chiens et des chats vers l'homme. Dans la petite dizaine de cas des chiens et chats contaminés au Covid-19 rapportés dans le monde, à chaque fois, c'est l'homme qui a transmis le virus à l'animal, et pas le contraire." Les chiens et les chats peuvent donc porter d'autres types de coronavirus, mais pas le Covid-19. Pour Jean-Luc Gala, si les chiens du festival de Yulin ne risquent pas de transmettre le Covid-19, ce sont plutôt les pratiques culturelles alimentaires chinoises dans leur ensemble qui posent problème. "Il y a un risque de transmission à chaque fois que les humains manipulent des espèces porteuses comme les chauves-souris. Même s'il reste un doute sur l'origine du Covid-19, le risque est sérieux. Et ce n'est pas la première fois que des épidémies se développent à partir de ce type de marchés".