KOTOUF Festival célèbre le patrimoine littéraire et l'UNESCO à Djerba    Nuit chaude en perspective : jusqu'à 33°C attendus dans l'extrême sud    Ons Jabeur poursuit son parcours à Berlin en double et en simple    La route radiale X20 avance : un nouveau tronçon ouvert à La Manouba    Décès du jeune tunisien Abdelmajid Hajri, disparu en Suède    Serie B : Inzaghi prend les commandes de Palerme    « De la Maison Blanche à la 4G : Trump lance son propre smartphone »    JCI Carthage organise en collaboration Carthage Innovation – APII l'événement SmallBizz Boost    Frappe israélienne sur l'IRIB : la FIJ dénonce un crime de guerre    Sécuriser les jeunes médecins… pour mieux les faire fuir    Le Kef renforce son hôpital : 50 spécialistes et un scanner    Journée mondiale des tortues marines : l'importance de protéger cet espèce menacée en Méditerranée    L'élu Mohamed El Kou : le plan quinquennal doit s'adapter aux objectifs stratégiques    Sabri Bachtobji candidat de la Tunisie pour diriger l'OIAC    CPG : les agents de la Société tunisienne de transport des produits miniers entament une grève sauvage    Près de 3,51 millions de quintaux de céréales collectés jusqu'au 15 juin    Elaboration du schéma directeur d'aménagement du territoire national : lancement de la troisième phase    Al Soumoud : un Tunisien parmi les huit personnes libérées en Libye    Bibliothèque Verte du Belvédère: la réouverture prévue le 22 juin prochain    Hyundai STARIA 9 Places : une expérience unique    L'Iran lance une nouvelle vague d'attaques avec des armes de haute technologie    Parents, élèves : ne ratez pas cette info capitale sur les résultats du bac !    Drogues : ces médicaments qui soignent l'addiction des jeunes    Un creux dépressionnaire méditerranéen entre la Sicile et la Tunisie : ce qu'il faut savoir    Frappe iranienne : un missile vise les infrastructures du Mossad et d'AMAN à Tel-Aviv    Le tourisme et les transferts des Tunisiens à l'étranger couvrent plus de 80 % de la dette extérieure, selon Dorra Milad    La Société Atelier du Meuble intérieurs: Résilience affirmée et un chiffre d'affaires en hausse en 2024    Elyes Ghariani: L'alliance russo-chinoise au cœur du nouvel ordre mondial    Nouvelle offensive de missiles iraniens : Téhéran promet des frappes "plus puissantes"    Abdallah Laabidi : l'équilibre géopolitique américain vacille face à l'émergence des Brics    Kaïs Saïed : "L'Etat tunisien se gouverne par ses institutions et ses lois"    Vers la fin de la sous-traitance dans le secteur public : Kaïs Saïed annonce un décret décisif    Entrée ratée pour l'Espérance face à Flamengo en Coupe du monde des clubs    Meeting International de Tunis : 9 médailles pour la Tunisie lors de la première journée    Walid Jalled condamné à six ans de prison pour corruption et blanchiment    Caravane Soumoud : appel à libérer les personnes arrêtées pour retourner en Tunisie    Italian Screens : vitrine du cinéma italien du 17 au 22 juin 2025 à Tunis    Ons Jabeur dégringole à la 61e place du classement WTA : la saison de tous les doutes    Palais El Abdelliya célèbre le malouf avec la manifestation "El Abdelliya chante le malouf" (Programme)    Coupe du Monde des Clubs : L'EST affronte Flamengo et Chelsea se heurte à Los Angeles    Ons Jabeur éliminée de l'open de Berlin    Berlin tourne au cauchemar pour Ons Jabeur : inquiétude grandissante    A l'occasion du 40ème jour de son décès: cérémonie pleine d'émotion en hommage à l'ancien ministre et ambassadeur Tahar Sioud (Album photos)    "El Abdelliya chante le malouf" : Un hommage musical au patrimoine maghrébin    Annonce des lauréats du 16e Prix Arabe Mustapha Azzouz    From Ground Zero de Rashid Masharawi : miroir de la guerre à Gaza à travers 22 regards    Décès de Mohamed Ali Belhareth    Jalila Ben Mustapha, une vie militante pour la femme, les pauvres et la Tunisie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Interview de Jihad Saâd
Publié dans Tuniscope le 18 - 11 - 2009

Jihad Saâd est l'une des figures emblématiques du théâtre dans le monde arabe. Pendant une vingtaine d'années, il a fait le tour du monde cherchant toujours la nouveauté et l'originalité dans le théâtre qui est, pour lui, la vie. Il a eu le palme d'Or, en 1995, aux Jtc, avec sa première pièce, Caligula, en tant que metteur en scène et il reçoit un hommage, cette année, pour sa carrière et ses œuvres. Dans une rencontre enthousiaste, Jihad Saâd nous a parlé de son théâtre et de ses convictions à cœur ouvert. Interview.
Jihad Saâd est l'une des figures emblématiques du théâtre dans le monde arabe. Pendant une vingtaine d'années, il a fait le tour du monde cherchant toujours la nouveauté et l'originalité dans le théâtre qui est, pour lui, la vie. Il a eu le Tanit d'Or en 1995 aux JTC avec sa première pièce en tant que metteur en scène, Caligula, et il reçoit un hommage, cette année, pour sa carrière et ses œuvres. Dans une rencontre enthousiaste, Jihad Saâd nous a parlé de son théâtre et de ses convictions à cœur ouvert.Interview.

Comment était votre début dans le théâtre ?

Le plus grand projet de ma vie est le théâtre. Après des études en Egypte, j'ai travaillé comme acteur au théâtre national à Damas. J'ai travaillé avec beaucoup de groupes en Europe et en Amérique comme acteur dans des ateliers. Puis, j'ai commencé la mise en scène avec Caligula de Albert Camus qui a eu le Tanit d'Or aux JTC de 1995. En 2005, je suis revenu aux JTC avec « La migration d'Antigone » que j'ai écrite et réalisée. Disons que depuis 1986, j'ai écrit et réalisé plusieurs pièces Jason et Midia, et Iwaks (30 comédiens sur scène) et « hors la troupe », le dernier texte écrit par l'écrivain et poète Mohammed Maghout.
Je suis aussi professeur de Théâtre à l'Université des Beaux Arts de Damas. J'ai donné des cours, pendant plus que 10 ans, et j'ai assisté et encadré plusieurs comédiens et comédiennes (plus de 300 comédiens). J'ai beaucoup travaillé sur le théâtre classico-moderne.

Vous voulez dire, le théâtre expérimental ?

Oui, c'est exact. Mais l'expérimentation dans sa vraie dimension et non pas comme on l'a traduite en arabe. Parce que l'expérience est le savoir faire et non pas l'essai. Et c'est aussi en liaison avec la maîtrise perfectionniste comme était le ces pour Picasso qui laissait un cercle sur la porte quand il ne trouvait pas ses amis et ainsi on savait que c'était lui, parce qu'il est l'unique à pouvoir faire un cercle juste par la main. Un autre exemple est celui de la maîtrise de la géométrie à travers le tableau de Jésus de Salvador Dali. Donc, celui qui tente le théâtre expérimental doit d'abord exercer et maîtriser la plupart des genres théâtraux pour faire quelque chose de nouveau ou de différent.

Comment vous préparez vos pièces ?

Je fais des workshops avec 30 comédiens tous les 2 ou 3 mois à peu près pour faire des expériences. On compte sur l'improvisation et la communication entre acteurs. On travaille surtout sur la spiritualité des acteurs et leur présence et énergie ainsi que sur le corps comme moyen d'expression et non pas comme une masse. Et je pense que, mis à part le corps physique, il y a un autre invisible qu'on peut créer à l'instant même de la création sur scène. Donc, la création physique est liée à celle spirituelle ou mentale.

La plupart de vos pièces sont un travail de modernisation des grands classiques, est ce une préférence ?

J'ai constaté que je ne suis pas capable de travailler dans un théâtre traditionnel que je considère mort. Le théâtre est la vie. C'est quelque chose de vivant car il se déroule sur la scène donc il est dynamique. La création et l'improvisation sont ses principales composantes. Quand j'ai commencé à travailler avec des metteurs en scène et des comédiens traditionnels, je n'ai pas pu continuer et j'ai senti que l'énergie que je possède doit être exploitée ailleurs. A ce moment, j'ai commencé à faire des ateliers avec plusieurs comédiens. Tous les spectacles que j'ai présenté sont le fruit d'un travail de recherche avec les comédiens dans différents ateliers. C'est donc cet atmosphère expérimental qui m'a permis de moderniser les classiques et de faire, en général, un théâtre qui est innové et propre au Moi.

Après plus de 20 ans d'expérience, est ce que nous pouvons dire que vous avez un style propre à vous ?

Je pense qu'on ne doit pas arriver à ce stade. Il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir dans la vie et surtout dans le théâtre. Il ne faut jamais prévoir le futur mais le rêver et personnellement, je rêve le théâtre.

Certes, je travaille avec des axes fixes ou encore sur une base forte et solide mais aussi je laisse la champ libre à la création. La preuve est que les douze pièces que j'ai réalisé sont complètements différentes l'une de l'autre. A partir de ces axes, je commence à construire ou à détruire des choses jusqu'à arriver à créer une relation avec l'espace, le corps et l'énergie.

Parlons du côté spirituel dans vos pièces, est ce qu'il y a des valeurs que vous défendez toujours ?

Oui, je défends toujours et souvent l'Homme. Par exemple, la dernière pièce que j'ai écrite et que je suis en train de mettre en scène est « l'épopée de l'émigré ». Elle raconte l'histoire d'un émigré qui quitte son pays pour aller ailleurs sans savoir où exactement. Dans un passage, il dit, avec un français facile d'un émigré qui parle une langue qui n'est pas à lui, « Moi, je viens de l'autre côté de la mer, quand j'ai touché l'eau de chez moi, j'ai touché la mer dans le monde entier … et le même soleil qui brûle mes épaules, brûle les épaules de tout le monde… quelle différence entre nous ? Se sont quoi les quatre directions ? C'est quoi la nation ? C'est quoi la langue ? C'est quoi la patrie ? Je suis ni là, ni là bas, là où je suis, je ne suis pas… » C'est un extrait qui montre que la présence est liée à une pensée d'ailleurs. Le théâtre que je défends est vivant parce que je joue le théâtre dans le théâtre. L'Homme est la valeur qu'il faut toujours garder et peu importe le reste (lieu, temps, histoire, langue…)

Est-ce que vous pensez que le comédien doit être un autre auteur de la pièce théâtrale ?

Je pense que le texte est ce que nous voyons sur scène. Autrement, pourquoi nous faisons du théâtre ? Dans ce cas, on se contente de lire le texte tel qu'il est. Le spectacle est le texte qu'on ne finit jamais d'écrire et l'acteur doit participer à cette écriture ouverte en poursuivant le chemin du texte ouvert, simple et léger. Et cette réécriture doit se renouveler, chaque fois, sur scène et devant le public.

Est-ce que vous pensez qu'il y a un langage universel dans le théâtre ?

Je pense que, la langue des mouvements et l'expression corporelle, peuvent donner un aspect universel au théâtre. L'expression corporelle est très intéressante dans le sens où elle permet une ouverture sur l'autre. Je me rappelle bien de ma grand-mère quand elle a vu le film « Roméo et Juliette » et sans comprendre le dialogue, elle a compris l'histoire au point qu'elle a pleuré à cause du drame du couple.
Personnellement, j'ai découvert au cours de mes ateliers qu'il faut travailler sur le langage des mouvements. Dans mes pièces, je me concentre sur le mouvement sans paroles et ça fonctionne bien, partout où je présente mes pièces.

Qu'est ce que vous pensez du théâtre tunisien ?

C'est un vrai théâtre. Ses pionniers tels que Mohamed Driss, Fadel Jaibi, Taoufik Jebali, Moncef Souissi, Ezzidine Ganoun… ont beaucoup donné au théâtre tunisien qui est avancé à l'échelle mondiale. La preuve est la présentation de « Khamsoun » (pièce de Fadel Jaibi) à l'Au Déon à Paris. Je pense que le théâtre tunisien a fondé à un mouvement théâtral dans le monde arabe grâce à ses artistes très cultivés qui se sont inspiré de l'expérience européenne avec professionnalisme et qui ont, à leur tour, transmit leur expérience à l'occident.

Quelle est la situation du théâtre dans le monde arabe ?

Personne ne peut décrire la situation du théâtre dans le monde arabe (il ironise)… il n'y a pas de théâtre dans le monde arabe et tout le monde sait pourquoi… (Sans vouloir répondre à la question pourquoi)

Qu'est ce que vous pensez des JTC, de cette année ?

C'est un festival prestigieux, sympathique, sélectif dans ses choix, et chaleureux dans son accueil. Seulement, ils y manque les stars que nous voulons rencontrer et voir. Où peut être que les hommes de théâtre sont moins nombreux, malheureusement, de nos jours.

Mais, en général, je pense que les JTC sont réussies grâce aux pièces présentées. Ce qui est le plus important.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.