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La fabrique de Ebba Ksour : un témoin de l'histoire industrielle face à l'impasse du réel
Publié dans Tuniscope le 02 - 05 - 2025

Foncier embrouillé, normes obsolètes, pénurie en eau : l'usine centenaire de Dahmani ne pourra renaître comme moulin.
La visite du Président de la République à la fabrique de Ebba Ksour, le 1er mai 2025, a braqué les projecteurs sur un lieu emblématique mais en ruine. Chargé d'histoire, le bâtiment suscite à nouveau espoir et débats.
Pourtant, une analyse objective révèle une vérité difficile à contourner : le bâtiment, dans son état actuel, ne peut être restauré ni réexploité en tant que moulin.
C'est un lieu de mémoire, pas une base pour l'industrie moderne.
Un statut foncier embourbé Erigée en 1913 par la Société des Fermes françaises de Tunisie, cette fabrique était autrefois un moteur économique régional. Aujourd'hui, son dossier foncier est complexe et non clarifié. Entre héritages non réglés, morcellement des titres, et absence de cadastre actualisé, toute tentative de projet — public ou privé — est freinée par l'insécurité juridique du site.
Aucun investisseur sérieux ne prendra le risque sans une régularisation préalable.
Une restauration économiquement irrationnelle Restaurer cette fabrique dans sa fonction d'origine coûterait nettement plus cher que construire une nouvelle usine.
Pourquoi ?
La structure est dégradée et inadaptée aux machines modernes ; Les normes industrielles internationales (HACCP, ISO 22000, normes parasismiques, sécurité incendie, accessibilité) imposent des transformations profondes et coûteuses ; Les anciennes machines sont hors service et ne répondent plus aux exigences de productivité ni de sécurité. À cela s'ajoute un enjeu sanitaire et logistique : circuits d'eau, ventilation, traitement des déchets, accès camions… tout est à repenser.
Le coût de la mise à niveau serait disproportionné par rapport à une nouvelle construction. Une ressource clé incertaine : l'eau Un autre facteur fondamental souvent négligé est la disponibilité de la ressource en eau.
Toute activité de minoterie moderne nécessite : Une alimentation en eau fiable pour le nettoyage des grains et les procédés industriels, Une gestion conforme des rejets et effluents liquides.
Or, la région de Dahmani est confrontée à un stress hydrique croissant.
La pérennité en eau — tant en qualité qu'en quantité — constitue un frein majeur à la relance d'une activité industrielle lourde sur le site.
Sans garantie de ressource stable, tout investissement serait non durable, voire voué à l'échec.
Un emplacement stratégique… mais affaibli Il ne faut pas oublier que la fabrique de Ebba Ksour avait été implantée à un emplacement hautement stratégique, à proximité immédiate de la gare ferroviaire de marchandises. Cette configuration favorisait jadis le transport des céréales et la distribution des produits finis. Mais aujourd'hui, l'infrastructure ferroviaire elle-même est vieillissante et nécessite une rénovation lourde.
Sans une remise à niveau du réseau ferroviaire et logistique, même un projet modernisé sur ce site serait difficilement opérationnel. Une autre vocation possible Malgré tous ces obstacles, le bâtiment conserve un potentiel mémoriel ou touristique.
À condition d'une réhabilitation sérieuse, il pourrait accueillir : Une maison du patrimoine agricole, Un musée vivant des céréales, Ou même, à plus long terme, un hôtel de charme valorisant l'esthétique brute du patrimoine industriel.
Mais là encore, le coût de reconversion est élevé, les normes d'accueil du public sont strictes, et le flou foncier persiste. Un choix à faire : ruine romantique ou projet réaliste La fabrique de Ebba Ksour est un marqueur de l'histoire du Kef. Mais il faut éviter l'illusion de la nostalgie transformée en projet irréaliste.
La restauration "à l'identique" est un mirage coûteux et techniquement absurde dans ce cas précis.
Il est temps d'ouvrir un vrai débat sur ce que nous voulons faire de ce lieu : un souvenir à préserver, ou une base pour un nouveau projet, totalement repensé.

Soumaya HAMZAOUI Architecte


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