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HEDI OUELD BABALLAH : ‘J'ai payé très cher mon audace'
Publié dans Tuniscope le 24 - 09 - 2011

S'il y'a un artiste qui a trop souffert sous le régime de Ben Ali, c'est bel et bien l'humoriste Hédi Oueld Baballah qui a vu sa vie brisée parce qu'il a simplement imité le président déchu.
* Votre audace vous a couté très cher à l'époque de l'ancien régime lorsque vous avez imité Ben Ali ?
Hédi Oueld Baballah :Je fus victime des pires formes d'oppression et d'atteinte à ma personne et à ma dignité, mais je souffrais encore plus, comme tous les Tunisiens, de ce sentiment d'être à l'intérieur d'une grande prison.
* Mais ces sketchs ont été considérés comme un crime de lèse-majesté surtout lorsque vous avez osé les présenter dans une soirée du Rotary, et qu'ils aient tout de suite fait le buzz sur Internet. C'est là que les vrais problèmes ont commencé ?
H.O.B :A l'époque, il n'y avait que les soirées privées pour oser présenter ce genre de sketchs, mais même lors de ce genre de soirées, la police faisait à merveille son boulot. Il faut avouer qu'encourager par la réussite de ces sketchs et la réaction des gens, j'ai cru que finalement on pouvait s'exprimer librement et qu'il fallait instaurer une nouvelle vision des choses, mais j'ai été très vite remis à ma place. Dans un premier temps, j'ai été arrêté durant trois jours et passé à tabac dans les locaux de la police en mars 2007. Les pressions et la filature habituelle ont continué surtout lorsque je me suis permis de les défier et de présenter ces sketchs dans une soirée du Rotary club des médecins de Sfax devant un nombre élevé de présents, qui étaient ravis de mon traitement ironique et «piquant» de ces sujets «tabous», inspirés de notre réalité tunisienne et arabe.
Cela a paraît-il été la goutte qui a fait déborder le vase de leur patience, puisque je fus arrêté sur le chemin de mon retour à Tunis, au niveau du péage de Mornag. Là, les choses étaient déjà préparées et les accusations bien ficelées, avec au menu alcoolisme, détention et consommation de drogue, détention et trafic de devises, etc.
* Qu'est-ce qui s'est passé par la suite ?
H.O.B :J'ai été emmené à El Gorjani, cette célèbre «maison d'accueil» où je fus soumis à de longues heures d'interrogatoires.
Malgré les pressions et les intimidations, j'ai décidé de ne pas me laisser faire. Convaincu qu'il fallait les combattre sinon ils vont détruire ma vie, car à tout résumer, le nombre et la nature des délits qu'ils m'ont fait porter risquait de me revenir, à au moins quarante ans de prison, j'ai décidé de réagir, de combattre et de faire entendre ma voix. J'ai exigé de subir les analyses nécessaires afin de prouver mon innocence de l'accusation de la consommation de drogue. Mais dans le but de fausser la vérité, ils m'amenèrent un des leurs pour cet acte médical ; ce que j'ai refusé évidemment car j'ai senti que c'était un coup monté. Je n'ai pas cessé de clamer mon innocence.
*Dans la première affaire montée de toutes pièces, vous avez été condamné à une année de prison et à une amende de 1000 dinars?
H.O.B :Oui le 4 février 2007, bien que j'aie nié les faits et déclaré qu'il s'agit d'une machination policière liée à mes sketchs, le tribunal de première instance de Ben Arous m'a condamné à une année de prison ferme et une amende de mille dinars pour "détention d'une matière stupéfiante classée dans la catégorie B" (cannabis). Mais comme ce n'était que la punition sur une seule affaire et qu'il y avait d'autres en cours, il a fallu que je me défende autrement en entamant une grève de la faim et en attirant l'attention des organisations des droits de l'homme, des libertés d'expression et des ONG sur l'injustice que j'étais en train de subir.
*Justement, le fait que vous n'ayez pas été lâché par les défenseurs des droits de l'homme et par certains de vos collègues engagés, a mis beaucoup de pression sur le régime ?
H. O. B. :Ça c'est vrai, je serai toujours reconnaissant à ceux qui m'ont soutenu lors de ces moments difficiles. Plusieurs parties se sont levées pour me défendre et défendre ma cause, comme certaines figures de l'opposition, certains médias qui ont parlé de l'injustice dont je suis victime, certains organismes et des personnalités de l'opposition comme Sihem Ben Sedrine qui a tout fait pour me défendre et dénoncer ce que j'ai subi en ce temps-là de la part du régime de Ben Ali.
« Ma fille a été marquée à jamais par la terreur de l'ancien régime… »
*Pour sauver la face, face aux pressions des ONG et des défenseurs des droits de l'homme, le régime a fait semblant de vous gracier à l'occasion de la fête de l'indépendance, sans bien sûr vous poursuivre dans les autres affaires?
Ils ont compris que c'était suffisant pour me faire taire et que les pressions et autres retombées de l' affaire ne faisaient que salir encore plus la très mauvaise réputation de ce pouvoir. Et heureusement pour moi, après quelque quatre mois de souffrances, je suis sorti de prison encore plus fort et plus convaincu de la justesse de ma cause et de mon art.
*Mais votre famille a été marquée par cette affaire ?
H.O.B :Si c'est vrai, ce qui m'a par contre profondément touché et ne cesse de me bouleverser, ce sont les moments graves que j'ai vécus avec ma famille un de ces soirs, lorsque la police servile de Ben Ali avait fait une de ses descentes nocturnes chez moi, à deux heures du matin, pour soi-disant faire une fouille totalement débile et inutile à la recherche de je sais quoi. Je ne pardonnerais jamais à Ben Ali et à ses hommes ce qu'ils m'ont fait subir. En m'amenant devant les miens menotté et en agissant d'une manière agressive, voire sauvage, ils ont provoqué un état de peur et de frayeur indescriptibles chez ma famille et particulièrement chez ma petite fille âgée seulement de douze ans. Ce choc et cette terreur l'ont profondément marquée jusqu'à ces jours et les séquelles sont encore perceptibles dans ses comportements et ses réactions.
Sur ce point, je ne lâcherai jamais mes bourreaux et je les poursuivrai en justice afin de réparer le mal qu'ils nous ont fait à tous, à toute ma famille, maintenant que nos droits peuvent être préservés.
*Rien ne sera donc plus comme avant pour Hédi Oueld Baballah ?
H. O. B. : Certainement, bien que mes choix et mes principes restent les mêmes. Mais c'est au niveau de la responsabilité historique, devant le public et le peuple que les choses doivent être considérées. Autrement, je sens que ma responsabilité artistique et humaine est plus grande et plus engagée afin de présenter à ce public une matière conséquente et un contenu sérieux et consistant qui réponde à ses attentes.
Et en ces jours où la révolution impose d'autres critères de qualité et où l'engagement est de rigueur, seuls les plus méritants et les plus sincères s'imposeront sur la scène artistique, un milieu très sensible et très influent sur la prise de conscience de notre nouvelle réalité.
*Sur le plan professionnel, cet épisode vous a coûté très cher ?
H.O.B :C'est normal, je suis devenu indésirable et personne ne voulait faire travailler un artiste classé comme opposant et ennemi du régime de Ben Ali. Cela a été très dur de survivre dans ces conditions plus que pénibles.
* Votre « one man show » « Prisonnier 3300 » a connu une grande réussite après la révolution ?
H. O. B. : Je ne me suis jamais arrêté même sous la dictature, il est donc normal que la libération du pays me donné des ailes. «Prisonnier 3300» ; c'est d'ailleurs mon numéro d'incarcération en prison. Ce spectacle a connu une grande réussite parce que le public a senti qu'il est basé sur mon expérience et mes souffrances.
Ce spectacle est le fruit d'un long travail entamé depuis longtemps, bien avant notre révolution, grâce à la volonté de ceux qui croient en cet art engagé et je dois citer dans ce sens la productrice Faïza Karoui qui m'a soutenu dès les premiers jours pour monter ce spectacle.
* Après la tournée estivale quand verrons de nouveau ce spectacle ?
H. O.B : Celane tardera pas, après un repos mérité le spectacle sera présenté de nouveau au théâtre municipal de la ville de Tunis.


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