Dans un article publié le jeudi 22 Novembre 2018, le site électronique britannique ‘Middle East Eye' est revenu sur la grève générale des agents de la Fonction publique conduite par l'Union Générale Tunisienne du Travail, en protestation contre le non-respect du gouvernement des accords signés lors des dernières négociations, et son refus d'augmenter les fonctionnaires tel qu'il a été fait pour les agents du secteur public. Voici la traduction de ce qu'a publié Middle East Eye : « Près de 670 000 fonctionnaires tunisiens ont participé jeudi à une grève nationale pour protester contre le refus du gouvernement d'augmenter les salaires de la Fonction publique, au moment où les bailleurs de fonds internationaux font pression pour réduire la masse salariale du secteur public. La grève – la plus spectaculaire en cinq ans – est organisée par la puissante organisation syndicale « Union générale tunisienne du travail (UGTT) », dont les adhérents représentent environ 5% de la population tunisienne. L'UGTT s'est opposée aux réformes économiques agressives menées par le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, et appuyées par le Fonds monétaire international (FMI) afin de réduire le déficit budgétaire chronique de la Tunisie. Le syndicat avait appelé à des grèves les 24 octobre et 22 novembre pour protester contre l'incapacité du gouvernement à relever les salaires de centaines de milliers d'employés du secteur public. Les syndicats ont toutefois annulé leur grève d'octobre après que des mois de négociations avec le gouvernement aient abouti à un accord visant à augmenter les salaires de 150 000 employés. Mais sous la pression du FMI pour réduire la masse salariale du secteur public de 15,5% à 12,5% du PIB en 2020, le gouvernement a « renié ses promesses », selon un haut responsable de l'UGTT. La grève est principalement une réaction au non-respect par le gouvernement de trois accords antérieurs avec l'UGTT selon lesquels le gouvernement avait accepté d'entamer les négociations en vue d'une augmentation de salaire, a déclaré le responsable de la recherche de l'UGTT, Nizar Ben Salah. Selon ce responsable syndical, le secteur privé et certains secteurs du secteur public ont vu leur salaire augmenter de 6,5% cette année, mais la majorité des fonctionnaires ne verront pas leurs salaires augmenter, à l'inverse du gouvernement de Chahed. « Le gouvernement n'a pas honoré ses obligations envers les travailleurs afin de respecter ses engagements envers le FMI », a déclaré Ben Salah à Middle East Eye. « Une augmentation de salaire est essentielle pour préserver le pouvoir d'achat de la classe moyenne, colonne vertébrale de l'économie tunisienne », a-t-il ajouté. Il a déclaré que la grève de jeudi avait été « couronnée de succès » et qu'elle serait suivie d'une réunion de planification dimanche pour décider des prochaines étapes. A noter que quelques jours auparavant, le Parlement tunisien a approuvé un remaniement ministériel partiel proposé par Chahed, en poste depuis plus de deux ans. La Tunisie est considérée comme la seule démocratie réussie issue du ‘Printemps arabe'. Les analystes disent que cela tient en grande partie au fait que divers partis ont pu se mettre d'accord sur une constitution progressiste en 2014, puis ont mis en place une coalition gouvernementale inclusive. Cependant, les gouvernements successifs n'ont pas réussi à faire face à l'inflation élevée, à la corruption et au chômage, autant de griefs qui avaient déclenché la révolution de 2011, contre l'autocrate Zine El Abedin Ben Ali. » Source