Mon ami Habib Jerbi m'a raconté une belle histoire sur son mur, qui est moins un obstacle qu'une page de franche transparence et d'intérêt partagé, tellement touchante que je m'en vais la partager avec vous, cette histoire, en la traduisant aussi fidèlement que possible, peut-être bien parce qu'elle est une histoire de chez moi… une histoire des miens : A l'occasion du premier avril (pensez au poisson d'avril), voici une histoire authentique où il est question d'un poisson : Il y a deux jours, de bon matin, j'étais dans un marché de poissons de l'un des ports du Sahel, où il y avait un grand monde et des voix multiples… Il y avait là un vieil homme et son épouse, d'allure très modeste, regardant les poissons successivement exposés à la vente… Puis est venu le tour d'un grand poisson [un magnifique denti] d'être exposé à la vente. La vieille femme dit à son mari : « Je veux ce poisson ». Le vieux s'avança alors, hésitant à prendre part à la criée. Finalement, le dernier prix fut le sien, 170 dinars… La femme sortit l'argent qu'elle avait et le vieux fit comme elle… La somme fut de 165 dinars, sans plus… Le marchand renonça aux cinq dinars restants… Le vieux prit le poisson dans son couffin et de l'autre main tint le bras de son épouse et se dirigea vers la sortie… Les voix des présents s'élevèrent alors, vendeurs et achteurs, de façon spontanée : « Vive l'amour… Vive l'amour… Vive l'amour ». Le cri se répéta plusieurs fois… et cela couvrit tous les détails de cet épisode et les autres significations qu'il pourrait avoir.