L'affaire de la jeune fille, violée par des policiers en service, en présence de son fiancé, n'est pas un banal fait divers comme s'ingénient à nous le faire croire les autorités compétentes (objectives, clairvoyantes, équitables et tout le tralala), en l'occurrence les ministères de l'intérieur et de la justice. Le traitement, « original » de l'avis de tous, de cet incident, somme toute dérisoire en dépit des récriminations outrancières et démesurées des anarchistes, ennemis de la légitimité, en ces temps d'exception où plus aucun fait national n'accède vraiment, selon les vues – ô combien judicieuses ! – d'une députée de l'ANC, à la dignité d'un évènement digne d'intérêt. Rien d'étonnant alors que le « viol » de l'ambassade américaine par des hordes haineuses et aguerries, survoltées par des prêches insidieux, proférés en toute impunité par des auxiliaires de l'Etat dans des établissements religieux gérés par l'Etat, ait été considéré, par la lumière nahdhaouie de l'ANC, comme un fait passager et partant anodin ! Le viol d'une jeune dévergondée par des agents de l'ordre devrait être appréhendé en principe de la même manière. Il faut être vraiment de mauvaise foi pour y voir un crime, que certains – comble de l'inconséquence ! – n'hésitent pas de qualifier d'ignoble, de crapuleux, d'inadmissible, et j'en passe ! Ces gens-là oublient sciemment que la prétendue victime a fait de son mieux pour s'attirer des ennuis. Son viol, elle l'aurait cherché ! Les policiers sont formels sur ce point. Et les policiers ne mentent pas. Des témoignages concordants, émanant de ces dignes auxiliaires de l'Etat, qui plus assermentés (détail capital que les sophistes indignés passent sous silence), sont explicites à ce propos. Bien plus, ils sont catégoriques. Et les policiers, comme chacun sait, ne mentent pas ! Si cette fille avait été agressée, c'est parce qu'elle avait offert à ses agresseurs présumés l'occasion de le faire. Elle les aurait, volontairement ou involontairement peu importe, exhorté à abuser d'elle. Les policiers sont unanimes là-dessus, et les policiers ne mentent pas ! Il est donc tout à fait normal que la dévergondée, doublée d'une allumeuse, soit trainée en justice pour viol (dit, euphémisme oblige, « atteinte »,) des bonnes mœurs. Etre dans la rue, à minuit, en compagnie d'un étranger, n'est pas une attitude digne d'une fille de bonne famille. Si c'était le cas, l'intéressée ne se serait jamais laisser caresser et tripoter outrageusement, sur la voie publique, par son chevalier servant, son soi-disant fiancé ! Si tous les fiancés agissaient comme ce couple de délurés, la rue se transformerait – ô scandale ! – en un véritable lupanar ! Qui ne verrait pas dans cette conduite intolérable une provocation ou, ce qui revient strictement au même, une invitation ?! Les pauvres policiers, êtres de chair et de sang comme nous tous (rappelez-vous s'il vous plaît que la chair est faible), se sont empressés d'accomplir leur devoir : ils ont mis fin à l'abomination, mieux au sacrilège. Voilà tout ! Les coupeurs de cheveux en mille, mus par la volonté d'instrumentaliser politiquement un fait si dérisoire, crient au scandale, prétendant que le rôle des policiers est d'arrêter fauteurs et fauteuses et non de les violer. Ils prétendent également que les policiers violeurs ne pourraient en aucun cas servir de témoins à charge contre leur propre victime. A ces sophistes, en mal d'inspiration, les autorités compétentes, en charge de ce dossier délicat, leur rappellent ceci : le dévergondage est la cause du viol et non l'inverse. Il est donc logique de s'attaquer à la cause première du mal ! En traduisant le dévergondage en justice, l'intention – ô combien louable ! – des autorités est bel et bien d'éradiquer le mal ! Le dévergondage est en soi un viol de la moralité publique et, bien plus grave, du sacré et, en tant que tel, il est de loin – de très loin – bien plus grave que l'acte déplorable, et parfaitement naturel, qui en est résulté. En somme, le viol de la dévergondée est une infraction mineure par rapport au crime perpétré par la victime présumée. Aux sophistes, en mal d'arguments, les autorités compétentes – et trop bien inspirées n'en déplaise aux envieux – rappellent cette vérité de Lapalisse : Qui viole est violé ! Cette sublime vérité pourrait s'énoncer ainsi : Qui sème l'impudeur, récolte le viol ou, pour user d'un adage du terroir : A une violeuse violeur et demi, ou même deux si cela s'avère nécessaire !