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LE MOT POUR LE DIRE : A FORCE D'ILLUSIONNER !
Publié dans Tunivisions le 23 - 11 - 2012

« Plus que la religion, le cynisme commet l'erreur d'accorder trop d'attention à l'homme », et, pire encore, à un homme en particulier.
Cioran, Syllogismes de l'amertume
A FORCE D'ILLUSIONNER([1]) !
Par Fredj Lahouar
L'illusionniste, à l'instar du sorcier, sème le bien-être là où sévit la désolation et croit ainsi apporter aux victimes du mauvais sort un soulagement certain, alors qu'il ne fait qu'attiser leur peine ! Mais l'illusionniste se soucie peu de la santé de son monde, seul lui importe l'instant aux proportions d'éternité dont il estime être le dépositaire ! Un instant qui n'appartient donc qu'à lui et dont il fait, mû par une abnégation sans faille, l'histoire de l'univers et de l'humanité. Chez lui, le cynisme s'identifie à l'idéalisme : il en résulte un aveuglement touchant et sublime que ce virtuose du dogme convertit en humanisme de haut ton.
Ainsi naissent mythes et légendes et, en conséquence, grossit le cortège des messies qui s'emploient de toute leur force à servir le bonheur de leurs pauvres semblables. Quand un homme, converti en messie, décide, sans consulter personne, que ses contemporains souffrent d'un manque cuisant, et qu'il lui revient, à lui, de l'éradiquer, il serait difficile, voire impossible, de le faire revenir sur sa noble décision. Se désister lui coûterait la vie ! Mais pas seulement la sienne. Des fois mêmes, c'est la vie d'autrui qu'il sacrifie sur l'autel de sa gloire. Après quoi, il se met à pleurer la chère défunte ! Il n'a donc qu'une solution : persévérer dans cette voie jusqu'à l'extrême limite ou, faute de pouvoir détruire le monde corrompu, il se détruira lui-même, n'ayant plus rien sous la main pour assouvir sa soif vindicative. Il arrive en effet que l'illusionniste déguisé en messie, trahi par des moyens peu appropriés à la nature de sa mission, s'immole pour ne pas avoir à endurer les affres de la déroute !
Il serait difficile de dire si le sujet, atteint de cette tare atroce, fabule, déraisonne ou abuse allègrement son monde ! Le ton candide que l'illusionniste affecte, pour débiter ses nostalgeries([2]), à le considérer de près, incline à penser qu'il entend sérieusement ce qu'il dit ! Il est vain de vouloir détecter, dans son verbiage, les indices qui en attestent la sincérité, car il n'y a rien dans cet amas de solides vieilleries([3]), en dehors de la grandiloquence tapageuse, la moindre trace de l'homme – de la vie surtout – que l'illusionniste, à force d'illusionner justement([4]), a fini par étouffer en lui.
Ce détachement souverain que l'illusionniste, dans son commerce avec le monde et les hommes, produit comme un miracle toujours renouvelé, il le doit à une expérience alchimique qui fait superposer, en lui, dans une synthèse parfaite, l'objectif et le subjectif, de telle sorte que son faire, fruit d'un talent inégalé jusqu'ici (ou prétendu tel, procédant, à l'en croire, du pur miracle), devient la Référence, l'Alternative, le Choix (par excellence, cela s'entend !) que le public – dit aussi la Omma – ce témoin indispensable de son génie, se doit de cautionner et d'agréer. Bien plus, son faire, salvateur pour lui-même et pour son environnement (surtout pour ce dernier), s'avère être d'une efficacité telle qu'il réussit l'épreuve, à nul autre possible, d'immobiliser la marche inexorable du temps et d'annuler la loi de l'attraction.
Le résultat est littéralement sidérant : tout, sous le soleil, change([5]), tout évolue, tout se transforme dans ce pauvre monde, livré à la folie dévastatrice de l'évolution, tout se métamorphose en somme dans le cosmos à l'exception de son univers à lui, son bout de paradis, cette Tunisie bénie par la mer toute proche. Elle, Dieu merci, demeure farouchement fidèle à ses réflexes vétustes et vit au rythme des jeux féeriques que l'illusionniste, dans son infinie magnanimité, propose, au fil des révolutions printanières et des anniversaires renouvelés, à son insatiable curiosité !
Dans ce bout de paradis, il n'y aurait donc rien que du vétuste, à commencer par l'homme lui-même, imbu d'une foi immuable ; d'excellents spécimen des enfants d'Eve et d'Adam, éprouvés par l'expérience et l'adversité et dont la fidélité à l'illusionniste – le garant et le porte-parole d'une identité en péril – est à toute épreuve. Il est attesté en effet que l'homme mûr (obligé de traiter quotidiennement sa mine et ses couleurs pour se donner bonne contenance !) est le seul qui ait l'insigne privilège de porter sur les objets du monde un regard vétuste, c'est-à-dire neuf. La vieillesse qui rime avec sagesse, (ce que bon nombre des détracteurs de l'illusionniste passent sous silence), est ce qui donne à cet univers de débâcle son charme et son sens profond !
Voltaire a tort, lui qui avait foi dans la perfectibilité de l'homme et dans la fatalité du progrès. Monsieur Voltaire aurait, dans son enthousiasme partisan, perdu de vue les magnifiques vertus de la vétusté([6]). Aussi s'était-il injustement acharné sur les vétusteries([7]) de son temps. Cette dernière trouvaille est à mettre sur le compte du grand Rabelais qui, soit dit en passant, a été un grand démolisseur des choses vétustes, c'est-à-dire délabrées, de son temps, à commencer par la loyauté à l'idiome lui-même ! Son slogan, à Rabelais qui n'était pas médecin pour rien, était le suivant : une langue qui n'évacue pas constamment ses vétustés, ne mérite pas de vivre ! Idem pour les pays, la Tunisie comprise. Idem pour les nations, la musulmane comprise.
L'illusionniste, qui ne désarme jamais, se donne la peine de préciser à ses adeptes que ce manque de perspicacité, de la part d'un monstre sacré de la stature de ce Voltaire – que Dieu le damne –, s'explique aisément par le fait que cet énergumène, mécréant de surcroît, manquait cruellement de fantaisie pour tempérer une intelligence un peu trop portée sur les choses pratiques de l'existence ! L'âme, qui mobilise toute l'énergie de l'illusionniste, n'intéressait pas du tout l'auteur du Dictionnaire philosophique. Il est donc normal, continue le virulent pourfendeur du matérialisme aberrant, que ce soit Socrate, en lui, qui ait survécu à Homère et – et c'est là le plus important – à Hérodote !
Ceci dit, il ne vient pas à l'esprit de l'illusionniste de céder la parole aux maudits qu'il gouverne d'un bras de fer pour qu'ils disent ce qu'ils pensent de cette maladresse de l'immense Voltaire et de son miracle à lui, l'Infaillible, c'est-à-dire son bout de Tunisie, en dehors de l'espace et du temps, bien à l'abri de la vie. L'essentiel, argue-t-il, n'est-il pas dans ce que pensent les bienheureux, ces âmes pures qui l'applaudissent jour et nuit ? Elles seules comptent. Celles-là, l'illusionniste s'est fait un devoir de parler en leur nom. Lui, qui règle tout dans son Eden réfractaire aux Lumières, sait parfaitement ce qui se passe dans la conscience paisible de ses ouailles et se permet, dans sa générosité, de le traduire au moyen de ces magnifiques paraboles dont il est le seul – cela va de soi – à connaître le secret ! Les autres, les maudits en tête (ces satanés laïcs qui empestent la transgression), n'ont pas voix au chapitre !
Que ses allégations puissent paraître tendancieuses, voire racistes puisqu'elles supposent aux élus de son bout de paradis (réduit aux quart de la minuscule République de Tunisie), échappé miraculeusement au cyclone de l'évolution, une intelligence dont le commun des mortels serait dépourvu ; cela n'indispose aucunement l'illusionniste et n'affecte en rien son assurance. La raison en est que ce digne fabricant de féeries a la très bonne habitude de ne se soucier que de ce qui le regarde et, en premier lieu, de sa lignée – dite également salaf –, de son fief, de sa poule aux œufs d'or et de son Emirat aux couleurs de califat !
C'est pourquoi ce bout de paradis devrait impérativement rester à l'abri des soubresauts qui risquent de le corrompre et de compromettre ainsi le grand rêve que l'altruiste invétéré – son sauveur providentiel – est en train de bâtir à coups de fables et de ligues. Avec ce monument de bon sens et de bon goût qu'est son bout de paradis, il espère pouvoir sauver un jour l'humanité décadente ! Ce jour-là, toute la terre viendra frapper aux portes de son bout de paradis pour y trouver refuge et se régaler de ses délices ! Ce jour-là, porté sur les épaules de ses séides, l'illusionniste annoncera la fin du monde et de l'homme et, Dieu merci, l'avènement d'un monde meilleur, c'est-à-dire d'un monde vétuste, mais pas du tout délabré, assure-t-il du bout des lèvres au troupeau prostré à ses pieds.
Et dire que le monde n'arrête pas de se démener autour de nous dans l'espoir, improbable il est vrai, de nous faire comprendre que l'essentiel n'est pas dans le vétuste, et encore moins dans le délabré, ces sombres joyaux de la mort, mais dans ce que nous inspire le moment. Bon ou mauvais, peu importe, car il n'est du droit de personne de confisquer l'Histoire au nom d'une illusion !


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