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Chronique, LE MOT POUR LE DIRE : BILAN
Publié dans Tunivisions le 04 - 03 - 2013


Cioran, Précis de décomposition
La violence n'a jamais été aussi évidente qu'elle ne l'est aujourd'hui dans un pays réputé être l'un des plus sereins et des plus pacifistes au monde. Pour être plus précis, il conviendrait d'ajouter que la violence a fait son entrée dans le pays avec l'avènement des islamistes au pouvoir. Tout d'abord, parce qu'ils ont consacré leur victoire électorale, somme toute très relative, comme une véritable conquête et qu'ils se sont comportés en conséquence en procédant manu militari à une refonte de l'Etat et de la société. Ensuite, parce que, en agissant de la sorte et avec une arrogance sans pareille, ils ont tourné le dos à leurs promesses électorales concernant leur détermination de préserver, en particulier, la laïcité de l'Etat et les acquis de la femme tunisienne. Enfin parce que, pour des raisons stratégiques évidentes, ils ont conclu, en plus de leurs alliances apparentes avec leurs partenaires, présumés laïcs, de la prétendue Troïka, des alliances secrètes, et de loin plus sûres, avec des factions islamistes extrémistes qui ne cachent pas leur prédilection pour la violence sacrée.
Le résultat ne s'est pas fait attendre. En moins d'une année et demie, l'œuvre de démolition de la Tunisie est quasiment accomplie. En tout cas, elle aurait atteint aujourd'hui son apogée, surtout après l'attentat qui a coûté sa vie au martyr Chokri Belaïd, le 6 février 2013. Ce crime n'aurait pas été possible si l'Etat, par une volonté politique délibérée, n'avait pas été sciemment affaibli. L'aspect le plus désolant de ce sabotage criminel consiste dans le sentiment d'insécurité qui s'est installé dans le pays. Les forces de l'ordre, dont les rigueurs ont frappé les agents de la société civile et les laissés pour compte des régions intérieures (Siliana), affichent une passivité déconcertante face aux hordes de salafistes fanatisées et aux brigades agressives qui sévissent au nom d'une révolution, confisquée et dévoyée par le pouvoir en place.
Les Tunisiens assistent, sidérés et impuissants, à la déliquescence de leur Etat, pourtant l'un des plus forts et des plus modernes dans le monde arabe, en voyant défiler, de temps en temps, les cortèges macabres des forces de l'ordre parallèles, composées par des salafistes hirsutes et arrogants, déployant leurs bannières lugubres. Quand un pays tolère des écarts aussi insupportables, il ne faut s'étonner qu'il soit au bord de la faillite. Les investisseurs étrangers, dont un grand nombre ont déjà plié bagage, ne pourraient qu'être alarmés par autant d'inconséquence et de laxisme. Certains responsables islamistes – les seuls qui aient voix au chapitre – affirment, avec un incomparable aplomb, qu'il n'y a rien d'alarmant dans le fait que, dans des circonstances particulières, des citoyens viennent au secours des agents de l'ordre !
Pas un mot sur les bannières salafistes, sur les armes blanches dont se servent cette police de fortune, sur les moyens logistiques (autos et motos) dont elle dispose, sur les exactions de ces éléments parasitaires et les crimes dont ils se rendent coupables sous l'effet d'un enthousiasme partisan. Il n'y aurait rien de vraiment anormal dans tout cela. Il n'y aurait rien d'anormal également dans le fait qu'une association de redresseurs de torts, présidée par un illuminé ignare, se permette de s'immiscer dans les affaires des citoyens au nom d'une autorité morale qu'elle s'est octroyée elle-même et que les islamistes au pouvoir, en la personne du ministre de l'intérieur et futur chef de l'exécutif, ont accréditée et légalisée. Cela veut dire, en clair, qu'une police religieuse des mœurs existe désormais pour conforter la police salafiste parallèle qui s'est imposée de fait !
Monsieur le ministre du culte, soucieux de préserver la liberté d'expression des siens, gagnée au prix d'énormes sacrifices, soutient qu'il est du droit des imams, en leur qualité de citoyens, de se prononcer sur les affaires publiques. En conséquence, monsieur le ministre ne s'offusque point des écarts de langage de certains de ses administrés, de l'enthousiasme partisan de certains autres, allant jusqu'à la proclamation de la guerre sainte contre les mécréants, les déracinés francophones et les ennemis de l'Islam. Il n'y aurait rien d'illégal dans les appels au meurtre, proférés par des imams contre des personnes, citées nommément en pleine mosquée, dont feu Chokri Belaïd et Hamma Hammami. Tout cela s'inscrirait, selon le ministre du culte, dans le cadre de la sacro-sainte liberté d'expression et devrait être admis, en conséquence, comme faisant partie des acquis de la révolution.
Rappelons que l'attitude du ministre du culte est confortée par bien d'autres prises de position de députés, de leaders et de responsables politiques d'obédience islamiste. Pour eux, la neutralité des mosquées serait une exigence injuste dont l'objectif évident est de préparer le terrain au retour de la dictature et, partant, à la persécution des islamistes. Pour contrer ce projet insidieux, il est donc légitime d'œuvrer pour l'immunisation de la révolution. Il est tout aussi légitime de conforter les efforts des LDR qui s'emploient, de leur mieux, à barrer la route aux contre-révolutionnaires. Il est légitime également de dénoncer la violence des ennemis des champions des élections du 23 octobre 2011 et de menacer de « trancher la main » à quiconque se risquerait à leur porter préjudice. Il est légitime enfin que le chef des champions imbattables défile, en toute pompe dans l'Avenue Habib Bourguiba, entouré de ses troupes et de ses hommes de main pour proclamer, entre autres vérités sidérales dont il a seul le secret, qu'il est tout à fait normal, dans le contexte révolutionnaire qui est le nôtre, que se produisent des attentats.
Feu Chokri Belaïd aurait donc succombé à cette fatalité révolutionnaire et, probablement aussi, à sa mauvaise chance qui l'aurait placé à la mauvaise place au mauvais moment. Rien de plus. La Tunisie succomberait, à son tour, à cette même fatalité révolutionnaire en vertu de laquelle un député d'Ennahdha se permet, sous la voûte de l'hémicycle, où il siège au nom de la République (dont ne subsiste que le nom), d'exiger l'application des peines corporelles prévues par la Shari'a. Un autre, que le contribuable paye pour sa participation à la rédaction de la constitution, brandit tout haut le Coran tout haut et accuse d'apostasie l'un de ses collègues !
Tous ces faits que nous venons de consigner, et bien d'autres dont nous n'avons pas parlé (dont en particulier la destruction des mausolées) n'auraient, selon les idéologues islamistes, rien à voir avec le climat de violence qui règne dans le pays, ni avec la banqueroute imminente, ni avec l'attentat du martyr Chokri Belaïd. Ce dernier, à en croire les premières conclusions de l'enquête, aurait été assassiné par des extrémistes religieux. Or, les extrémistes de cet ordre, jusqu'à preuve du contraire, ne figurent ni dans le gouvernement, ni dans aucune autre institution de la république de Tunisie, gouvernée, ne cesse-t-on de nous le rappeler, par un parti islamiste des plus modérés au monde !
Quant à la question de savoir pourquoi la Tunisie s'est retrouvée, avec l'avènement des islamistes au pouvoir, dans un tel état de délabrement, la faute reviendrait indubitablement, selon les vues infaillibles du leader des champions en titre, à la seule révolution : le sang du martyr (statut que lui méconnaissent obstinément les islamistes au pouvoir) est le tribut d'une révolution qui a définitivement consacré la gloire des hommes de Dieu.


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