N'est-ce pas étonnant que ce soit Ennahdha, pratiquement, le seul parti qui soit parmi ceux ayant un poids forçant à le prendre en considération et qui n'ait pas eu de grands litiges à propos de ses listes électorales ? En tout cas, s'il en a, l'affaire semble demeurer dans le cercle interne, sans grand tapage médiatique, même pour les plus « dissidents », à la Mrad et Bentoumia. Ce vendredi 22 août encore, A. Mekki, chapeautant la liste du Kef, s'exprimait sur les ondes d'une radio privée et mettait en valeur la discipline de Samir Dilou, qui perd son statut de tête de liste en 2011 et qui a accepté sportivement et sereinement de se laisser reléguer à la troisième place, malgré son activisme et son rendement incontestables. Histoire d'accepter les règles du jeu d'une démocratie interne qui sonne davantage comme une rigueur de fonctionnement. Cette discipline, car c'est de cela qu'il s'agit, nous rappelle la rigueur et la discipline qui avaient prévalu à un certain moment dans l'unique parti au pouvoir en Tunisie, le PSD et son héritier légitime, le RCD. En adoptant la même organisation que celui-ci, Ennahdha s'inscrit dans la logique du pouvoir effectif et trouverait des raisons de vanter le mérite de ses structures et de ses militants devant l'amateurisme politique (qui n'a rien à voir avec l'amateurisme de gouvernement dont a été taxée Ennahdha, sans grand tort) de ses adversaires. Il y a à croire que même l'ancienne machine PSD-RCD n'est plus à l'heure de cette rigueur et de la discipline qui en découle. Ses militants et ses dirigeants qui, avant, n'osaient sortir un souffle de mécontentement devant les décisions centrales (qui prenaient d'ailleurs au moins l'allure d'une consultation démarrant à la base), aujourd'hui menacent de brûler la maison et de contrer le processus, pour la moindre insatisfaction. Ce n'est pas différent dans les partis dits « démocrates et progressistes ». En même temps, chacun semble jurer ses grands dieux que le Mouvement Ennahdha allait être délogé du pouvoir ! Ennahdha a désormais des structures tentaculaires dans le pays et la communication y va dans les deux sens : de haut en bas et de bas en haut. En plus, ce parti a ses antennes, « des intrus » qu'on les appelle, dans les autres partis et dans les listes indépendantes. Le plus étonnant, dans cela, c'est qu'à peine quelqu'un dit-il démissionner d'Ennahdha qu'un autre parti lui offre la tête d'une de ses listes. Drôle de naïveté politique ! Ne sait-on pas qu'Ennahdha est le seul parti dont on puisse dire ce qu'a dit le poète : Déplace ton cœur dans tout amour que tu veuilles Il n'est d'amour vrai que pour le premier amour.