En fin d'après-midi du jeudi 02 octobre 2014, Nidhal Ouerfelli, le ministre chargé de la coordination et du suivi des Affaires économiques et porte-parole du gouvernement de Mehdi Jomaa, faisait le voyage à Paris, dans un vol de la Compagnie nationale Tunisair, pour aller rendre visite à sa famille restée dans la capitale française. Nous avons eu un échange avec lui, convivial et sympathique, le sourire inaltérable de notre interlocuteur aidant. Il a accepté, amicalement dirions-nous, de répondre à nos questions avec l'enthousiasme de quelqu'un qui semble avoir un rêve dans le cœur et un projet dans la tête. Tunivisions.net : Comment le gouvernement voit-il les aléas et les premiers problèmes des élections ? N. Ouerfelli : Le gouvernement prépare tout le terrain et l'ensemble de l'environnement pour la réussite des élections législatives ainsi que les élections présidentielles. Bien évidemment on est en contact direct avec l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) pour préparer ce terrain et on a pris un ensemble de précautions. Pas plus loin qu'il y a un jour, nous avons organisé un conseil ministériel restreint pour voir tout le volet des logistiques, les moyens matériels et sécuritaires pour assurer le bon déroulement des élections. Néanmoins, à part cette programmation et mise en place d'un environnement favorable aux élections qui devront être transparentes et dans leurs délais, le gouvernement n'interfère pas dans les aléas actuels, relatifs aux participants aux élections présidentielles. Tunivisions.net : Le gouvernement travaille déjà, sans doute, sur le budget 2015 ; quel intérêt aurait ce travail sans une idée relativement claire sur les grandes orientations du prochain gouvernement ? N. Ouerfelli : En effet, nous y travaillons et vous avez entièrement raison de poser cette question. Néanmoins, du point de vue constitutionnel, selon la nouvelle constitution, le gouvernement en place doit déposer la loi de finances de 2015 avant le 15 octobre 2014. Donc ce gouvernement est dans l'obligation de déposer une loi de finances concernant l'année 2015 et, je vous assure que ce gouvernement lui-même va la défendre devant la nouvelle assemblée, l'assemblée du peuple, dans l'obligation d'adopter la loi de finances 2015 avant la fin de l'année 2014, avant le 31 décembre 2014. Par conséquent, nous mettons nous, le grand axe relatif à cette loi de finances qui sera une continuité des réformes menées dans la loi de finances complémentaire et au prochain gouvernement d'en faire ce qu'il veut pour l'année 2015. Je rajouterai un point, c'est que l'actuel gouvernement, dans le cadre de la loi de finances 2015, essaie de trouver tout le soutien matériel et financier pour que le prochain gouvernement arrive avec un coussin d'air assez favorable pour le démarrage du prochain gouvernement. Nous sommes en train de préparer le terrain pour que le prochain gouvernement entame la prochaine année avec une certaine aisance en matière financière. Tunivisions.net : Et les problèmes avec l'UGTT, n'est-ce pas une donne difficile à gérer à ce moment précis de la transition ? N. Ouerfelli : Vous savez très bien que nous avons de très bonnes relations avec l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT). Ce qui a présidé à la qualité de ces relations, depuis la première réunion entre le gouvernement et l'UGTT le 12 mars 2014, c'est la confiance et de très bonnes relations non seulement au niveau professionnel, mais aussi personnel. Néanmoins, il y a un certain nombre de points sur lesquels le gouvernement a donné son point de vue, et nous sommes en négociation à ce propos avec l'UGTT. Tunivisions.net : Pouvez-vous nous dire quelque chose en guise de premier bilan du gouvernement des compétences ? N. Ouerfelli : La réponse est très simple : ce n'est pas l'heure des bilans aujourd'hui. C'est comme pour un match de football : il faut arriver jusqu'au bout et après on fera le bilan nécessaire ; et ce ne sera pas le gouvernement qui va faire le bilan. Tunivisions.net : Etes-vous optimiste pour l'avenir de la transition démocratique en Tunisie, malgré tout ? N. Ouerfelli : Absolument, pour ce qui concerne la transition. Moi, personnellement, je suis très optimiste concernant la transition. Nous avons passé, à mon sens, l'essentiel des composantes de la transition démocratique en Tunisie, notamment sur le plan politique, avec une première alternance qui a été faite l'année dernière et cela s'est très bien passé. Maintenant, du côté constitutionnel, avec une constitution qui a été internationalement reconnue et bien félicitée. Sur le plan social, il nous reste beaucoup à faire. Moyennant, maintenant, la réussite des élections législatives et présidentielles, et la convergence de tous ces éléments, nous allons vers une transition qui est une vraie réussite. Ce qui démontre aussi la réussite du processus transitionnel en Tunisie, c'est la participation notamment, dans le cadre de la conférence Invest in Tunisia, d'un certain nombre de hautes personnalités et de pays qui ont démontré véritablement, non pas seulement un soutien à ce gouvernement, mais une vraie confiance dans le processus transitionnel par lequel passe la Tunisie actuellement. Tunivisions.net : Donc optimiste aussi pour le redressement économique prochain du pays ? N. Ouerfelli : Moi, je définis un optimiste comme un pessimiste qui a de l'expérience. Pour le redressement, il nous reste beaucoup à faire aujourd'hui, particulièrement sur le plan des finances publiques, mais aussi en ce qui concerne la balance commerciale et la balance de paiement, mais aussi de faire tout le travail pour mettre l'investissement au cœur de la dynamique économique. Les enjeux et les défis sont très importants, surtout l'année prochaine et les deux prochaines années. J'espère que, à travers le retour en confiance de l'investissement en Tunisie, à travers le travail, à travail l'augmentation et l'amélioration de la productivité, prendre une certaine puissance économique qui permettra la création de la richesse.