Comme beaucoup de Tunisiens, je suis de ceux qui ont salué vos prises de position avant et après le 14 Janvier 2011 tant vous portez les valeurs de militantisme et vous défendez les droits universels des travailleurs. Comme beaucoup de Tunisiens, je me suis félicité de vos initiatives pour dénouer la crise politique, réconcilier le tunisien avec la combativité désintéressée et rompre avec le clientélisme , l'esprit clanique et la dictature de la Finance. Comme beaucoup de Tunisiens, je me suis offusqué contre les attaques orchestrées contre votre institution et les agressions contre les syndicalistes. Mais, messieurs de l'UGTT, les louanges n'excluent en rien les critiques et les tunisiens sont en droit de s'interroger sur le pourquoi de ce virage social qui s'apparente beaucoup plus au chantage qu'au militantisme. Messieurs de l'UGTT, ne brisez pas cet élan de reconstruction et ne ternissez pas l'image d'une institution centenaire et prestigieuse qui a abrité toutes les douleurs et tous les combats de la Tunisie. Messieurs de l'UGTT, les tunisiens sont hébétés et consternés par les grèves injustifiées qui paralysent le pays et hypothèquent l'avenir des futures générations. Alors que le pays est miné par les menaces terroristes et que nos soldats et policiers y font fasse avec bravoure et courage malgré des conditions matérielles et sociales précaires, certaines grèves peuvent paraitre incongrues et irrespectueuses. Messieurs de l'UGTT, tout finit par se savoir et vos brillants orateurs qui se relayent sur les plateaux télé et radios pour porter la bonne parole de la centrale syndicale ne pourront plus convaincre les tunisiens. Comment justifier la grève des enseignants et exiger des primes et des augmentations alors que beaucoup d'autres corporations dont la pénibilité est plus flagrante travaillent dans le silence et l'abnégation ? Comment justifier la fermeture de grandes entreprises étrangères et le chômage forcé de milliers de tunisiens pour remporter un simple bras de fer avec l'UTICA ? Comment expliquer qu'une poignée de syndicalistes décident de du droit inaliénable au travail de milliers de salariés ? Comment justifier que les plus grandes entreprises étrangères quittent le pays et provoquent la perte de milliers d'emploi à cause des doléances exagérées ? Comment expliquer que les sociétés pétrolières comme ENI ont quitté le pays et que d'autres menacent de le faire face au chantage de certains ? Comment expliquer l'arrêt de travail depuis 14 Jours chez Petrofac aux iles de Kerkennah alors que la compagnie pétrolière a largement investi dans le social et l'associatif ? D'une maison de tous les tunisiens, l'UGTT est en train de se transformer en antichambre du chantage, d'un ring de bras de fer et d'un sanctuaire qui dicte ses Fetwas pour les arrêts de travail , la liquidation de société et la mise à mort de milliers de tunisiens non pas par les armes du terrorisme mais par le chômage , la pauvreté et la faim. Messieurs de l'UGTT, nous aimons notre Tunisie avec son ETAT, ses Institutions, son Administration, ses fonctionnaires, ses travailleurs, ses syndicalistes, ses hommes d'affaires et ses investisseurs étrangers et nous craignons que notre pays et son économie explosent comme un château de cartes du fait des tiraillements qui y prévalaient. Devant Dieu, la Patrie et l'Histoire, l'UGTT portera la responsabilité de ce qui adviendra de ce peuple et si réellement le Syndicat aspire à la postérité des grands mouvements , il doit se ressaisir , rectifier le tir et abonder dans le vœu de tous les tunisiens : reconstruire son pays pour créer de la croissance et de la richesse pour tous les acteurs sociaux.