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Tunisie: Impératif de repenser le partenariat avec l'Union européenne
Publié dans WMC actualités le 19 - 02 - 2011

Si les hommes politiques en Europe et notamment en France se cachent derrière le devoir de réserve et la volonté de non ingérence dans les affaires de la Tunisie pour expliquer leur silence assourdissant durant 23 ans de dictature, il reste tout de même tout un volet compromettant qui contredit cette thèse et qui mérite d'être évoqué.
L'Europe a financé sous forme de dons et de crédits une grande part du modèle de développement économique de la Tunisie. La présence à Tunis d'une délégation jouissant d'un statut diplomatique composée d'une cinquantaine de personnes et dont le chef est accrédité directement auprès du président de la République tunisienne, prouve l'impossibilité pour les responsables politiques en Europe de ne pas avoir eu échos de l'utilisation réelle des fonds détournés par les clans au pouvoir en Tunisie (le contraire serait encore plus grave!).
Sur le site Internet de la Délégation de l'Union européenne en Tunisie et dans son mot de bienvenue, le chef de la délégation, Adrianus Koetsenruijter qui, rappelons-le, a le titre d'ambassadeur accrédité auprès de l'Etat tunisien, on peut entre autres lire que:
«La Délégation maintient un dialogue permanent avec les autorités, les milieux politiques, économiques et scientifiques du pays comme avec les différents représentants de la société civile…
La Délégation joue un rôle important d'accompagnement et d'initiative dans la mise en œuvre de ces accords, grâce en particulier au Plan d'Action entre l'Union et la Tunisie. Ce Plan couvre des domaines d'activité nombreux comme la démocratie et l'état de droit, les droits de l'homme, les réformes économiques et commerciales, le transport, l'énergie, la société de l'information, la justice et les affaires sociales et les migrations…».
Plus loin sur le même site, on peut découvrir le nombre important de contrats d'Assistance technique pour tout et n'importe quoi, financés sous forme de dons par l'Europe et dont les bénéficiaires sont des sociétés le plus souvent européennes (beaucoup de sociétés belges).
Pour ceux qui désirent en savoir plus sur la nature du partenariat UE-Tunisie, des fiches de projets détaillés sont sur le site web de la Délégation de l'UE, précisant le montant du marché et la société adjudicataire pour chaque mission d'Assistance technique.
On se rend ainsi facilement compte de l'ampleur de l'exclusion du tunisien, diplômé ou pas, du processus de réflexion et de décision dans la détermination des choix stratégiques de son économie et de sa société. Ce sont toujours des réponses toutes faites, des idées venues d'ailleurs qui écartent le Tunisien de la réflexion, que l'Europe a essayé d'injecter à coup de milliards d'euros. Des directives sous forme de recettes toutes faites à l'instar des ordonnances médicales prescrites par des «Messieurs je sais tout» pour faire ceci et faire cela, et ce dans tous les domaines économique, politique ou social en Tunisie.
Quand on réfléchit pour eux et quand on ne leur propose que des postes non qualifiés, il ne faut pas s'étonner alors du taux de chômage élevé chez les diplômés ni même de la faiblesse de l'investissement privé dans une vie économique qui exclut ses acteurs du processus de réflexion et de décision.
On parle dans les réalisations de la Délégation de l'UE en Tunisie de plus de 4 milliards d'euros d'investissements, dont plus 1,2 milliard d'euros de financement de la Commission européenne et 2,8 milliards d'euros de la Banque européenne d'investissement (BEI).
Il est aussi précisé sur ce même site web que les 4 milliards d'euros n'incluent pas la part de la Tunisie dans les projets et programmes régionaux au titre de MEDA (par exemple Euromed Heritage, Euromed Audiovisuel, Euromed Jeunesse, etc.) ou au titre d'autres lignes budgétaires (par exemple les projets régionaux LIFE).
Les questions qu'on est amené à se poser:
Comment une Délégation de 50 techniciens basés à Tunis n'a rien vu venir et n'a pas alerté sa hiérarchie et la classe politique sur la véritable utilisation des fonds?
Comment, devant un financement aussi important, aucune alerte n'a conduit à couper les vivres, à un détournement de fonds et de vocation d'investissements aussi odieux?
Devant le développement d'innombrables mesures dans le monde pour traquer le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, comment peut-on comprendre que les régimes et les chefs d'Etat n'y soient pas soumis?
Comment peut-on comprendre que non seulement on ne les empêche pas de faire un mauvais usage de l'argent de leurs peuples mais qu'on en arrive même à leur en donner d'avantage sous forme de dons et de crédits sur le dos de leurs concitoyens?!
Quelle est la responsabilité aujourd'hui de ceux qui étaient censés suivre pour l'Europe ce processus de partenariat Euromed en Tunisie et ces investissements dont plus de 4 milliards d'euros de dons financés par le contribuable européen?
Quelle est leur responsabilité dans la fabrication de ce tigre en papier qu'était l'économie tunisienne présentée pendant longtemps comme le “Dragon de l'Afrique et du Moyen-Orient“?
Quelle est leur responsabilité dans la désinformation économique qui a couvert pendant si longtemps un régime qui s'est avéré carrément mafieux?
Et beaucoup d'autres questions encore.
Faut-il lancer, aujourd'hui, un audit de cette Délégation de l'UE en Tunisie pour comprendre l'origine des dysfonctionnements, sanctionner les fautifs (car au minimum il y a eu dysfonctionnements) et afin que de telles aventures ne se renouvellent plus jamais dans le fonctionnement des instances de l'UE car il y va de la crédibilité de l'Europe entière vis-à-vis des peuples de la Méditerranée qui ont cru et qui se sont investis dans ce partenariat Nord/Sud?
Monsieur Sarkozy, président du G8 et du G20, ne faudrait-il pas établir une éthique dans la gouvernance mondiale pour poursuivre la responsabilité du bailleur de fonds, même quand il s'agit d'un organisme supra national (FMI, Banque mondiale, BEI, BAD, etc.) quand il s'avère que l'usage de ces mêmes fonds a été détourné de sa vocation initiale sans alertes, réactions ni sanctions de la part de l'organisme bailleur de fonds?
Il ne faut pas oublier que, contrairement à toute règle de justice ou de déontologie, quand un dictateur endette son pays pour au final détourner les capitaux de leur vocation, c'est tout un peuple qui se retrouve spolié car redevable d'un argent dont il n'a jamais bénéficié et qu'il est tout de même tenu de rembourser!
Seule la sanction amènera les organismes bailleurs de fonds à réfléchir à deux fois avant de débloquer les crédits aux “Etats voyous“, à commencer par l'annulation pure et simple de la dette qu'ils ont accordée et débloquée sans réel suivi transparent et sérieux.
L'Union européenne devrait tirer profit de la révolution tunisienne pour au moins reconnaître et corriger ses propres dysfonctionnements afin d'éviter que de nouveaux détournements de fonds soient faits devant l'opacité et le silence de ses cadres.
L'Union européenne devrait s'engager à bien veiller, dans l'avenir, à laisser le Tunisien seul maître des choix stratégiques, économiques et sociaux de son pays. Le recours à l'Assistance technique de l'Europe ne devrait voir le jour que quand c'est le Tunisien qui le demande. Il faut que la matière grise et les cadres de ce pays construisent eux-mêmes leurs institutions et leur économie à leur rythme, avec leurs propres compétences qui ne manquent pas.
D'un autre côté, aux Tunisiens de ne pas s'enfermer totalement dans le seul partenariat avec l'Union européenne et de concevoir un modèle économique plaçant le Tunisien et l'entreprise tunisienne au centre de gravité du système.
Le modèle ne doit pas se limiter à ne voir dans l'entreprise tunisienne qu'un satellite ayant pour noyau l'économie européenne allant jusqu'à condamner à la disparition de fait toute entreprise tunisienne non liée à un réseau européen (travail de sous-traitance et dépendance à 100% du partenaire).
Le modèle économique devrait être plus équilibré, laissant une plus grande part pour le reste du monde. Avec une liberté d'expression retrouvée, aux Tunisiens aussi de ne pas accepter, systématiquement, tout ce que leur proposent leurs partenaires par autocensure ou simple facilité. A bannir enfin les fausses consultations nationales et le recours abusif aux études sectorielles confiées à des bureaux étrangers pour couvrir des décisions et des orientations déjà prises suite à des recommandations pour ne pas dire directives de partenaires bailleurs de fonds! Le Tunisien n'est pas dupe et ce maquillage maladroit et grossier ne fait qu'augmenter sa souffrance et son exaspération face à son exclusion du processus de réflexion et de décision dans son pays.


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