Il nous paraît parfaitement clair que le cheikh Abdelfattah Mourou et la chaîne de télévision HannibalTv savaient très exactement ce qu'ils faisaient en s'accordant sur l'émission Saha Chribetkoum. Nous ne sommes pas les seuls car beaucoup de Tunisiens mettraient la main au feu que les deux parties savaient pertinemment qu'elles allaient faire éclater une grosse polémique, déployer les passions, faire du tapage... Alors pourquoi le faire en prétendant qu'il ne s'agit que d'une simple émission ramadanesque sans la moindre autre ambition? Pourquoi Mourou attise-t-il le feu en affirmant qu'il ne renoncera pas à son émission et que l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC) n'a qu'à aller se faire voir dès lors qu'il ne s'agit pas d'une instance nationale élue? L'INRIC n'est pas la seule à attaquer le duo Mourou/HannibalTv. Il y a aussi des membres de la Haute Instance de Ben Achour, le PDP, le FDTL, Afek Tounes, le Mouvement Ettajdid, le syndicat des journalistes (SNJT)... Loin de tenter de calmer la polémique, et pour signifier son bon droit, Mourou a même contre-attaqué comme il sait si bien le faire les partis politiques qui ont bénéficié de présence radio et TV en les accusant de dépasser de loin son propre taux d'apparition dans ces mêmes médias. Et c'est une cascade qui finira probablement par un affrontement plus franc qui mettra, d'un côté, le Cheikh et HannibalTv, et de l'autre, toutes sortes d'institutions de la société civile... Et c'est là où le duo polémiste veut manifestement parvenir, avec le lancement d'une polémique à rebondissements qui donne sans doute raison à ceux qui soutiennent que ''Saha Chribetkom'' est un savant mélange de propagande politique et de prédication religieuse, même si, pour garder ''Chaârat essayyed Ali'', Mourou promet qu'il fera très attention à ne pas entrer dans l'amalgame entre le religieux et le politique. Pour l'heure, il faut bien se rendre à l'évidence que l'on est en plein dedans et que toute la Tunisie ne parle plus que de Abdelfattah Mourou et de HannibalTv qui, en fin de compte, ont eu ce qu'ils voulaient! Personne n'a commenté la réaction du ministère des Affaires religieuses, qui dit pourtant tout en affirmant que cette affaire relève de la polémique politique!