Voilà la question que je me pose depuis un bon moment, avant d'aller se coucher. Moment où émergent, en effet, toutes les questions qui n'ont pas été résolues, qui restent enfouies sous les couches de préoccupations du quotidien, mais qui resurgissent, justement, avant de dormir. Mon inquiétude grandit, quand je pense que la majorité d'entre nous vit la même chose, selon les sondages au moins. Voici mon angle d'analyse: Quelle est la priorité aujourd'hui dans ce pays? Connaît-on ces priorités? Sait-on que proposent tel et tel parti ou liste? Mais surtout, a-t-on les outils (intellectuels) pour comprendre ces propositions du moins pour dénicher les vraies propositions cohérentes, pertinentes et réalisables, des discours à dormir debout, d'individus complètement opportunistes, qu'ils soient de mauvaise ou de bonne foie, et qui ne savent pas du tout ce qu'est une politique économique, ce qu'est gouverner un pays, ce qu'est faire des réformes, etc.? Individus qui pullulent sur nos télés, très mauvais communicateurs pour la plupart, et qui ne font que dégouter les gens de la politique, avec leurs discours langue de bois à dormir debout (je sais qu'il y a des répétitions mais c'est exprès, parce que vraiment c'est à dormir debout, ça agit comme un somnifère ). Mais pire que de dégouter les gens, on finit par les désorienter de plus en plus. Quelle est la priorité aujourd'hui? Pour quelles raisons les gens ont arrêté d'avoir peur et sont sortis crier dans la rue Ben Ali Dégage! Pour l'emploi. Pour un salaire décent. Pour un coût de la vie moins cher. Pour avoir droit à un minimum de bien-être, et de qualité de vie. Merci de me corriger si je me trompe Comment créer des emplois? Est-ce que l'Etat peut créer des emplois? OUI bien sûr. Mais sont-ils stables et pérennes et peuvent-ils survivre dans le cadre d'une économie aussi concurrentielle? Ce n'est pas certain, pour ne pas dire NON tout court. Regardons les expériences des voisins, et des pays où la gauche a créé des emplois (1 million d'emplois à l'époque Jospin, en France) pour satisfaire la rue la majorité de ces emplois n'ont pas survécu, plus de 2 ou 3 ans. Voilà comment faire de la politique clientéliste, comme on donne un bonbon à un enfant. C'est sucré, mais ça ne rassasie pas. Il aura faim très vite après. Est-ce que je suis en train de dire que toutes les propositions et plans économiques des partis, dits de gauche, ne peuvent être pertinents? Non loin de là. Mais ouvrons bien les yeux, regardons le fond des propositions, pour discerner les politiques réellement viables, de celles en carton. Tony Blair, en Angleterre, qui fut le candidat du Parti travailliste, membre de l'internationale socialiste, dit que: «Nous sommes un parti de la gauche du centre, poursuivant la prospérité économique et la justice sociale comme partenaires et non comme opposées» (2001), et «il n'y a pas de politique économique de droite ou de gauche, il y a des politiques économiques qui marchent et d'autres qui ne marchent pas» (2002). Il a remporté trois élections successives dans son pays. Ma plus grande peur, c'est que la majorité d'entre nous aille voter pour les candidats les plus charismatiques, ceux qui inspirent à chacun de nous, selon sa propre sensibilité, le plus de confiance. D'où, d'ores et déjà, l'envie grandissante de voter pour des indépendants, des gens de nos villes et de nos quartiers, que nous connaissons bien, et dont nous pensons qu'ils ne vont pas nous trahir. Mais le monde n'est pas fait juste de bonne volonté. Ma plus grande peur c'est que les nouveaux décideurs du pays se mettent à redistribuer une richesse qu'on n'a pas, devenir dépensiers comme le sont aujourd'hui les ex-grandes puissances que sont la France, l'Allemagne, etc. Pays qui ne sont plus de grandes puissances, car croulent sous les dettes, du fait de ces dépenses publiques (qui veut en effet l'équité): une allocation chômage pour tout le monde, des aides au logement, etc. Des pays qui ne créent pas de richesse suffisante pour cette entreprise. Ouvrir le robinet de l'Etat, s'endetter à tout va, pour faire plaisir à la rue qui veut tout, tout de suite, c'est de la lâcheté. Et du clientélisme politique. Excusez-moi du terme. Il faut surtout créer la richesse, pour ensuite la distribuer équitablement Il faut des politiques économiques agressives, pour ramener les grands capitaux, faire des investissements d'une autre taille, et d'une autre orientation aussi, que les usines de loi 72 que nous avons ici et là. Il faut une refonte totale et sans concession de l'appareil de l'Etat, pour éliminer les dépenses inutiles. Il faut une réforme radicale du système éducatif, pour arrêter de fabriquer des théoriciens, mais éveiller les talents, perfectionner des compétences, à valeur ajoutée réelle, marchande. Il faut revoir cette fiscalité si lourde, si désuète, etc. Vous me direz que c'est un point de vue, oui, c'en est un L'économie est une science, quand même. Pas exacte, oui volontiers mais quand on regarde les expériences de par le monde, on peut discerner les pratiques et politiques économiques gagnantes, et les «benchmarker», les copier. C'est pas sorcier. Ou alors faire la révolution totale! Mais ça va être dur à mon avis, quand on est juste une dizaine de millions parmi six milliards! Bien sûr que l'on voudrait que tout le monde soit beau et heureux, que l'on soit «libéré» du pouvoir de l'argent, et de la société de la consommation (dixit l'extrême gauche), mais en attendant, ma femme de ménage, dont le mari a été licencié de l'usine qui a fermé, elle, ne mange pas tous les soirs. Et son souci de la journée, c'est comment gagner le repas de demain. Acheter un fruit serait un bonheur et un luxe si rare Alors faisons NOTRE révolution, intelligemment, avec et dans les règles du jeu de l'économie mondiale.