Depuis la naissance de l'année de grâce 2011, les réformes préconisées par le gouvernement de transition dans le secteur financier ont fait couler beaucoup d'encre et les chantiers qu'il a mis en marche, espérant que son successeur en assurera l'accomplissement, ont suscité autant d'approbations que de critiques sauf de la part de l'Association professionnelle de Banques de Tunisie (APBT); une grande muette Aucune réaction, en rapport avec les réformes bancaires, ou celles du marché monétaire, aucun signe approuvant ou désapprouvant les décisions prises ou les mesures à entreprendre L'APBT est devenue tellement invisible qu'à la conférence "Ajyel Fund, prospérité pour la consolidation de la démocratie", organisée les 12 et 13 octobre à Tunis par le ministère des Finances et l'Association NOU-R, nous n'avons pas remarqué la présence de l'un de ses représentants parmi les intervenants. Le rôle d'une association bancaire n'est-il pas de représenter les banques et établissements financiers auprès des autorités politiques, monétaires et des organisations professionnelles? N'est-il pas de participer activement à l'expansion économique et proposer des plans de soutien au développement? N'est-il pas d'étudier tout ce qui se rapporte à la profession bancaire et dérivées et intervenir pour réguler et planifier? N'est-il pas d'intercéder auprès de la Banque centrale à chaque fois que le besoin se fait ressentir et pour toutes questions d'intérêt commun? A observer de près le site électronique de l'APBT, on remarquerait tout de suite qu'il pourrait faire un très bon sous-site à celui de la BCT. On y reprend tous les communiqués, les notes de conjoncture et les informations publiés sur le site de la Banque centrale. Et même si avant le 14 janvier, l'on comprenait parfaitement cette dépendance de l'APBT à la BCT qui y désignait ses anciens comme délégués généraux, nous ne pouvons comprendre l'inertie d'un organisme sensé être réactif, capacble de s'adapter aisément aux changements et de participer à la reconstruction financière et économique du pays. Un rôle intéressant: la vache à lait de l'ancien régime Quoique le rôle de l'APBT en dehors de celui d'organiser le Salon de la Monétique, ait été réduit, pendant des années, au "racket" des acteurs du marché financier sous différents prétextes..., parmi ses plus importantes prérogatives, figuraient la récolte de fonds pour les élections, la construction de l'ancien siège du RCD, celui de la Mosquée «Abidine» et les cotisations pour une cagnotte de 4 MDT pour fêter la naissance de l'héritier déshérité Mohamed Zine El Abidine Cela s'appelle naître avec une cuillère en diamant dans la bouche Aux dépends de qui? «A chaque fois qu'un ancien du régime (gouverneur ) sollicitait l'APBT pour des fonds, les dirigeants de l'Association calculaient nos participations par parts de marchés et nous envoyaient un courrier sur lequel est mentionné le montant exigé au millime près». Et l'on se demande pourquoi nous sommes si en retard dans les métiers de la banque? "Nos maîtres d'uvre étaient plus préoccupés par les exigences des maîtres que concentrés sur les meilleurs moyens d'assurer progrès et développement d'un secteur vital pour la dynamisation de l'économie!" L'APBT vit pratiquement en dehors de la sphère économique, cloîtrée dans la routine administrative, dans l'ignorance de l'évolution des métiers de la banque de par le monde, et malade d'une déficience structurelle de la gouvernance. A tel point que, alors que les banques des pays du Golfe ont commencé en 2006 la publication de leurs états financiers conformément aux prescriptions de Bâle II, la Tunisie n'en est même pas aux balbutiements Mais l'APBT peut être utile à plus d'un titre Ainsi, si vous voulez être informé sur ce qui se passe sur le secteur financier tunisien et international, consultez son site, vous y trouverez des informations très intéressantes du style «Ouverture d'une nouvelle agence, ou de deux tout dépend de quelles banques il s'agit, constitution de l'Association tunisienne des Juristes de Banques, réouverture d'une agence ». Plus loin encore, des informations plus intéressantes sur la participation au Salon de l'entrepreneur ou à un comité restreint de ou super thème traité il y a un mois: «Les nouveaux défis de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme» Il était temps!. Pas de proposition, pas de programme de relance, pas d'avis sur la réforme, pas de rupture du cordon ombilical avec la BCT. Car il s'agit bien d'une association à laquelle on adhère librement, n'est-ce pas? Si avant 2011, on prenait pour prétexte un régime oppresseur pour justifier un manque d'initiative, d'imagination, de compétences et même de personnalité, ces arguments ne sont plus d'actualité aujourd'hui. L'APBT a besoin de faire sa propre révolution qui pourrait être cruelle mais sans laquelle elle continuera à vivre en dehors du temps et de l'espace et surtout sur les périphéries d'une Tunisie qui a besoin de constructeurs et non d'exécutants!