La Tunisie prépare le prochain round des négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui devrait avoir lieu en septembre prochain à Cancun. A quelques mois de cette échéance, importante pour l'économie tunisienne qui gère encore les effets attendus de l'ouverture de ses frontières au commerce avec l'Europe.
La Tunisie reçoit le Directeur Général de l'organisation mondiale, rencontre les plus hautes autorités, politiques et économiques. Mr.Supuchai Panitchpakdi a ainsi rencontré le chef de l'Etat, le président Ben Ali lui a fait part de sa préoccupation de l'accroissement des subventions octroyées aux produits agricoles (Voir audience du DG de l'OMC avec le Président). Panitchpakdi a rencontré le premier ministre et il a été question de la poursuite du processus de réformes de l'économie tunisienne. Les ministres, du développement et de la coopération Mr.Nouri Jouini et du tourisme, du commerce et de l'artisanat Mr.Mondher Znaïdi mettent l'accent sur la nécessité de renforcer la coopération technique. Le DG de l'OMC verra aussi, lors de ce même séjour le ministre des affaires étrangères et les députés.
Le jeudi après-midi 16 janvier en effet, une large palette de représentants du secteur privé tunisien, conduits par Mr.Hédi Djilani président de l'UTICA (Union Tunisienne de l'Industrie du Commerce et de l'Artisanat) ont eu des discussions de plus de deux heures avec le responsable de l'organisation mondiale. Le dirigeant de l'OMC s'est même laissé aller à un jeu de questions-réponses, devant les principales composantes du secteur privé tunisien, essentiellement représentatifs des secteurs des service objets du prochain round de négociation de l'OMC, de l'agriculture à l'industrie en passant par la culture, et surtout les représentants des métiers du secteur des services comme les exportateurs, les transporteurs, les hôteliers, les architectes ou les cinéastes.
Cette rencontre a surtout été marquée par l'allocution d'introduction de la rencontre, prononcée par Mr.Hédi Djilani, qui a dessiné les grandes lignes de la stratégie de négociation de la Tunisie dans le prochain round, dans deux ans. Le président de l'UTICA a ainsi indiqué que son organisation se prépare à "contribuer efficacement dans la préparation de la position tunisienne dans les futures négociations" et annoncé que Mr. Mohsen Trabelsi sera l'homme de l'organisation dans cette préparation. Le choix de M. Trabelsi semble être motivé par le fait que ce dernier soit le président de la fédération des services de la centrale patronale, secteur qui sera l'objet des prochaines négociations
Mr.Hédi Djilani a commencé par "balisé" son discours en indiquant que "le pays a fait le choix de l'ouverture et de l'intégration dans l'économie mondiale" et que "le secteur privé croît à la nécessité de l'ancrage à l'économie mondiale et l'adhésion au système du commerce multilatéral est sans équivoque malgré tous les défis". Il a ensuite lancé, face au directeur général de l'organisation mondiale du commerce, deux principaux messages. Le premier est une demande de temps, de délais supplémentaires aux secteurs des services pour leur donner le temps de se restructurer, de réaliser leur mise à niveau et de se préparer à la concurrence. Le second est une aide plus accrue, de l'organisation mondiale en assistance technique et des pays développés par plus d'investissements (Voir discours de Mr. Djilani).
Le DG de l'OMC ne répondra pas à la demande de temps formulée par le patronat tunisien, comme il ne répondra pas, plus tard à la question du visa AG CS et relative à la circulation des personnes et le lien direct avec le secteur des services. Il prendra ensuite le temps de répondre à certaines des questions évoquées dans ce discours. Son premier message concernera les priorités de son action à la tête de l'OMC. Sa première priorité, comme il l'indique lors de son allocution-réponse au discours de Mr.Hédi Djilani, elle va cependant vers "l'aspect juridique de la mise en uvre des accords de fin de négociation et la révision des mécanismes de règlement des conflits".
La coopération technique, l'unique point soulevé par le patron des patrons auquel il répondra, viendra en second lieu des priorités du premier responsable du commerce mondial. Son objectif est d'être capable d'offrir une assistance aux pays qui doivent améliorer leur statut lors des négociations et être en mesure d'analyser les conséquences de nouveaux accords sur leurs économies. "Nous avons besoin de faire de l'assistance technique, un service à la carte et la Tunisie peut nous aider à déterminer les besoins, à travers ses domaines d'intérêt". La coordination avec les organisations internationales pour trouver le soutien nécessaire aux actions à venir sera la troisième priorité et la dernière sera le renforcement de l'OMC.
Le DG de l'organisation mondiale du commerce a ensuite parlé de la Tunisie comme "un pays moderne, qui a réussit sur le plan macro économique, que j'apprécie énormément et dont j'encourage l'entreprise de développement pour réformer son économie et installer des mécanismes de marché très efficace". Il a ensuite émis le souhait que la Tunisie "soutienne les négociations pour les rendre plus simples et d'être plus engagée pour devenir l'exemple à suivre"
Mr.Supuchai Panitchpakdi évoquera ensuite, assez longuement Cancun, comme pour tranquilliser ses interlocuteur en lançant même un "vous verrez ce sera simple". "A Cancun, expliquera-t-il, les négociations porteront sur la concurrence et je suis sur que la Tunisie soutiendra cette démarche" insiste-t-il encore. "Nous avons besoin de discuter les règles d'investissement pour avoir une participation transparente de vos pays dans le marché mondial, pour que des pays comme la Tunisie puissent avoir une chance équitable et juste. Nous devons, lors de ce prochain round, atteindre une conclusion positive dans le domaine agricole et attaquer la question de l'intervention dans la distorsion qu'il y a entre les pays développés et ceux qui n'ont pas les moyens de subventionner et concurrencer d'une manière équitable et atteindre les niveaux de prix exercés" conclut-il.
Il entendra par la suite les représentants des agriculteurs, des architectes, des cinéastes, des exportateurs, des transporteurs, des voyagistes qui exprimeront leurs craintes de la prochaine étape de la concurrence et du disproportionnément des moyens et des pouvoirs de négociation, leurs craintes quant à la question du dumping des prix des services, leurs appels répétés à la protection des petits et à un soutient technique pour réaliser la mise à niveau des secteurs du service. Il sera prolixe, sans donner de réponse, sur la question agricole, les barrières non tarifaires et le "Codex Alimentarus". Il dira ne rien comprendre à la question du dumping des services difficile à déterminer et qu'il n'a jamais rencontré et conseillera de déterminer, avant les négociations, quels genres d'attentes introduire dans les prochaines négociations sur les différents secteurs des services. Il promettra cependant de faire plus et d'essayer de trouver les réponses, à son retour à Genève, siège de l'OMC.