La BEI et les transferts de fonds des travailleurs migrants... Par Tallel BAHOURY
Comme cela avait été annoncé lors des Journées de l'Entreprise (1er et 2 décembre 2006) à Port El Kantaoui, la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Fédération bancaire européenne (FBE) co-organiseront, les 22 et 23 mars 2007 à Paris, la deuxième Conférence FEMIP (Facilité Euro-Méditerranéenne d'Investissement et de Partenariat) sur la question des transferts financiers des travailleurs migrants en Euro-Méditerranée. Rappelons que Philip Fontaine Vive, vice-président de la BEI avait indiqué qu'il réunirait dans la capitale française des banquiers, experts et autres représentants des communautés de migrants pour débattre de la question des transferts financiers des travailleurs migrants de la Méditerranée qui, selon une étude de la BEI, s'élèveraient à 7-8 milliards d'euros par an peut-être davantage- d'Europe vers certains pays méditerranéens. De source proche de la BEI souligne que cette conférence abordera les questions suivantes : 'mieux comprendre la portée économique des migrants'', 'faciliter les transferts financiers des migrants'', 'développer le rôle du secteur bancaire'', 'examiner les aspects réglementaires, de change et de systèmes de paiement'', et 'renforcer l'action pour le développement. Cette conférence pourrait, à tout égard, être d'une grande utilité surtout pour certains pays de la rive sud de la Méditerranée, compte tenu du rôle que jouent les transferts dans les économies des pays destinataires méditerranéens. Ceci étant, il serait intéressant de mettre en place un mécanisme de canalisation et d'acheminement souple et rapide à même de se substituer aux sociétés de transferts d'argent, très voraces en la matière à cause des frais qu'elles prélèvent sur les transactions. C'est pour cette raison que l'étude de la BEI recommande de renforcer les systèmes de paiement des pays partenaires méditerranéens et faciliter leur interconnexion aux systèmes de paiement des pays de l'Union européenne. Elle invite également à encourager une concurrence libre et équitable entre opérateurs de transferts. Ces deux mesures vont s'ajouter à la création d'un site web spécialisé dans les produits relatifs aux transferts de fonds dont l'objectif visé est d'améliorer l'accès à l'information des travailleurs émigrés et susciter une concurrence parmi les sociétés de transfert d'argent. Autre importance de cette conférence, ce sera de pouvoir réorienter ces envois de fonds, lesquels sont aujourd'hui essentiellement destinés à la consommation et non à des investissements productifs. Pour ce faire, l'étude de la BEI a ciblé quelques actions pouvant permettre la bancarisation des transferts de fonds pour des transferts plus sécurisés et une amélioration/réorientation vers les investisseurs productifs, notamment : - aider les banques de l'UE et des pays partenaires à développer des services spécifiques aux immigrés (comptes adaptés aux transferts de fonds, produits hypothécaires) et promouvoir l'emploi de nouvelles technologies permettant les transferts via le téléphone ou l'Internet, sur le modèle de ce qui est déjà en usage dans d'autres pays ; - encourager les banques de l'UE et des pays partenaires méditerranéens à conclure des accords de transfert, et à relier leurs services aux réseaux postaux lorsque ces derniers occupent une position dominante sur le marché des pays partenaires ; - maximiser l'impact des transferts de fonds pour financer le développement ; faciliter l'accès des immigrés à un compte bancaire dans les pays de l'UE La mise en place de ces mesures et bien d'autres- est de nature à booster quelque peu l'investissement puisque l'argent transféré via les banques pourrait servir à financer des projets. Toutefois, le système ne sera rentable que si les banques acceptent de partager les bénéfices qu'elles tireront éventuellement de ces transferts. Et sur ce plan, nous avons de sérieuses réserves. Mais qui sait ! En attendant, ayant les yeux rivés sur cette conférence qui promet autant qu'elle promeut !