Selon une étude stratégique de la Banque mondiale, l'agriculture tunisienne souffre de plusieurs incohérences structurelles majeures et a besoin d'une nouvelle génération de réformes pour s'adapter aux réalités économiques actuelles. Si rien n'est fait, le secteur risque de connaître des difficultés irréparables. Car, estime l'étude, «le coût de ne pas réformer est également important, trop important pour être ignoré». Concrètement, le développement de ce secteur peut être entravé sérieusement, comme le souligne l'étude, par la sous-réalisation de son potentiel, par la contre productivité de la politique de compensation des prix de ses produits et par une sous-valorisation de produits bio de grande qualité comme l'huile d'olive et le vin exportés, en vrac et dans l'anonymat le plus total, comme de vulgaires breuvages. Les résultats de cette étude, effectuée à l'initiative du gouvernement tunisien avec le concours, notamment, de la Banque mondiale et l'Agence française de développement (AFD) ont été présentés, lundi 22 janvier 2007, lors d'un séminaire organisé, à Gammarth. L'étude scanne l'activité agricole, en identifie les points faibles et les points forts, et explore de nouvelles pistes pour améliorer le rendement de ce secteur, et répondre aux nouvelles exigences en matière de qualité et de traçabilité. Etat des lieux En Tunisie, le secteur agricole représente 12% du PIB (15% avec les industries agroalimentaires, IAA) et assure le cinquième (16%) des emplois du pays (plus 80.000 dans les IAA). La superficie des terres cultivables est d'environ 10 millions d'hectares dont seulement 4,2 millions sont cultivés et 8% irrigués. Ces terres sont principalement consacrées à la culture des céréales (1,7 million d'ha) et à l'arboriculture (2,2 millions d' ha). La culture des oliviers couvre le tiers de la surface agricole utile totale (1,6 Millions d'ha en 2005). La Tunisie est le 4ème producteur mondial d'huile d'olive, derrière l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Les agrumes, tomates et dattes constituent les autres grandes spécialités du pays. Le déficit de la balance alimentaire, enregistré de temps à autre (même si elle est excédentaire ces dernières années), est le reflet d'une production qui ne couvre pas encore les besoins du pays. Les points faibles M. Abderrazak Daâloul, secrétaire d'état chargé de la Pêche, a cité l'instabilité de la production agricole qui reste largement dépendante des facteurs climatiques et la persistance de contraintes structurelles au niveau de certaines filières agroalimentaires, l'inadéquation des systèmes de financement des activités agricoles avec les impératifs du développement agricole, la vulnérabilité des ressources naturelles (ressources hydrauliques, sols, forêts, parcours et ressources halieutiques), le morcellement de la propriété agricole et la participation limitée des structures professionnelles aux efforts de développement du secteur. Quant aux défis externes, ils se situent au niveau de la poursuite de la libéralisation des marchés intérieurs et l'ouverture sur le monde extérieur. L'étude a montré que malgré les résultats encourageants enregistrés par le secteur agricole, certains aménagements peuvent être introduits au niveau des politiques menées par l'Etat afin de permettre au secteur d'exprimer le total de son potentiel pour les produits compétitifs et faire face aux défis auxquels le secteur sera confronté.