Le rapport de l'UIT (Union Internationale des Télécommunications) et l'UNCTD (United Nations Conference on Trade and Development), publié en mai 2007 et intitulé 'World Information Society Report 2007 Beyond WSIS'', nous permet d'avoir, entre autres, des chiffres de développement des TIC en Afrique du Nord. Dans le chapitre 4, le rapport étale la stratégie des TIC de la Tunisie, qui a été en 1991 le premier pays arabe et africain à se connecter à Internet, à travers l'IRSIT, aujourd'hui liquidé. Evolution des TIC en Afrique du Nord en 2005
Tunisie Maroc Algérie Egypte Téléphone fixe pour 100 habitants 12,5% 4,4 7,8 14,6 Téléphone portable pour 100 habitants 52,6% 40,9 41,5 18 Ordinateur pour 100 habitants 5,7 2,6 2,4 2,5 Prix de communication GSM US $ nationale 0,01 US $ 0,15 0,04 0,02 Nombre d'internautes pour 100 habitants 9,5% 15,2 2,3 7,0 Nombre d'alphabète 74,3% 50,7 69,8 55,6 Selon le rapport WSIS 2007 Selon ce rapport, on note que la Tunisie détient la 2ème place pour la téléphonie fixe derrière l'Egypte, sachant que depuis la privatisation partielle de Tunisie Télécom, on a noté un arrêt de tout investissement dans l'infrastructure de la téléphonie fixe.
Le rapport note aussi la stratégie de privatisation du secteur TIC et de son ouverture vers l'investissement privé, avec une diversification des technologies, qui se base essentiellement sur un axe prioritaire, qui est le téléphone mobile, première technologie de communication, avec 52,6% de la population en 2005 et 70,6% en 2007, soit le taux le plus élevé dans toute l'Afrique.
Dans une seconde place se trouve Internet avec 9,5% d'utilisateurs en 2005 et 14,9% en 2007, suivi de la téléphonie fixe avec 12,5% en 2005 et qui tend à stagner, ce qui risque de freiner à terme le développement de l'Internet haut débit via l'ADSL et qui se base actuellement sur la technologie filaire fixe.
Cette difficulté peut être contournée par la technologie Wimax ou GPRS, avec l'Internet mobile, ce qui permettra de couvrir de coup de 75% de la frange de la population tunisienne, soit 100% des Tunisiens ayant plus de 15 ans d'âge.
Le cumul de la téléphonie fixe et mobile a permis déjà, en 2005, de couvrir 64% de la population tunisienne et d'atteindre le chiffre de 86,5% de la population en 2007. Ce qui permettra à la Tunisie de gagner la bataille du nombre et d'une couverture totale d'ici 2009, reste beaucoup à faire pour la qualité, où on note l'absence de la technologie UMTS de 3ème génération, la TNT et la faiblesse de l'Internet haut débit.
De même les prix, qui restent stables et n'ont pas baissé pour la téléphonie mobile depuis 2004 et ce malgré l'existence d'un marché très concurrentiel, mais qui reste très protégé du goût des consommateurs, avec même une entente de fait entre les opérateurs GSM, sur la bénédiction de l'INT Instance Nationale des Télécommunications.
Les consommateurs, bien que leur voix ne soit pas relayée par l'ODC (Organisation de Défense du Consommateur), souhaitent vivement l'arrivée d'un 3ème opérateur GSM, pour voir une réelle baisse des prix, comme ce fut le cas au Maroc, Mauritanie ou l'Egypte.
Enfin, le rapport note que les progrès sont notables mais l'utilisation d'Internet reste faible et ce par comparaison aux autres pays, où si l'on compare avec le niveau de vie, le taux élevé d'alphabétisation, peut-être le prix des lignes ADSL et surtout leur indisponibilité actuelle dans plusieurs villes de la Tunisie, comme Nabeul, Djerba, Gafsa, Sidi Bouzid, Tabarka, ce qui constitue un frein pour sa progression,
A noter également l'approche tunisienne par le biais des publinet où l'heure de navigation Internet coûte 1,5 DT, et aussi le PC familial qui ambitionne d'équiper 1 million de familles tunisiennes en 2009 avec des financements sous forme de crédit et la fixation d'un tarif préférentiel de 700 DT (TTC) pour un desktop et 1.200 DT TTC pour un portable.
Ceci dit, certains soulignent que ces prix doivent être revus rapidement à la baisse car les grandes surfaces ont permis, par une politique plus agressive en termes d'achat, de ramener le seuil pour le portable de qualité en dessous de la barre de 1000 DT TTC et celui du desktop en dessous de 600 DT TTC, ce qui augure d'un élargissement rapide de la base des familles équipées.
Il reste pour la Tunisie de gagner 2 batailles dans les TIC, celle d'Internet haut débit et surtout de la qualité, qui ne correspond pas actuellement au standing de la Tunisie, et aussi celui de l'emploi des ingénieurs qui, malgré une réelle politique volontariste par les pouvoirs publics envers les SSII, elle n'arrive pas à trouver les bonnes solutions et à passer d'un marché de consommation des TIC vers un marché de création de produits, d'emploi et d'exportation. F.B.F.