Constat de l'organisation internationale : la concurrence pour les réserves de pétrole s'intensifie à mesure qu'apparaissent de nouvelles sociétés transnationales et que les politiques gouvernementales évoluent. Les conglomérats du pétrole et du gaz des pays industrialisés voient leur marge de manuvre à l'étranger s'amenuiser, indique la CNUCED. Alors que le cours du pétrole brut se maintient bien au-dessus des 70 dollars le baril, ces sociétés transnationales (STN) traditionnelles perdent de leur pouvoir de négociation au profit des pays producteurs de pétrole qui entendent bien se servir de la hausse de la demande pour capturer une part plus importante des recettes. Les STN traditionnelles doivent aussi faire face à la nouvelle concurrence des STN du Sud. Les réserves restantes sont principalement situées hors du monde développé La consommation, la production et les réserves mondiales de pétrole et de gaz font apparaître de larges déséquilibres. Bien que la demande se soit accrue de manière particulièrement rapide dans certains pays d'Asie ces dernières années, les pays développés continuent de consommer plus de la moitié de la production mondiale de pétrole et de gaz, alors qu'ils ne sont à l'origine que d'un quart de la production. En outre, ils détiennent moins de 8 % des réserves mondiales prouvées restantes. En 2005, sur les 25 premiers pays détenteurs de réserves prouvées de pétrole et de gaz, 21 étaient des pays en développement ou en transition (voir fig. 1). De plus, la comparaison des données relatives à la production et aux réserves montre que les ressources des pays développés s'amenuisent à un taux moyen 10 fois supérieur à celui des pays en développement ou en transition. Cela signifie que les pays industrialisés vont devenir de plus en plus tributaires des importations de pétrole et de gaz en provenance des pays en développement ou en transition. Moins d'espace pour les STN des pays développés Pour les STN des pays développés, il est de plus en plus difficile d'accéder aux réserves restantes. Certains pays en développement dotés de larges réserves, comme le Koweït, le Mexique et l'Arabie saoudite, ne permettent pas la participation d'entreprises étrangères à l'extraction de pétrole et de gaz. D'autres autorisent les investissements étrangers mais font l'objet d'embargos appliqués par les pays d'origine des STN. Par exemple, les entreprises américaines ne sont pas autorisées à investir en République islamique d'Iran ou au Soudan. En outre, plusieurs pays producteurs de pétrole et de gaz ont récemment adopté des mesures pour restreindre la participation des STN aux activités d'extraction ou pour redistribuer les recettes tirées de ces activités. En Bolivie, la loi sur les hydrocarbures de 2006 a transféré le contrôle des ressources à l'Etat et préparé le terrain pour la négociation de taux d'imposition et de redevance plus élevés avec les investisseurs. En Fédération de Russie, en vertu de la nouvelle loi sur le sous-sol, qui devrait entrer en vigueur à la fin de 2007, les investisseurs étrangers et les entreprises russes qui sont détenues à 50 % ou plus par des étrangers ne seront pas autorisés à répondre aux appels d'offres concernant les gisements stratégiques. Depuis 2003, le Gouvernement russe a également renégocié les termes de presque tous les contrats des STN concernant le pétrole et le gaz, ce qui a eu pour conséquence d'accroître la part des recettes qui revient au Gouvernement et d'augmenter les taxes et les redevances. Au Venezuela, le Gouvernement a modifié les règles relatives aux prises de participation et à l'imposition, pour réduire les intérêts des compagnies étrangères et accroître les recettes du Gouvernement. La concurrence pour les ressources en pétrole et en gaz s'est encore accentuée avec l'arrivée de nouveaux concurrents issus de pays en développement ou en transition. Les entreprises CNOOC, CNPC, Sinopec (Chine), Kuwait Petroleum (Koweït), Lukoil (Fédération de Russie), Petrobras (Brésil) et Petronas (Malaisie) font déjà partie des principaux investisseurs étrangers dans certains pays producteurs de pétrole et de gaz. Ces compagnies opèrent aux côtés de STN traditionnelles des pays développés (voir tableau 1). Les capacités technologiques et les compétences de gestion de ces nouvelles STN s'améliorent rapidement. «Nous assistons à l'émergence d'une économie des produits de base plus variée et plus complexe, ce qui soulève un certain nombre de questions, dont certaines, pas des moindres, portent sur les relations Sud-Sud», a observé récemment Supachai Panitchpakdi, Secrétaire général de la CNUCED. On trouvera une évaluation plus détaillée des incidences de l'évolution du rôle des STN dans l'industrie extractive sur le développement et les politiques dans le Rapport sur l'investissement dans le monde 2007, à paraître le 16 octobre 2007.
Source: CNUCED, d'après des données fournies par IHS.