L'événement financier, en ce mois de novembre 2007, sera à l'évidence l'entrée en vigueur, incessante, du nouveau marché boursier alternatif. Ce marché a reçu pour mission d'aider les petites et moyennes entreprises (PME) bénéficiaires du programme de mise à niveau (PMN) à s'introduire en Bourse. Ces entreprises, plombées, jusqu'ici, par un certain nombre d'insuffisances (petitesse de la taille, non-ouverture du capital au public, fragilité due à leur création récente, domaine d'activité peu porteur...), peuvent, désormais, grâce au marché alternatif, bénéficier d'un financement à faible coût devant leur permettre de lever de nouvelles ressources et de consolider, ainsi, leurs fonds propres. A ce jour, une trentaine d'entreprises industrielles a manifesté, dans le cadre d'un programme pilote, leur intérêt pour un recours à ce marché. La société d'élevage et d'abattage des volailles de Téboulba (SOPAT) du groupe Mohamed Lahmar, plus connue sous le nom commercial «M'liha», est la première entreprise retenue pour bénéficier des avantages du nouveau marché boursier alternatif. Globalement, les entreprises sélectionnées seront prises en charge par un comité de pilotage et pourront bénéficier des avantages du Fonds de développement de la compétitivité (FODEC) à hauteur de 70% des coûts d'introduction, avec un plafond de coûts ne dépassant pas les 30 mille dinars. L'objectif de ce programme pilote vise le financement d'une cinquante d'entreprises à l'horizon 2009. Elles bénéficieront des réformes engagées pour dynamiser l'activité de la bourse. Parmi ces réformes, il y a lieu de citer l'assouplissement apporté aux conditions d'accès à la cote. Ainsi, les conditions exigées en matière de bénéfices et de capital minimum ne seront pas demandées pour la société qui demande l'admission au marché alternatif. De même, l'admission au marché alternatif peut être sollicitée par une société en cours de constitution par appel public à l'épargne et par toute autre entreprise dont les titres sont répartis, au moins entre 100 actionnaires ou entre cinq actionnaires institutionnels. Une condition majeure est exigée de la société admise au marché alternatif. Elle est tenue de désigner un "listing sponsor", qui peut être choisi parmi les établissements de crédits, sociétés d'intermédiation en Bourse, entreprises spécialisées en comptabilité ou en finances ou en droit. Ce listing sponsor est chargé d'apporter à l'entreprise candidate au marché alternatif conseil et assistance. Il est également chargé de lui rappeler, chaque fois que cela est nécessaire, ses obligations en matière de publication des états financiers et de transparence. Trois établissements ont reçu le feu vert pour exercer ce métier. Le Conseil du Marché Financier a décidé, lors de la réunion de son collège, le 31 octobre 2007, d'agréer les sociétés Amen invest, Mac SA et Tunisie Valeurs pour l'exercice de l'activité de "listing sponsor". Autre nouveauté apportée par le marché alternatif. Elle consiste en la création d'un nouveau métier financier, celui du teneur de marché (market maker). Cette activité est exercée par des sociétés d'intermédiation en Bourse, dont la mission consiste en l'achat et la vente des titres des entreprises cotées qui souffrent de problèmes de liquidité. Enfin, pour réunir à ce marché le maximum de conditions de succès, le Conseil du marché financier (CMF) a pris l'initiative de former, avec le concours de partenaires français, plusieurs analystes financiers, et ce dans le cadre du Programme de modernisation industriel (PMI), programme cofinancé par l'Union européenne. Seule zone d'ombre : le risque du marché alternatif est naturellement connu pour être plus élevé que celui de la cote officielle. Les fonds de placement collectif, actuellement au nombre de 14, sont les mieux placés pour identifier dans ce marché alternatif une niche pour fructifier leurs investissements. Un facteur qui va jouer en faveur de ce marché. L'adoption prochaine par les banques des règles prudentielles de Bâle II l'avantage à plus d'un titre. Les banques seront dans l'obligation d'appliquer des ratios prudentiels encore plus stricts et plus rigoureux et seraient, par conséquent, plus restrictives en matière d'octroi de crédits. De même, les taux d'intérêts bancaires, qui seraient plus élevés dorénavant, pousseraient, normalement, les entreprises à s'adresser au marché financier. Le marché boursier alternatif constitue un des mécanismes mis en place par l'Etat en vue de stimuler le marché financier et d'accroître sa contribution à la mobilisation de l'épargne et au financement de l'économie. Au nombre de ces mécanismes, figurent la promulgation de la loi sur la sécurité des relations financières qui fait de la transparence une obligation générale pour les entreprises cotées et non cotées, la création des fonds communs de placements à risque (organismes de gestion de portefeuille de valeurs mobilières), fonds d'amorçage L'objectif national est de faire passer, d'ici 2009, la part des marchés financiers au financement de l'investissement privé de 7% en 2006 à 20% à l'horizon 2009.