Dans le cadre de sa participation à l'effort de promotion et de développement du marché financier, l'Association des Intermédiaires en Bourse vient d'organiser, en collaboration avec la Bourse de Tunis et Leaders, le Jeudi 1er avril 2010, à la Maison de l'Entreprise, les Berges du Lac une table ronde sur le MARCHE ALTERNATIF. Le projet revient à l'année 2005 quand le ministère de l'industrie et de la technologie et le conseil du marché financier ont initié un programme pilote pour aider en particulier les PME inscrites dans le programme de mise à niveau à se financer à travers le marché financier et s'introduire en bourse. La commission en charge de ce programme a sélectionné 61 entreprises pour les préparer à l'introduction sur le marché alternatif. En corollaire de cette décision, il y a eu en 2007 modification du règlement général de la bourse et du statut des intermédiaires en bourse portant sur la réorganisation du marché des titres de capital, ainsi que la création de nouveaux intervenants sur ce marché. Les textes définissent le marché alternatif en tant que marché financier réservé essentiellement aux petites et moyennes entreprises ayant des perspectives prometteuses : les petites et moyennes entreprises, les entreprises qui cherchent à financer des projets prometteurs, les entreprises en phase de restructuration financière et les grands projets qui ont besoin de financement par appel public à l'épargne. L'introduction sur le marché alternatif permet aux sociétés de bénéficier d'un ensemble d'avantages financiers et fiscaux à savoir l'encouragement des sociétés industrielles inscrites dans le programme de mise à niveau à s'introduire en bourse par la prise en charge par le Fonds de Développement de la Compétitivité Industrielle (FODEC) de 70% des frais d'introduction avec un plafond de 30 mille dinars. Les sociétés qui opèrent dans le cadre du code d'incitation aux investissements et s'introduisent en bourse en ouvrant au moins 30% de leur capital au public avant la fin de l'année 2014 bénéficient d'une réduction du taux de l'impôt sur les bénéfices des sociétés à 20% pendant cinq ans à partir de l'année d'introduction. Actuellement, la capitalisation boursière globale du marché alternatif avoisine les 44 millions de dinars. Les actions des sociétés admises sur le marché alternatif sont négociées sur le système de cotation électronique avec le mode Fixing pour le titre SERVICOM et Continu pour le titre SOPAT à partir de Janvier 2010 Le marché est opérationnel depuis trois ans et sur les 61 entreprises sélectionnées, deux seulement ont été admises sur le marché alternatif, Servicom et Sopat. Un indicateur non favorable pour un marché théoriquement conforme aux spécificités du tissu économique tunisien basé sur les PME. Qu'est ce qui se passe avec les SICAR ? Le débat était très riche en présence d'un panel riche et compétent à savoir messieurs Adel Grar (Président de l'AIB et Directeur Général d'Amen Invest), Youssef Kortbi (Directeur Général de l'AFC et président du conseil d'administration de la bourse de Tunis), Ahmed ben Jemâa (Directeur Général Smart Finance) et Mourad Jaidane (Directeur Général, ATD SICAR). Les intervenants ont présenté l'environnement du marché et les différents conflits d'intérêt dont il subit tel que la forte présence des banques et leurs filiales SICAR qui présentent un financement concurrent par rapport à l'appel public à l'épargne. Un autre élément très important est le souci permanent des PME quant à la composition du capital puisque la majorité écrasante de ces sociétés sont des entités familiales dont l'ouverture du capital au public peut nuire aux intérêts des propriétaires. Un grand problème lié à la culture d'entreprise et ayant des répercussions énormes sur la taille du marché financier et surtout sur le développement du tissu économique dans le pays. Les SICAR n'ont pas échappé au débat puisque les intervenants ont indiqué que ces entités de capital risque ont négligé le marché alternatif en tant que modalité de financement surtout à la sortie des SICAR (fin des 5 ans instaurés par la loi). Certains ont liés ce comportement aux liens entre ces SICAR et leurs banques mères puisque les banques sont intéressées d'octroyer des crédits aux dites sociétés au lieu de les laisser appeler au financement auprès du public. Les "capital-risqueurs" ont défendu leurs points de vue et surtout leur indépendance par rapport aux banques tout en espérant que ce marché trouve enfin son chemin avec la réforme des SICAR et l'effort national dans ce sens.