«Le groupe n'est pas endetté» son endettement «ne dépasse pas le cash flow d'une année»- et n'a pas de ce fait de problèmes de fonds propres» et n'éprouve pas le besoin de s'endetter parce que ses investissements actuels sont «timides» en l'absence de grands projets «depuis quelques années». Et même s'il y en avait, le groupe trouverait «d'autres moyens de financement sur la place financière». C'est ainsi que M. Abdelwaheb Ben Ayed, président de Poulina, justifiait, en novembre 2006, le refus de son groupe de revenir en Bourse, huit ans après y avoir introduit l'une de ses plus importantes entreprises, El Mazraa en l'occurrence. Le patron du plus important groupe de Tunisie ajoutait aussi qu'une éventuelle nouvelle introduction risquait de l'exposer à des accusations de «partialité au sein du groupe». M. Ben Ayed intervenait lors d'un séminaire sur «la Bourse au service du financement des entreprises tunisiennes», organisé le 15 novembre 2006, par l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprise. Lors de cette manifestation, M. Ben Ayed s'était trouvé, à propos de cette question, sur la même longueur d'onde que M. Farid Abbas, patron du groupe Setcar.
Treize mois plus tard, le patron de Poulina a opéré un virage à 180°, pour devenir un chaud partisan, sinon de l'introduction de toute entreprise, du moins d'un retour du groupe qu'il dirige sur le devant de la scène boursière. Appelé à la rescousse, avec quatre autres patrons, par les organisateurs de la deuxième rencontre sur «l'introduction des entreprises industrielles en bourse», le patron du groupe Poulina a surpris.
Après avoir rappelé qu'invité «il y a moins de deux ans, à une réunion pareille», il avait dit que «nous n'étions pas intéressés par la bourse, parce qu'elle ne nous apporte rien», M. Ben Ayed a imputé cette position au fait que «le périmètre du groupe était alors local et on pouvait facilement lever des fonds sur le marché». Mais depuis, «les choses ont changé», constate l'orateur. D'abord, «le gouvernement a décidé d'ouvrir la Tunisie sur l'étranger et donner la possibilité aux entreprises tunisiennes d'investir» hors des frontières du pays. Ensuite, la loi sur la défiscalisation des plus-values est un «élément essentiel» pour les actionnaires de Poulina, car «la plus-value réalisée en 41 ans» d'existence du groupe «est très importante», note M. Ben Ayed.
Enfin, ces mêmes associés se soucient aujourd'hui d'assurer la pérennité du groupe, notamment en le projetant plus fortement que par le passé- à l'international. Du coup, les besoins d'argent de Poulina, aujourd'hui engagé dans le développement de nouveaux projets en Algérie, au Maroc et en Libye, sont «devenus plus importants». Poulina va donc aller de nouveau sur le marché financier pour les satisfaire.