L'Office des uvres universitaires (Nord, Centre, Sud) est une logistique incontournable dans la vie de l'étudiant tunisien dont l'épanouissement, le rayonnement et l'équilibre psychologique dépendent, pour une large part, de la fiabilité et la crédibilité de ces structures d'accompagnement. Actuellement, face à la montée irrésistible du nombre des nouveaux bacheliers accédant à l'enseignement supérieur, l'Etat incite les promoteurs privés à investir dans les institutions d'accueil estudiantines (restaurants et foyers universitaires) tout en mettant en exergue un cahier des charges attrayant et une série de mesures fiscales et financières, susceptibles de déblayer le terrain devant un secteur encore inconnu et potentiellement aléatoire. Les pouvoirs publics sont déterminés, en dépit des hésitations et des appréhensions de quelques promoteurs, à impliquer encore davantage le secteur privé dans la vie estudiantine. Quand le privé se cherche encore
De tout temps, l'investissement est un acte de courage qui reflète une personnalité audacieuse, toujours prête pour l'aventure. A Sfax par exemple, une ville universitaire en plein essor, les foyers privés fleurissent d'année en année et le boom n'est pas prêt de s'arrêter en raison d'une demande pressante et croissante dans un espace où la concurrence et le flair des bonnes affaires ont toujours été l'essence de la vie économique. Dans la capitale et ses environs (Manouba, Ariana, Ben Arous), le diagnostic est un peu différent. Les foyers privés implantés au centre-ville enregistrent des flux record alors que ceux de la périphérie sont désespérément vides en dépit des efforts de certains promoteurs à promouvoir une infrastructure à même de favoriser l'éclatement moral et spirituel des résidents potentiels. «L'insuffisance des effectifs estudiantins et les coûts fixes (eau, électricité ) exorbitants sont en train de freiner l'essor du secteur», nous dit un homme d'affaires qui appelle les pouvoirs publics à clarifier encore davantage le cahier des charges et la loi des finances dont certaines clauses (exonération de l'impôt sur le revenu, prime de 25% sur le volume global de l'investissement ) gagneraient à être mieux explicitées afin de cerner, de manière concrète, les avantages fiscaux et financiers de l'entreprise.
Le secteur public demeure incontournable
Les structures d'accueil des offices des uvres universitaires affichent chaque année une demande de plus en plus insistante mettant ainsi les responsables du secteur dans une position de défi constant en raison de l'importance de l'enjeu et de ses paramètres éducationnels et politiques. «Le secteur privé et l'ensemble des structures relevant de la société civile doivent s'impliquer encore davantage, à côté de l'Etat, dans la gestion de la vie estudiantine et la promotion d'infrastructures (foyers, restaurants, centres culturels) capables de répondre aux besoins d'une clientèle spécifique en raison de son mode de vie, de sa tranche d'âge et de ses attentes», affirme M. Hassan Manai, chargé de mission au cabinet du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui met l'accent sur la volonté des pouvoirs publics d'affranchir les promoteurs privés des pesanteurs administratives, de les encourager à aller de l'avant en mettant à leur disposition son savoir-faire dans la gestion des affaires estudiantines.
«Ce qui freine peut-être l'essor du secteur privé dans le monde des uvres universitaires, c'est l'insistance des parents (des jeunes filles surtout) de voir leurs enfants s'inscrire coûte que coûte dans les foyers publics, plus sécurisants, selon eux, que ceux du privé où certains manquements à la surveillance ont été enregistrés, déclare un directeur d'une grande cité universitaire de la périphérie de Tunis. Cela dit, de l'avis de beaucoup d'observateurs, les promoteurs privés ont intérêt à s'armer de patience et à persévérer dans un secteur d'avenir, prometteur à plus d'un titre, puisque l'Etat a pris la décision stratégique de se désengager, progressivement, des structures d'accompagnement estudiantines pour pouvoir recentrer l'essentiel de l'effort financier vers les structures académiques, la création de nouveaux pôles universitaires et de centres de recherche.