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Opinion : Quand Béji Caid Essebsi provoque le sentiment religieux des Tunisiens
Publié dans WMC actualités le 15 - 08 - 2017

Nombreuses sont les lectures qui ont été faites sur le dernier discours du président de la République, Béji Caïd Essebsi, à l'occasion du 13 août 2017. Une analyse intéressante que celle de R.T, citoyenne avec un grand C. Et quelle pertinence !
"Je voudrais revenir sur certains points du discours de BCE et les quelques messages adressés à qui de droit.
"BCE justifie ainsi son choix de semblant d'unité multipartiste, basée essentiellement sur un pacte de non-agression, mais fait un petit clin d'œil à l'UGTT pour se positionner en force rassembleuse plutôt qu'en force d'opposition gauchiste plus destructrice que «syndicaliste"
– L'aspect historique de la condition féminine au moment de la promulgation du CSP était l'occasion de rappeler l'UGTT à son rôle de bâtisseur de l'Etat. BCE a insisté sur le gouvernement d'unité nationale qui était fort parce qu'il était composite et avait un objectif commun. Il n'a pas mis l'accent sur le mété seul Bourguiba, mais sur ses compagnonsses et tous ceux qui n'étaient pas spécialement de son bord. BCE justifie ainsi son choix de semblant d'unité multipartiste, basée essentiellement sur un pacte de non-agression, mais fait un petit clin d'œil à l'UGTT pour se positionner en force rassembleuse plutôt qu'en force d'opposition « gauchiste » plus destructrice que « syndicaliste ».
"L'avertissement est adressé aux islamistes, qui ont tenté à maintes reprises des coups de force pour dégrader le rôle de la femme, de ne pas réessayer de remettre en cause ce qui a été accompli et édicté par les lois et promulgué dans la constitution"
– Les réformes successives en faveur de la condition féminine peuvent être fragilisées malgré les lois promulguées et un retour en arrière est toujours possible. L'avertissement est adressé aux islamistes, qui ont tenté à maintes reprises des coups de force pour dégrader le rôle de la femme, de ne pas réessayer de remettre en cause ce qui a été accompli et édicté par les lois et promulgué dans la constitution. La référence à l'école islamique kairouanaise libérale et apte aux réformes modernistes, spécifique à la Tunisie, était un rappel à l'ordre pour éviter toute confusion avec la rigidité de la doctrine wahhabite sous prétexte d'Islam, avec un rappel appuyé sur la civilité de l'Etat.
– Les statistiques, qui démontrent le rôle prépondérant de la femme dans différents secteurs d'activité et corps de métier, attestent de l'équilibre sociétal qui reste toutefois inégalitaire. L'introduction de l'idée de la parité successorale intervient alors dans plusieurs optiques :
a) C'est une nécessité sociétale et économique : les femmes investissent peu, faute de moyens, mais sont plus solvables pour les crédits à l'investissement et sont plus crédibles pour le remboursement des dettes
"En provoquant ainsi le «sentiment religieux de la sacralité», BCE fait semblant de tempérer en rusant sur la constitution d'une commission ad-hoc pour «évaluer et proposer» les réformes éventuelles, sur la politique des étapes chère à Bourguiba"
b) C'est une question «humaine» et civile et nullement divine. En provoquant ainsi le «sentiment religieux de la sacralité», BCE fait semblant de tempérer en rusant sur la constitution d'une commission ad-hoc pour «évaluer et proposer» les réformes éventuelles, sur la politique des étapes chère à Bourguiba (doucement mais irréversiblement) et sur la relativité des nombres (la proportion minimale des purs et durs) ... Mais il assène le coup en évoquant le parallèle avec la Turquie kémaliste et laïque que l'islamisme erdoganesque, pris pour modèle, n'a pas pu effacer ni faire disparaître. On ressent alors que le bras de fer avec l'islamisme ghannouchien est engagé et se fonde sur 3 alternatives :
1) On ne le fera peut-être pas parce que vous vous y opposez et il va falloir vous en expliquer, découvrant ainsi votre vrai visage de parti rétrograde et radical.
2) On le fera par la force et vous n'oserez pas vous y opposer car vous serez en contradiction avec vos propres modèles et votre discours.
3) On le fera avec votre collaboration et assentiment et l'on vous accueillera alors comme un parti «civilisé» prêt à faire des concessions sur lesquelles vous ne reviendrez pas.
"L'égalité dans l'héritage n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, mais il constitue le summum des lignes rouges tracées par les forces réactionnaires phallocrates pour qui l'argent est le moteur de la puissance qui permet d'asservir les plus faibles, dont la femme"
L'égalité dans l'héritage n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, mais il constitue le summum des lignes rouges tracées par les forces réactionnaires phallocrates pour qui l'argent est le moteur de la puissance qui permet d'asservir les plus faibles, dont la femme. Piétiner cette ligne et menacer de la franchir est un angle d'attaque intelligent pour retourner l'argument « religieux » contre son propre utilisateur. Les outils juridiques peuvent actionner les mécanismes pour la supériorité des lois sur toute autre considération.
"Et là, BCE ne tergiverse pas mais ordonne en se posant garant de la Constitution de par sa position et en évitant la multiplicité des lectures et son détournement selon les intérêts des uns et des autres"
c) L'autre angle d'attaque est la fameuse circulaire 73 qu'il faut carrément supprimer car en contradiction avec la Constitution (liberté de conscience et de culte). Et là, BCE ne tergiverse pas mais ordonne en se posant garant de la Constitution de par sa position et en évitant la multiplicité des lectures et son détournement selon les intérêts des uns et des autres.
d) La femme rurale, bien plus fragile que la citadine et cible privilégiée de l'islamisme, doit être aidée par l'amélioration de ses conditions de vie et de rémunération. Et là, BCE s'attaque au vivier électoral de la nahdha en détournant les espoirs vers ce qui pourrait être durable plutôt que l'attente d'un hypothétique couffin d'aide en période électorale. C'est insuffisant bien sûr, mais le ciblage est intelligemment orienté.
– La démocratie, non encore instaurée car des forces rétrogrades la freinent, est synonyme de chaos pour sa mauvaise interprétation et sa mauvaise utilisation, surtout en l'absence d'un Etat de droit (il reconnaît que l'Etat de droit ne fonctionne pas encore faute de volonté et d'intérêts convergents).
"BCE se réapproprie la diplomatie, privilège de la fonction présidentielle, et adresse des avertissements sévères à ceux qui exercent une diplomatie parallèle divergente avec les intérêts supérieurs de l'Etat"
– BCE se réapproprie la diplomatie, privilège de la fonction présidentielle, et adresse des avertissements sévères à ceux qui exercent une diplomatie parallèle divergente avec les intérêts supérieurs de l'Etat. Il évoque le cas des parlementaires qui se sont rendus en Syrie, mais il ne fait que détourner l'attention pour pointer le doigt accusateur vers Ghannouchi en personne et le ramener à sa juste valeur de chef de parti qui, en aucun cas, ne doit engager l'Etat tunisien dans ses positions politiques et diplomatiques.
"L'affaiblissement de ces derniers ne fait que se répercuter sur la branche tunisienne, de plus en plus isolée et acculée à revoir ses soutiens"
Et en parlant de la Syrie (il est impossible que les délégations parlementaires et syndicales n'aient fait le voyage en Syrie sans son consentement tacite et même son aide), BCE nous informe implicitement que la reprise des relations diplomatiques est compromise par les menaces claires de l'assassinat de l'ambassadeur, risque qu'il ne veut pas assumer. Il laisse le temps faire, surtout que les islamistes (branche des frères musulmans) en Syrie se font écraser et sont de plus en plus lâchés. L'affaiblissement de ces derniers ne fait que se répercuter sur la branche tunisienne, de plus en plus isolée et acculée à revoir ses soutiens.
"Les «regrets» de BCE de ce qu'il a contribué à faire (en blanchissant les islamistes tunisiens de leur passé sanglant) sonnent comme un aveu de l'erreur fatale d'avoir permis à Ghannouchi d'être un partenaire qui devait gagner en crédibilité…"
– L'ego de BCE le ramène souvent vers le fameux G8 de 2011 et la rencontre avec Obama, sauf que cette fois, il nous dit qu'il a sauvé la Tunisie du scénario sanglant du «printemps arabe» et qu'il a parié sur un début de «printemps tunisien» en mettant l'accent sur l'exception tunisienne avec ses jeunes « instruits » et sa femme libérée. Les aides promises mais qui ne sont pas venues prouvent que la démocratie était le moindre souci des pays développés et que l'expérience islamiste devait être tentée dans un pays à petite échelle géographique et démographique. Les «regrets» de BCE de ce qu'il a contribué à faire (en blanchissant les islamistes tunisiens de leur passé sanglant) sonnent comme un aveu de l'erreur fatale d'avoir permis à Ghannouchi d'être un partenaire qui devait gagner en crédibilité mais qui, en fin de compte, n'a été qu'un frériste qui a contribué à discréditer le pays, l'Etat et l'Islam. L'estime dont jouit encore la Tunisie n'est due qu'aux acquis de l'indépendance préservés grâce au combat des Tunisiens et Tunisiennes et qui ne peuvent qu'être le socle de l'avenir. BCE nous dit ainsi que l'islamisme n'est qu'une parenthèse dans notre histoire et l'on doit s'apprêter à la refermer en pariant sur la femme.
"BCE nous dit ainsi que l'islamisme n'est qu'une parenthèse dans notre histoire et l'on doit s'apprêter à la refermer en pariant sur la femme"
C'était un décryptage sommaire du discours de BCE comme je l'ai compris (à tort ou à raison) ou comme je souhaiterais le comprendre (à tort ou à raison). Mais je suis sûre d'un point : la lune de miel avec Ghannouchi et ses sbires est bel et bien finie. Les conditions internes et externes font que cette «union» devient nocive et c'est au plus fort de tirer la couverture vers lui. Dans l'état actuel des choses, BCE nous dit que son clan et son choix sociétal sont en position de force."
* Le titre et les pavés sont de la rédaction.


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