Douze ans après Barcelone, le projet EuroMed semble bel et bien essoufflé, et nous attendons de voir comment l'Union pour la Méditerranée pourrait prendre le relais pour construire un partenariat Sud-Nord durable, équitable et éco-responsable. Sans s'attarder sur les raisons qui ont affecté le précédent programme, voulu pourtant à l'origine comme un projet de co-développement, nous rappellerons 3 causes qui nous apparaissent comme failles critiques dans la conception du projet, à éviter absolument dans la nouvelle formulation pour réussir: 1) L'initiative EuroMed a traduit essentiellement la vision du Nord, celle en particulier d'éviter le développement d'une ceinture de pauvreté sur ses flancs Sud et Est de la Méditerranée.
2) La disproportion entre les parties, d'un côté, une Union européenne de près de 500 millions d'habitants et représentant près du tiers du PIB mondial avançant en rang serré avec des institutions fédérales représentatives traitant individuellement avec des pays dont la taille varie entre 2 et 80 millions d'habitants et rarement dépassant le 1/5ème du PIB par habitant de la rive nord.
3) La relégation de la société civile et du secteur privé des deux parties à un rôle d'objet des accords et non pas d'acteurs principaux des accords.
Lors du Symposium Méditerranéen organisé par le CJD, et tenu à Tunis en février 2007, quelques semaines avant le lancement de l'idée d'une Union Méditerranéenne par M. Nicolas Sarkozy, fraîchement élu président de la République Française, le CJD Tunisie avait déjà relancé le débat sur l'intégration régionale et l'a placé à un autre niveau, celui de la société civile et des acteurs économiques. Cette vision défendue par les jeunes dirigeants tunisiens a été accueillie positivement aussi bien par les JD du Sud comme du Nord de la Méditerranée, venus en grand nombre au symposium de Tunis. L'idée de départ reposait sur deux fondamentaux: la Méditerranée comme zone de confluence à prospérer (titre du symposium), et une communauté de Destins qui coule de source, non seulement grâce à la proximité culturelle, mais surtout vu les défis communs que les riverains Sud et Nord de la Méditerranée ont à affronter ensemble, tels que l'eau, l'énergie et l'environnement.
Entre-temps, l'invitation par la France à l'adresse de l'ensemble des pays méditerranéens de prendre en charge leur communauté de Destin, et investir davantage sur le développement durable de leur région, est arrivée, et elle s'est vite trouvée en interférence avec d'autres desseins européens, ceux de l'Allemagne notamment, qui a eu peur de perdre sa position de partenaire historique de la Méditerranée.
Aujourd'hui, le projet méditerranéen se construit grâce au dialogue, et en particulier la concertation et le consensus entre chefs d'Etat. Nous espérons qu'à la vision EuroMed, qui s'est articulée autour du triptyque : Liberté, Paix et Sécurité, nous verrons une Union de la Méditerranée s'appuyant sur une vision plus universelle et plus humaniste, qui reposerait plutôt sur Liberté, Paix et Prospérité.
Raviver la flamme de la Méditerranée en offrant à tous la possibilité de travailler et de bâtir ensemble un avenir meilleur. Une zone où l'exploité n'existe pas, où il n'y a pas de laissé-pour-compte. Une zone où le progrès et le savoir sont partagés, une zone où on se déplace librement où l'on échange les richesses dans le respect de l'Homme et son environnement, une zone où le développement équitable est le fondement du bien-être et de la longévité. Le co-développement est une source infinie d'inspiration et de richesse dans laquelle les échanges et la communion dépassent les vieux clichés.
Une prospérité qui se préserve est une prospérité qui se construit.
Les Jeunes Dirigeants continueront à se mobiliser et à travailler avec l'ensemble des parties pour une convergence des intérêts, un alignement des stratégies de croissance afin de réaliser une prospérité durable et partagée en Méditerranée.