La concurrence entre la France et l'Italie, dans bon nombre de secteurs, en Méditerranée d'une façon générale et en Tunisie en particulier, n'est pas une donnée nouvelle. Texmed en a apporté une nouvelle illustration dans son édition 2008 qui s'est tenue récemment. Venus en grand nombre à ce messe annuel du textile national et international, les représentants du textile français semblaient un tant soit obnubilé par la montée en puissance de l'Italie dans ce secteur. Certes, avec près du tiers des 1.200 entreprises opérant en Tunisie actives dans le textile, la France est le premier investisseur étranger dans ce secteur et son premier client, avec 1 milliard d'euros d'importations en 2007. Elle contribue également beaucoup à l'amélioration des performances, via la formation d'une bonne partie des entreprises du secteur et l'assistance technique. En effet, ainsi que le rappelle M. Néjib Karafi, directeur général du CETTEX (Centre Technique du Textile), plus de 90% de nos ingénieurs sont formés en France et celle-ci assure plus de 80% de l'assistance technique dont bénéficie notre pays dans cette industrie.
Il était donc tout à fait naturel que la France, invité d'honneur de Texmed 2008, s'y fasse fortement représenter, en l'occurrence par les dirigeants des principaux organismes du secteur (Lucien Devaux, délégué général de l'Union des Industries Textiles, Freddy Marcy, co-président de l'Union Française des Industries de l'Habillement, Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement et Gildas Minvielle, directeur de l'Institut Français de la Mode), et une quinzaine d'entreprises venues de l'Hexagone (Cote & Maille, CTC Groupe Chomarat, Decouvelaere SA, Dentelles MD, Deveaux SA, Gauthier Fils, International Textiles Corporation, Jaltex SAS, JCR Groupe SAS, Jean Bracq SAS, Lectra, Passementerie Coutier, PB2C Sarl Modastyle, Roger Lesage SA, et Soieries Chambutaires, Lycée de la Mode Cholet, et Lycée la Calade), en plus d'une dizaine d'autres sociétés françaises déjà installées dans le pays.
Ce salon a été pour la France moins une occasion de célébrer ce leadership que de défendre une position de plus en plus menacée par un concurrent qui est en train de consolider ses positions en Tunisie : l'Italie. Deuxième client mais premier fournisseur (de tissue) de l'industrie textile tunisienne, devant la France, l'Italie est en train d'augmenter sa part les exportations (notamment de vêtements maille) de ce pays (20% en 2007, contre 9% en 2006 et 5% en 2005), et d'investir en Tunisie plus que la France, notamment dans le tissage et le finissage.
En effet, une nouvelle vague d'investissements italiens dans ces branches déferle depuis près de deux ans en Tunisie. Elle est le fait notamment de grands noms du textile-habillement italien, déjà installés en Tunisie comme Benetton et du groupe Niggeler & Kupfer, ou qui sont en train d'y prendre pied, à l'instar du groupe Martinelli Ginetto.
Mais la France a une chance de maintenir l'écart, à défaut de le creuser : les Tunisiens, comptent sur leur partenaire français pour les accompagner dans une diversification dans les vêtements intelligents et techniques. «Nous souhaitons que la coopération bilatérale accompagne la Tunisie dans cette évolution», clame le directeur général du CETTEX.