Alors que l'ambiance est plutôt à la morosité, le football tunisien continue de faire monter les enchères à coups de centaines de millions. Si les clubs sportifs américains et européens sont touchés, ne serait-ce que par ricochet par la crise économique internationale, au niveau tunisien, c'est une tout autre paire de manche. La dernière affaire en date, celle du transfert de Khaled Korbi, le jeune joueur appartenant à l'origine au Stade Tunisien, a suscité une avalanche de commentaires, sur la place publique. L'équipe du Bardo aurait été prête à verser la bagatelle de 2 millions deux cent mille dinars pour garder son footballeur. Celui-ci affirme pourtant vouloir aller à l'Espérance, «dédaignant» le pont d'or, avec, à la clé, un salaire mensuel progressif de 5.000 dinars la première année, 10.000 dinars la deuxième, pour atteindre les 20.000 dinars la troisième année. Le président stadiste, Mohamed Derouiche, aurait-il perdu le sens de la mesure ? D'autant plus que le joueur en question, aussi doué soit-il, ne compte aucune sélection en équipe nationale. A moins que Certains analystes ont cru entrevoir une lutte à couteaux tirés entre Hamdi Meddeb, le président de l'Espérance Sportive de Tunis (et accessoirement PDG de Délice-Danone) et Moez Driss, le sémillant homme d'affaires de la perle du Sahel, et président du club étoilé. En somme, l'univers impitoyable de Dallas transposé en Tunisie, sur gazon. Puisque le combat des chefs a commencé depuis que notre football s'est professionnalisé. Le Club Sportif Sfaxien a même été dirigé par un expert-comptable, M. Slahedine Zahaf. La gestion de l'effectif, ressource essentiel du club, a ainsi bénéficié du savoir-faire financier de ses dirigeants. Plus discrets, ils savent que pour faire de bonnes affaires, il faut respecter l'antique règle commerciale. Acheter à bas prix (en ne ménageant pas efforts de recherche), et revendre cher. Gageons que la tradition (bien sfaxienne) sera respectée, par son successeur désigné, M. Moncef Sellami. Une chose est sûre. Nos clubs de foot sont bel et bien dirigés par des hommes d'affaires. Qui ne font pas que du mécénat. Ils y gagnent en visibilité, en notoriété. Des mauvaises langues ont même tendance à affirmer que le football, ça peut toujours servir. Qu'on ne s'y trompe pas. Le football, c'est aussi devenu un business. Et vu les sommes échangées, il attire toute sorte d'aigrefins, d'agents qui se consacrent exclusivement aux transferts de joueurs. Les courtiers du mercato, la bourse d'échanges aux footballeurs, vit ses beaux jours. Un journaliste spécialisé dans les «affaires» souvent fumeuses de notre football affirmera que «les articles de presse servent souvent à faire monter les enchères. Des informations sont même parfois fabriquées de toute pièce, mises en scène, pour permettre aux clubs et à certains agents de mieux tirer leur épingle du jeu». En somme, la même démarche que certaines entreprises multinationales suivent, en distillant à bon escient de pseudo-fuites, pour faire monter le cours de leurs actions boursières. En somme, autour du stade, on ne mouille pas uniquement le maillot.